Le ministre des Finances, Karim Djoudi, a reconnu hier la perte du pouvoir d'achat du dinar ces derniers mois. A l'occasion de la présentation du projet de loi de finances pour 2014 devant l'Assemblée populaire nationale, et bien qu'il ait tenté tant bien que mal de limiter l'impact de la baisse de la valeur de la monnaie nationale, il a expliqué que la Banque d'Algérie a décidé de baisser de 10% la valeur de la monnaie nationale face au dollar et à l'euro en raison de l'impact de l'inflation, qui avait atteint en 2012 un taux de 8,9%. Tout en affirmant que cette baisse ne peut être nommée dévaluation mais qu'il s'agit simplement de «dépréciation», le premier argentier a estimé qu'avec la réduction du rythme de l'inflation (dont le taux a atteint 4,1% en septembre dernier) et le resserrement de l'écart entre l'inflation enregistrée en Algérie et celle notée dans les pays industrialisés, le dinar devrait se redresser et retrouver des couleurs. Un rattrapage sera donc entrepris pour freiner le glissement de sa valeur, qui n'est pas sans impact sur le pouvoir d'achat des ménages. Exit donc les commentaires concernant une hypothétique volonté des autorités monétaires de réduire les importations par ce mécanisme ou encore la possibilité de voir cette «dépréciation» alimenter de nouveau une inflation galopante.En tout état de cause, le ministre, qui a passé hier l'examen de l'hémicycle, a dû s'expliquer, au cours de sa présentation, sur de nombreux sujets, notamment ceux liés aux équilibres budgétaires, d'autant que l'évolution de l'économie mondiale ne laisse pas de champ à beaucoup d'optimisme. Karim Djoudi, qui a rappelé le ralentissement ayant frappé les économies émergentes et la récession qui menace la zone euro, a évoqué l'impact de la situation sur des marchés perturbés, lesquels risquent de se retourner à tout moment. L'Algérie, dont les revenus dépendent essentiellement du pétrole, a ainsi vu ses recettes reculer de 6 milliards de dollars au cours des huit premiers mois de l'année en raison notamment d'un recul de 2% du volume de pétrole produit ainsi que de 10% du niveau des prix. Associé à une hausse continue des importations, le solde de la balance commerciale est grevé de 10 milliards, ce qui pourrait mettre à mal, à la clôture de l'exercice, la balance des paiements ainsi que l'accumulation des réserves de change. Quoi qu'il en soit, l'optimisme est de mise pour le ministre, qui met en avant l'amélioration des indicateurs économiques au niveau interne, notamment grâce au recul de l'inflation. Aussi, quel que soit le déficit, l'Etat s'engage une nouvelle fois sur la voie de la dépense. Le ministre a ainsi indiqué que si l'élaboration du budget de l'exercice 2014 prend en compte la nécessaire rationalisation de la dépense, il n'en demeure pas moins que l'Etat doit honorer ses engagements. Des engagements en matière de révision des régimes indemnitaires, notamment au profit du secteur de la santé, mais doit aussi engager des dépenses de fonctionnement en rapport avec la réception de nouveaux équipements achevés. Pour finir, le ministre met en avant les vertus de la nouvelle loi en ce qui concerne l'encadrement du commerce extérieur, notamment l'activité de concessionnaire automobile et d'importateur de métaux précieux. Des dispositions qui ont largement été commentées dans le rapport de la commission des finances et du budget de l'APN. A ce titre, l'essentiel des amendements proposés à ce jour portent sur les dispositions fiscales, telles l'exonération de droits d'enregistrement dans le cadre de donations entre ascendants et descendants, la révision de l'allocation tourisme et l'ouverture des bureaux de change.