Les cours du pétrole ont fini en nette baisse avant-hier, pénalisés par un regain de vigueur du dollar et par des craintes sur la demande après des prévisions jugées inquiétantes de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en décembre a reculé de 77 cents, à 77,91 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour même échéance a fini à 82,86 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en baisse de 9 cents par rapport à la clôture de la veille. "Le WTI a encore nettement baissé, ployant notamment sous le poids d'un regain de force du dollar dans la foulée de commentaires de la BCE", la Banque centrale européenne, a relevé Carl Larry, analyste chez Frost and Sullivan. Le président de la BCE, Mario Draghi, a indiqué jeudi que l'institution étudiait de nouvelles mesures d'aide à l'économie de la zone euro, plombant la devise européenne et faisant grimper le dollar par ricochet. Or, un billet vert plus fort tend à plomber la demande en brut, rendant plus chers les achats de la matière première pour les acheteurs munis d'autres devises. D'autre part, "la baisse des perspectives de demande en brut en provenance de l'Opep", dans un rapport annuel du cartel publié jeudi, "et la reconnaissance par le cartel d'un environnement de très forte abondance en plein essor du pétrole de schiste aux Etats-Unis" ont accentué le recul des prix, a ajouté John Kilduff, de Again Capital. Le cartel prévoit désormais "une baisse de la demande pour son pétrole à un plus bas en 14 ans de juste 28,2 millions de barils par jour en 2017, plus de 2 millions sous la production actuelle", a précisé Ole Hansen, analyste chez Saxo Bank. Le brut de l'Opep doit rivaliser avec le reste de l'offre mondiale, qui augmente sensiblement, notamment en Amérique du Nord. Depuis la crise financière de 2008, lorsque la production américaine avait chuté, l'offre des Etats-Unis, sur un rythme hebdomadaire, a plus que doublé. Le boom de la production de pétrole issu du schiste aux Etats-Unis force notamment les fournisseurs du premier consommateur mondial d'or noir à trouver d'autres débouchés sur un marché mondial déjà bien approvisionné. Les douze pays membres de l'Opep doivent se réunir le 27 novembre à Vienne pour discuter de leur objectif commun de production, fixé à 30 millions de barils par jour depuis fin 2011. En Asie, les cours du pétrole étaient en hausse dans les échanges matinaux après avoir dégringolé, revigorés par une hausse moins forte que prévu des stocks de brut américains. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en décembre prenait 21 cents, à 78,89 dollars tandis que le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison à même échéance gagnait 21 cents, à 83,16 dollars. Les cours ont connu "un certain répit" grâce au rapport du département de l'Energie américain (DoE), a commenté Sanjeev Gupta, chef du secteur pétrolier et gazier pour l'Asie-Pacifique chez le consultant EY.