La conférence convoquée par la Suisse sur le respect du droit international humanitaire (DIH) dans les territoires palestiniens s'est ouverte hier à Genève. La réunion se tenait à huis clos et a duré jusqu'en fin de matinée. "Nous sommes confiants que la communauté internationale va envoyer un signal fort à Israël lui demandant de respecter les Conventions de Genève", a déclaré l'ambassadeur de Palestine à l'ONU Ibrahim Kraishi avant d'entrer dans la salle. L'ambassadeur Paul Fivat, nommé par le Conseil fédéral en août dernier pour mener les consultations, dirige la délégation suisse. Les Etats membres des Conventions de Genève sont représentés au niveau des ambassadeurs. Ils doivent adopter une déclaration réaffirmant le DIH applicable dans les territoires palestiniens occupés, y compris Jérusalem-Est. Israël, de même que les Etats-Unis, le Canada et l'Australie, ne participent pas à la conférence. Les Palestiniens souhaitent qu'un mécanisme de suivi et de contrôle du respect du DIH soit mis en place dans le cadre de cette troisième conférence organisée par la Suisse comme Etat dépositaire des Conventions de Genève, après celles de 1999 et 2001. La Suisse avait repris fin juillet à la demande du président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas les consultations sur cette question. L'évaluation finale avait permis de constater qu'une "masse critique transrégionale d'Etats parties ont exprimé leur soutien" à la tenue d'une telle conférence, selon le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).
La résolution sera bien déposée à l'ONU La veille, John Kerry a rencontré Londres le négociateur en chef palestinien Saëb Erakat. Le chef de la diplomatie américaine gardait l'espoir de contenir la crise diplomatique en conseillant aux Palestiniens de ne pas déposer un projet de résolution en forme d'ultimatum contre Israël. Il n'a pas été entendu. "Nous envoyons demain notre projet au Conseil de sécurité de l'ONU", a déclaré Nimr Hammad, conseiller du président palestinien Mahmoud Abbas. Un autre haut responsable palestinien a confirmé la décision palestinienne après la rencontre entre Saëb Erakat et John Kerry, qui ne s'est visiblement pas bien passée. Lors d'entretiens "très longs et très difficiles", les Palestiniens ont dit au chef de la diplomatie des Etats-Unis, principal allié d'Israël, qu'ils ne renonceraient pas à leur projet de résolution, a rapporté sous couvert de l'anonymat ce haut responsable proche des discussions. "Nous comprenons tous qu'il y a de la frustration refoulée des deux côtés, nous connaissons tous le risque d'une escalade (des tensions), qui est constant et réel, et c'est pourquoi il est impératif de faire retomber la température", avait déclaré M. Kerry avant de rencontrer M. Erakat. Après avoir longuement rencontré le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à Rome, le secrétaire d'Etat américain espérait dissuader les Palestiniens de déposer dès mercredi, via la Jordanie, un projet de résolution devant l'ONU réclamant la fin de l'occupation israélienne dans un délai de deux ans. M. Kerry multiplie actuellement les entretiens en Europe pour tenter de relancer le processus de paix israélo-palestinien. Après une rencontre dimanche avec son homologue russe Sergueï Lavrov, il a eu lundi à Rome "une discussion longue et approfondie" de près de trois heures avec Benjamin Netanyahu "à propos de la sécurité d'Israël et des développements aux Nations unies". Pendant ce temps, la tension reste vive sur le terrain. Un Palestinien a été tué dans la nuit de lundi à mardi lors d'une opération de l'armée israélienne dans le camp de réfugiés de Qalandiya, près de Ramallah, en Cisjordanie. Une résolution devant l'ONU constitue "la dernière option qu'il reste à l'autorité palestinienne", souligne Abdel Majid Sweilem, analyste politique palestinien. Un veto américain est programmé.