Les députés irakiens sunnites ont annoncé qu'ils suspendaient leurs activités au sein du Parlement, dominé par les chiites, en réaction à l'assassinat d'un chef tribal, attribué aux milices chiites secondant l'armée dans sa lutte anti-djihadistes. Le meurtre vendredi de cheikh Qassem Sweidan al-Janabi, un sunnite modéré connu pour œuvrer à la réconciliation entre sunnites et chiites, a réveillé la crainte d'une recrudescence des tensions confessionnelles, qui ont connu un pic au milieu des années 2000, faisant des milliers de morts. Le chef tribal ainsi que son fils et sept gardes du corps ont été abattus à Bagdad après avoir été enlevés dans une embuscade qui n'a pas été revendiquée. Un cousin du cheikh a blâmé les milices armées soutenues par une certaine partie du gouvernement, dans une référence apparente aux milices chiites appuyant les forces gouvernementales dans leur lutte contre les jihadistes du groupe Etat islamique, qui contrôlent des pans entiers du territoire irakien et sont également présents en Syrie. Un neveu du cheikh, le député Zeid al-Janabi, avait aussi été enlevé, avant d'être relâché. Les parlementaires sunnites se sont rassemblés samedi soir (...) et ont décidé de suspendre leurs activités, a annoncé un communiqué posté dimanche sur la page Facebook du chef du Parlement Salim al-Joubouri, lui aussi sunnite. Les députés, dont le bloc tient 73 des 328 sièges du Parlement, ont appelé à légiférer pour interdire les milices et criminaliser le confessionnalisme, lors de cette réunion qui portait notamment sur l'assassinat du cheikh Janabi, ajoute le texte. La député sunnite Nahida al-Daïni a confirmé le boycott entamé samedi soir par les parlementaires, précisant qu'ils avaient mis en place un comité pour négocier, dans un délai de quatre jours, avec les autres formations, y compris les députés chiites fidèles au Premier ministre chiite Haider al-Abadi. Ce comité cherchera à faire pression sur le Premier ministre pour contrer les milices et réduire la criminalité, a précisé un autre député, Ghazi al-Kuoud, décriant un gouvernement incapable de protéger ses citoyens. Le Premier ministre a dénoncé les assassinats et demandé à traduire les responsables en justice. Les ministres de l'Intérieur et de la Défense sont convoqués lundi devant les députés pour fournir des explications, selon le chef du Parlement. Nahida al-Daïni a assuré à ce sujet qu'en cas de présence effective d'un des deux ministres ou du chef du gouvernement, les parlementaires sunnites viendraient alors les questionner. L'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW) a dénoncé dans un communiqué dimanche plusieurs exactions commises par les milices chiites. Après avoir documenté en octobre des abus similaires, HRW a accusé des miliciens d'avoir enlevé, chassé de chez eux et tué des civils, appelant le gouvernement à maîtriser ces groupes. La contre-offensive face à l'EI doit commencer par la protection des civils (...) en particulier dans les régions où la population a souffert de l'occupation djihadiste, a réclamé Joe Stork, le directeur adjoint de HRW pour le Moyen- Orient.