Wahid Bouabdallah connaît bien le dossier à l'origine de la saisie, vendredi 12 décembre, de l'avion d'Air Algérie à Bruxelles. Il était P-DG de la compagnie nationale lors de l'attribution, le 6 juillet 2008, du contrat à la société néerlandaise K'AIR BV, dirigée par Hamid Kerboua, un binational vivant aux Pays-Bas. Le marché, d'un montant de 10 millions de dollars, concerne la vente d'appareils réformés destinés à être découpés et vendus en pièces détachées, raconte Wahid Bouabdallah à TSA. " Mais la société néerlandaise n'a pas respecté ses engagements ", affirme-t-il. K'AIR BV devait découper une dizaine d'avions. Mais après avoir commencé le travail, " elle n'a pas réussi à mettre en place les financements nécessaires pour l'exécution du contrat ". " Les dirigeants de K'AIR BV ont alors proposé de vendre une partie des pièces récupérées sur les appareils découpés pour pouvoir se financer. Nous avons refusé ", ajoute M. Bouabdallah.
Une caution de 2 millions de dollars Selon lui, la procédure de résiliation du contrat a débuté avant la nomination de Salah Boultif à la tête d'Air Algérie, en 2011. En réponse, K'AIR BV a exigé la restitution d'une caution de 2 millions de dollars qu'elle avait déposés au moment de l'obtention du contrat. Mais Air Algérie avait refusé. K'AIR BV a alors saisi un tribunal d'arbitrage qui lui a donné gain de cause. Wahid Bouabdallah affirme ignorer comment le dossier a été géré après son départ. Il sait seulement que la commission qui était chargée du suivi du dossier a été dissoute par son successeur.
Les ambassadeurs de Belgique et des Pays-Bas convoqués au MAE Par ailleurs, les ambassadeurs de Belgique et des Pays-Bas à Alger, respectivement M. Fréderic Meurice et Mme. Willemijn van Haaften, ont été convoqués au ministère des Affaires étrangères suite à la décision d'empêcher un avion d'Air Algérie de décoller de l'aéroport de Bruxelles, a indiqué un communiqué du ministère. "M. Fréderic Meurice, ambassadeur du Royaume de Belgique à Alger, et Mme Willemijn van Haaften, ambassadeur du Royaume des Pays-Bas à Alger, ont été convoqués, ce jour, au ministère des Affaires étrangères, où ils ont été reçus, séparément, par le secrétaire général, Abdelhamid Senouci Bereksi", a souligné la même source. M. Bereksi a fait part aux deux diplomates de l'"étonnement" et de l'"incompréhension" des autorités algériennes suite à la décision d'empêcher un avion d'Air Algérie de décoller de l'aéroport de Bruxelles et de procéder à sa saisie. M. Bereksi a mis en exergue le fait que cette mesure a été prise au moment où les voies de recours "n'étaient pas épuisées et qu'une procédure était en cours au niveau du tribunal d'Alger qui a adressé une citation à comparaître à la société néerlandaise le 17 décembre courant". Il a regretté que cette mesure "grave" ait été prise en occultant la procédure en cours en Algérie engagée conformément à la loi et aux dispositions contenues dans le contrat liant les deux compagnies Air Algérie et K'AIR BV. Tout en informant les deux diplomates des motifs ayant présidé la décision de rappel pour consultation des ambassadeurs algériens à Bruxelles et à la Haye, M. Bereksi a exprimé le souhait que la mesure d'immobilisation de l'avion "soit immédiatement levée" avec le concours des autorités belges et néerlandaises, a conclu le communiqué.