La révision de l'allocation touristique annoncée par les pouvoirs publics relèverait-elle du vœu pieux ? C'est à cette question que le ministre des Relations avec le Parlement, Khelil Mahi, a répondu, avant-hier à Alger. Pour le ministre, la révision de l'allocation touristique "relève des prérogatives de la Banque d'Algérie".
M. Mahi qui répondait au nom du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, à une question orale d'un membre du Conseil de la nation, a souligné que la révision de l'allocation touristique "relève des prérogatives du gouverneur de la Banque d'Algérie", ajoutant que cette question avait été soulevée à maintes reprises, notamment à l'Assemblée populaire nationale (APN). Le ministre a rappelé que "l'Algérie avait adopté les dispositions de l'article 8 des statuts du Fonds monétaire international (FMI) à travers le parachèvement de la conversion du dinar, ajoutant que la conversion progressive a été adoptée tout en respectant l'évolution de la situation financière externe, notamment pour ce qui est de la balance des paiements extérieurs". Il a expliqué que la conversion du dinar, dans le cadre des transactions internationales concernant les biens et les services, "est en augmentation, eu égard à la forte hausse des importations, ce qui impacte la balance des paiements extérieurs". Il a ajouté que "la chute des cours de pétrole en 2014 et son impact sur le déficit de la balance des paiements extérieurs, entravent l'objectif d'approfondir cette conversion au profit des ménages", sachant que la Banque d'Algérie élaborait actuellement une étude sur ce sujet. "En fonction de l'évolution de la balance des paiements extérieurs, la Banque d'Algérie procédera à l'évaluation nécessaire et prendra les mesures adéquates concernant les conversions relatives aux soins, aux études et aux voyages à l'étranger", a-t-il indiqué. "L'élargissement des transferts courants du dinar au profit des ménages doit se faire en fonction de la pérennité de la balance des paiements extérieurs du pays à moyen terme", a-t-il conclu. A titre de comparaison, le droit de change est établi à 2400 euros annuellement pour nos voisins tunisiens et à 1800 euros pour nos voisins marocains. La législation en matière de change est à ce titre rigoriste en Algérie. L'allocation touristique a été instituée du temps du président Houari Boumediène et a été fixée à 320 francs français avec autorisation de sortie. Elle fut ensuite fixée à 200 dollars US en traveller's chèque du temps du président Chadli Bendjedid qui avait alors supprimé les autorisations de sortie pour les voyages à l'étranger. Celui-ci a dû, dès le milieu des années 1980, réduire ce droit de change à une allocation biennale à cause du retournement du marché pétrolier et des difficultés que rencontrait l'Algérie à l'époque. Ce n'est qu'en 1997 que le plafond du droit de change a une nouvelle fois été revu. L'instruction n° 08-97 du 28 août 1997 de la Banque d'Algérie sert depuis de base pour la fixation de l'allocation touristique, la détermine à l'équivalent en devises de 15 000 DA annuellement pour un adulte et à la moitié pour un enfant. Un droit de change qui n'est d'ailleurs pas cumulable d'une année à l'autre. Cette base de calcul a été établie dans une conjoncture financière particulière pour l'Algérie où les réserves de change couvraient à peine 3 mois d'importations et où la balance des paiements était loin de l'équilibre. Toutefois, la situation a bien changé depuis, puisque l'Algérie se targue aujourd'hui de disposer de 200 milliards de dollars de réserves de change et d'une balance des paiements excédentaire. Une révision de l'allocation touristique, qui ne correspond plus à la conjoncture actuelle, semble nécessaire, même si du côté de la Banque d'Algérie, on avertit quant à la fragilité de la balance des paiements dont les excédents sont assis sur la seule ressource des hydrocarbures. Selon l'autorité monétaire, il faudrait toujours prendre en considération le risque d'un retournement du marché pétrolier.