Dix Libyens et un Nigérien ont été tués mardi soir dans une attaque menée par des hommes armés contre un champ pétrolier du centre de la Libye, a annoncé jeudi le gouvernement parallèle à Tripoli, ajoutant que trois Philippins étaient portés disparus. Un précédent bilan annoncé mercredi par un commandant des gardes des installations pétrolières faisait état de 13 morts, dont cinq étrangers (2 Ghanéens et 3 Philippins). Dix Libyens et un Nigérien ont été tués dans l'attaque contre le champ al-Mabrouk exploité par une coentreprise dirigée par la Compagnie nationale de pétrole (NOC) et dans laquelle le groupe français Total détient des parts, a annoncé le ministre du Pétrole du gouvernement parallèle. Les assaillants ont pillé ce champ, où travaillent 57 employés dont 23 étrangers, et sont repartis avec véhicules et provisions, a précisé le ministre Mashallah al-Zwei dans une conférence de presse à Tripoli, où le cabinet parallèle est installé depuis début septembre. Le champ pétrolier d'Al-Mabrouk se situe à 170 km au sud de Syrte, une ville contrôlée par des groupes radicaux comme Ansar Asharia. Il produisait près de 40 000 barils par jour mais est à l'arrêt depuis décembre 2014, comme de nombreuses installations pétrolières du pays, en raison des violences et du fonctionnement ralenti des terminaux d'exportation. M. al-Zwei a ajouté que trois Philippins travaillant pour le compte d'une société d'ingénierie italienne (Sogepi) étaient porté disparus depuis l'attaque. De son côté, le ministère philippin des Affaires étrangères a indiqué dans un communiqué avoir reçu des informations selon lesquelles trois de ses ressortissants avaient été enlevés durant l'attaque. Mercredi, Hakim Maazzab, à la tête d'une force chargée de sécuriser les sites pétroliers dans cette région désertique, avait affirmé que huit Libyens, trois Philippins et deux Ghanéens étaient morts dans l'attaque. Depuis plusieurs jours, la Libye est le théâtre d'une série d'attaques revendiquées ou attribuées au groupe Etat islamique (EI). La plus spectaculaire a visé le 27 janvier l'hôtel Corinthia au coeur de la capitale libyenne, qui s'est soldée par la mort de neuf personnes dont cinq étrangers et a été revendiquée par l'EI. L'industrie pétrolière libyenne, autrefois lucrative, est durement affectée par l'anarchie dans le pays. Avant la révolte de 2011, la production s'élevait à plus de 1,5 million de barils par jour, représentant 95% des exportations du pays et 75% de ses revenus. Mais la production est tombée à quelque 350 000 barils par jour en décembre alors que Fajr Libya a lancé une offensive meurtrière pour s'emparer de terminaux pétroliers dans l'Est libyen. L'armée a repoussé cet assaut, qui a provoqué des incendies dans des réservoirs pétroliers au terminal d'Al-Sedra. La Libye est plongée dans le chaos avec deux gouvernements rivaux, l'un mis en place par une coalition de milices, Fajr Libya, qui s'est emparé de la capitale cet été, et l'autre reconnu par la communauté internationale et qui a dû s'exiler dans l'est du pays.