Les prix du baril de pétrole continuent leur chute. Une baisse qui réjouit les consommateurs et... dépite les exportateurs. Beaucoup de pays qui ont fondé leur économie sur la production de pétrole sont aujourd'hui contraints à la dévaluation ou à des coupes budgétaires pour endiguer les pertes importantes que la chute du baril fait peser sur les recettes fiscales. Toutefois, le gouvernement algérien ne cesse de rassurer les Algériens sur le sort de leur économie. Pour le ministre des Finances, Mohamed Djellab, la chute des prix du pétrole n'aura pas, à court terme, un grand impact sur l'économie algérienne. Ainsi, le ministre a indiqué que le gouvernement suit avec une "grande attention" mais avec "calme" l'évolution des cours pétroliers. A cet égard, il a assuré que la situation est, jusque-là, "maîtrisée". Dans son intervention pour répondre aux interrogations soulevées par des membres de l'Assemblée populaire nationale (APN) lors du débat sur la loi de règlement budgétaire pour l'année 2012, M. Djellab a indiqué que le gouvernement avait pris en compte "tous les scénarios possibles concernant la baisse des prix du pétrole, y compris les pires situations". A ce propos, il a souligné que "le gouvernement réagit avec calme face à la chute des cours du brut", et ce, grâce au confortement des agrégats financiers durant les dix dernières années tels le faible niveau d'endettement extérieur et des réserves de change importantes. Une telle situation, a-t-il poursuivi, permet à l'économie nationale de renforcer sa capacité de faire face aux chocs externes à long terme, mais tout en reconnaissant la "difficulté" de faire des prévisions exactes dans un tel domaine en se voulant pour preuve les prévisions du Fonds monétaire international (FMI) qui avait estimé, en octobre 2014, le prix du baril de pétrole algérien à 104,7 dollars pour le réviser à la baisse, un mois après, à 89 dollars puis 59,7 dollars en janvier en cours. A cet effet, a rappelé M. Djellab, le gouvernement a pris les mesures nécessaires pour rationaliser les dépenses publiques et réduire la facture des importations, permettant, selon lui, de réaliser les objectifs de croissance escomptés. Concernant les questions soulevées par des députés sur la LRB 2012, le ministre a indiqué que les observations de la Cour des comptes étaient bien prises en considération par son département ministériel lequel, a-t-il assuré, veille à mieux rationaliser la gestion des fonds publics. Il a, ainsi, fait savoir que son ministère visait, tel que préconisé par plusieurs membres de l'APN, à réduire l'année de référence de l'étude de la LRB à une année au lieu de trois (3) ans comme il se fait actuellement. Pour le volet fiscal, M. Djellab a affirmé que des mesures avaient été prises par l'administration fiscale afin d'améliorer le niveau des recouvrements, précisant que le problème se pose particulièrement pour les restes à recouvrir. A ce propos, il a fait savoir que sur 9.084 milliards de DA des restes à recouvrir en 2012, un montant de 6.711 mds de DA représente des amendes judiciaires, ce qui rend l'opération de recouvrement plus compliquée et plus lente. Concernant la réévaluation des coûts des projets, qui pèse sur les dépenses budgétaires, M. Djellab a soutenu que cela était dû à plusieurs facteurs tels la différence entre le coût de soumission et celui fixé par les bureaux d'études, ainsi que l'insuffisance du nombre des bureaux d'études et les avenants aux contenus des projets lors de leur réalisation. A ce titre, il a indiqué que des mesures avaient été prises par son ministère afin de limiter, voire supprimer ce dysfonctionnement qui obère les finances publiques, sachant que le montant des charges induites par la réévaluation des projets avait été ramené de 1.113 mds de DA en 2007 à 588 mds de DA en 2012, soit une réduction de 47%. En outre, le ministre a expliqué le retard dans la réalisation des projets par le manque du foncier et la bureaucratie dans sa gestion notamment. Quant à la question des postes vacants, estimés à 43.000 en 2012 selon le projet de LRB 2012, le ministre l'a expliquée par le manque de candidats (demandeurs d'emploi) dans certaines spécialités, le désistement de certains candidats après réussite au concours d'accès et les départs définitifs des postes (retraites, promotion, décès). Sur une question relative à l'importance du nombre des comptes d'affection spéciaux (CAS) du Trésor, M. Djellab a noté que son département avait entamé, dès 2010, une opération d'assainissement de ces comptes. Ce qui a permis de réduire leur nombre pour les passer à 75 en 2011 et à 67 en 2013 et à un objectif de 55 en 2015, relevant que des mesures ont été prises dans le cadre de la loi de finances 2015 visant à limiter le recours à ce type de compte et à clôturer et à assainir les comptes non utiles. Concernant le recours par l'Etat au Fonds de régulation des recettes (FRR) pour couvrir le déficit du Trésor, le ministre a rappelé que ce fonds, qui revêt le caractère de CAS, avait été créé, justement, pour cet objectif, c'est-à-dire la couverture du déficit du Trésor ainsi que pour le paiement par anticipation de la dette publique et du déficit induit dans l'exécution des lois de finances. Rappelant que le FRR est exclusivement financé par le surplus fiscal sur la base de la différence entre le prix de vente du pétrole et le prix du baril de référence fixé par la loi de finances, il a indiqué qu'en 2012, un seul prélèvement avait été effectué sur ce fonds pour couvrir le déficit du Trésor.