Les Tunisiens votaient hier pour les premières législatives depuis la révolution de 2011. Un peu moins de 5,3 millions d'électeurs sont convoqués aux urnes pour désigner leurs 217 députés. Ce scrutin sera suivi d'une présidentielle le 23 novembre. Les bureaux de vote ont ouvert leurs portes à 07H00. Devant un bureau du centre-ville de Tunis, rue de Marseille, des dizaines de personnes faisaient la queue dans la rue à l'heure de l'ouverture du vote afin d'être parmi les premiers à glisser un bulletin dans l'urne. Les bureaux de vote devaient fermer à 18h00. Deux formations partent favorites: les islamistes d'Ennahda, au pouvoir de début 2012 à début 2014, et leurs principaux détracteurs séculiers, Nidaa Tounès, une formation hétéroclite rassemblant aussi bien d'anciens opposants au dictateur déchu Zine El Abidine Ben Ali que des caciques de son régime. Mais une multitude d'autres listes sont en lice.
Parlement fragmenté Le mode de scrutin - la proportionnelle au plus fort reste - favorisant les petites formations, les principales forces politiques ont souligné qu'aucun parti ne sera à même de gouverner seul. Quelque 80 000 policiers et militaires ont été déployés, selon les autorités, pour assurer la sécurité du scrutin, notamment en raison de craintes d'attaques djihadistes.
Dernier espoir du Printemps arabe La Tunisie fait figure de dernier espoir de transition démocratique réussie parmi les pays du Printemps arabe qui pour l'essentiel ont basculé dans le chaos ou la répression. En octobre 2011, l'élection de l'Assemblée constituante, remportée par les islamistes d'Ennahda, avait été le premier scrutin libre de l'histoire du pays. Mais le vote de dimanche est crucial, car il doit enfin doter la Tunisie d'institutions pérennes près de quatre ans après le soulèvement de janvier 2011 qui donna le coup d'envoi au printemps arabe. La nouvelle constitution, adoptée en janvier, accorde de larges pouvoirs au Parlement et au gouvernement, et des prérogatives restreintes au chef de l'Etat.
2 396 observateurs locaux Le pole civil de développement et des droits de l'homme a annoncé la mobilisation de 2 396 observateurs locaux répartis sur 27 circonscriptions électorales et une circonscription en Suisse. Les observateurs ont été sélectionnés parmi des militants au sein des associations opérant dans le cadre du pole et dont le nombre est d'environ 260 associations. Intervenant samedi lors d'une conférence de presse, le secrétaire général du pole, Chedly Ouni, a précisé que 81 formateurs ont été formés à l'échelle régionale. La formation a été assurée par une équipe d'experts en élections, titulaires de certificats de formation reconnus à l'échelle internationale du centre Carter et l'Institut national démocratique. Les formateurs régionaux ont assuré 120 sessions de formation au profit des observateurs déployés par le pole dans les différentes circonscriptions et délégations. "Le vote en Tunisie va commencer le 26 octobre à 07H00 et se poursuivra jusqu'à 18H00 sans interruption", a annoncé l'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE). Selon un communiqué rendu public, samedi, par l'ISIE, les électeurs doivent vérifier leur bureau de vote et leur rang sur les listes électorales, afin de faciliter l'opération de vote, rappelant que tout électeur ne pourra voter que dans le bureau où il est inscrit. " L'électeur peut vérifier gratuitement son inscription en introduisant son numéro de carte d'identité ou passeport sur la plate-forme touenssa.isie.tn pour les Tunisiens résidant à l'étranger ou en composant *195*CIN# pour les électeurs en Tunisie ", ajoute le communiqué. L'Instance tient aussi à rappeler qu'il n'y aura pas d'inscription automatique pour les élections législatives et présidentielle 2014, et ce conformément à la loi électorale qui exige l'inscription volontaire en 2011 ou en 2014 pour pouvoir voter.