La Russie est plombée par les sanctions occidentales, qui vont lui coûter plus de 30 milliards d'euros par an, et par la chute des prix du pétrole mais son économie devrait échapper à la catastrophe, estime le Kremlin. «Nous perdrons environ 40 milliards de dollars (32 milliards d'euros) par an en raison des sanctions géopolitiques», a affirmé le ministre russe des Finances, Anton Silouanov, cité par l'agence de presse TASS. La Russie est frappée depuis le printemps par une série de sanctions occidentales qui ont mené son économie au bord de la récession, provoquant notamment une chute de sa monnaie, le rouble, qui a perdu près du tiers de sa valeur face à l'euro. Ces sanctions, décidées par les Occidentaux en représailles à l'attitude de Moscou dans la crise ukrainienne, ont aussi provoqué une importante fuite des capitaux hors de Russie, a rappelé M. Silouanov, qui l'a estimée à 104 milliards d'euros. «Les sorties de capitaux viennent surtout de la conversion de l'épargne, en premier lieu par la population, dans une période où le cours du rouble est volatile», a-t-il assuré, alors qu'une chute de 10% du rouble début novembre a provoqué l'inquiétude des Russes, qui font aussi face à une inflation de plus de 8%. Pour autant, le ministre a estimé que les conséquences des sanctions n'étaient pas le premier danger menaçant l'économie russe.«Bien sûr, c'est important. Mais ce n'est pas aussi critique, même pour le budget, que (la baisse) des prix du pétrole», a-t-il affirmé. Selon lui, «la Russie perdrait par an 72 à 80 milliards d'euros par an à cause de la baisse de 30% du cours du pétrole». La Russie, dont les rentrées budgétaires dépendent à moitié du pétrole, avait établi son budget 2015 sur une prévision de prix du baril à 96 dollars. La Douma, chambre basse du Parlement, a du coup dû voter un budget déficitaire à 0,6% pour les années 2015-2017. D'après les économistes de la banque russe Alfa, une chute de 10 dollars du baril de pétrole coûtait 10 milliards de dollars au budget fédéral russe et 0,4 point de croissance du produit intérieur brut. Or le baril avait chuté en dessous de 80 dollars mi-novembre à Londres, pour la première fois depuis quatre ans, causant une véritable onde de choc dans les marchés financiers russes. Pour limiter l'impact de la chute des cours, Moscou a annoncé vendredi réfléchir à une éventuelle baisse de sa production de pétrole, à quelques jours de la réunion le 27 novembre de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) dont la Russie n'est pas membre. Dimanche, le président russe Vladimir Poutine a tenté de minimiser l'impact de la chute des cours du pétrole sur l'économie russe. «Ce n'est pas du tout un fait que les sanctions, la chute brutale des prix du pétrole, la dépréciation de notre monnaie nationale va mener à des résultats négatifs ou à des conséquences catastrophiques pour nous seulement. Rien de tout ça ne va arriver!», a-t-il martelé. «Est-ce que cela nous nuit? Partiellement mais pas fatalement», a jugé M. Poutine, qui estime que ces «efforts délibérés pour baisser les prix affecteront aussi ceux qui introduisent ces contraintes». Le président a évoqué une entente entre les Etats-Unis et l'Arabie Saoudite pour faire baisser les prix du pétrole. «Peut-être que les Saoudis veulent +tuer+ leurs rivaux», a-t-il lancé. «Beaucoup disent (...) que c'est fait exprès afin de faire couler l'économie russe». Mais selon le président, bien que les sanctions et les bas prix du pétrole mènent à une dépréciation du rouble, cela n'affecte pas tant que ça la Russie, dont «les revenus budgétaires ont augmenté, et non pas baissé». La croissance de la Russie devrait cependant s'établir à 0,3% en 2014 et à zéro en 2015, selon la Banque centrale, alors qu'elle a déjà ralenti à 0,7% en rythme annuel au troisième trimestre contre 0,8% au deuxième selon l'institut fédéral des statistiques Rosstat.