Le ministre russe des Finances, Anton Silouanov, a défendu la solvabilité de la Russie, confrontée à sa pire crise monétaire en 15 ans, après l'avertissement de l'agence Standard & Poor's qui pourrait reléguer la note de sa dette en catégorie spéculative. Le pays est-il en capacité de rembourser sa dette extérieure dans un contexte où le baril est tombé autour des 60 dollars' "Sans aucun doute, nous avons d'importantes réserves de devises et d'or", a répondu M. Silouanov, cité par l'agence publique Ria-Novosti. L'or noir constitue avec le gaz la majorité des revenus budgétaires de la Russie, et il a perdu environ la moitié de sa valeur depuis cet été. La chute du rouble (-40% depuis le début de l'année) renchérit en outre nettement le remboursement des emprunts de la dette extérieure pour Moscou. S&P a placé mardi soir sous surveillance négative la note attribuée à la dette de la Russie, actuellement à "BBB-". Un abaissement d'un cran suffirait à faire passer la note dans la catégorie des placements "spéculatifs", au risque d'éloigner certains investisseurs de sa dette au moment où l'accès aux marchés est déjà compliqué par les sanctions occidentales. L'agence américaine observe "une rapide détérioration de la flexibilité monétaire de la Russie" vu l'évolution du cours du rouble et "des conséquences de sa faiblesse économique sur son système financier". M. Silouanov a expliqué que des contacts avaient lieu avec les agences pour "clarifier la situation économique". "Nous leur disons qu'effectivement, nous avons subi des ondes de choc sur le marché des changes, qu'effectivement le coût de l'emprunt augmente sur le marché interbancaire, mais il s'agissait d'un phénomène brusque et les conséquences s'atténuent", a ajouté le ministre. Après s'être effondré à des niveaux jamais vus la semaine dernière, le rouble est remonté ces derniers jours à son plus haut niveau en deux semaines, même s'il se repliait mercredi après l'annonce de S&P. L'euro valait vers 13H50 GMT/14h50 HEC 66,90 roubles contre 66,47 roubles mardi soir et le dollar 54,70 roubles contre 54,50 roubles. Placée en défaut de paiement en 1998, la Russie est désormais mieux armée, avec des budgets à l'équilibre ces dernières années, d'importantes réserves de devises accumulées grâce à dix ans de prix élevés du pétrole et une dette extérieure de moins de 15% de son produit intérieur brut. Certaines entreprises pourraient en revanche peiner à rembourser leurs crédits en devises et les autorités ont pris des mesures pour soutenir le secteur bancaire et assurer la stabilité financière.
Hausse des prix à la consommation La hausse des prix à la consommation en Russie, qui s'est considérablement accélérée récemment en raison de l'effondrement du rouble, a dépassé la semaine dernière les 10% par rapport au début de l'année, selon des statistiques officielles rendues publique. Sur la semaine du 16 au 22 décembre, qui a vu la monnaie russe subir un plongeon historique, les prix à la consommation ont augmenté de 0,9% par rapport à la précédente, a indiqué l'institut des statistiques Rosstat. Par rapport au 1er janvier, leur hausse atteint 10,4%, soit plus que l'estimation de 10% donnée début décembre par la Banque centrale pour l'ensemble de l'année 2014. L'inflation, qui avait ralenti en 2013 à 6,5%, est repartie en forte hausse cette année marquée par la crise ukrainienne et l'échange de sanctions entre Moscou et les Occidentaux. La chute de la monnaie a d'ores et déjà entraîné une flambée des prix pour les produits importés prisés de la classe moyenne des grandes villes, avec des hausses de 20% à 50% constatées pour l'électronique par exemple à Moscou. Mais le phénomène frappe aussi les ménages modestes: l'embargo décrété en août par la Russie sur la plupart des produits alimentaires européens et américains a nettement joué sur leurs prix. Par rapport au début de l'année, le poisson s'est renchéri de 20,5%, le fromage de 28,4%, le bœuf de 10,5%, le porc de 26,7%, les pommes de 22,3%, le chou de 44%, selon Rosstat. La banque centrale prévoit pour l'instant un pic d'inflation à 11,5% au début 2015 mais avec le choc de la semaine dernière, de nombreux économistes tablent désormais sur un pic à 15% voire 20%. Dans une note publiée mercredi, les économistes de la banque russe Alfa estiment que le phénomène provoquera une chute de 10% de la consommation l'an prochain et de 5% du produit intérieur brut.