Un attentat suicide revendiqué par les rebelles talibans a fait au moins 5 morts et 17 blessés mardi devant le quartier général de la police à Lahore, la grande ville de l'est du Pakistan, selon les autorités locales. Cette attaque confirme le regain actuel des attaques sanglantes des talibans à travers le pays, y compris cette fois à Lahore, fief du Premier ministre Nawaz Sharif. Elle a eu lieu à quelques mètres de l'entrée du QG de la police de la ville, dans le quartier central de Qilla Gujar. Les images des télévisions locales montraient une épaisse fumée noire s'échappant de plusieurs véhicules incendiés par l'explosion, et les policiers et services de secours évacuant les blessés. Plusieurs magasins alentour ont également été endommagés ou détruits. Cinq personnes ont été tuées - un policier et quatre civils - et 17 blessées, a déclaré à la presse Shuja Khanzada, ministre de l'Intérieur de la province du Pendjab, dont Lahore est la capitale. C'était un attentat suicide visant le quartier général de la police. Le kamikaze s'est fait exploser à l'extérieur, a-t-il ajouté. Ce bilan a été confirmé par la police locale, qui a également évoqué une attaque suicide. Il semble que le kamikaze ait voulu entrer dans le quartier général de la police, mais que son gilet (bourré d'explosifs) ait explosé prématurément, avait auparavant déclaré le chef de la police de la ville, Amin Wains. L'attentat a rapidement été revendiqué par le Jamaat Ul Ahrar, une faction des talibans du TTP, principal groupe rebelle islamiste du pays, allié à Al-Qaïda et principal auteur de la vague d'attentats qui a tué plus de 7 000 personnes au Pakistan depuis son émergence en 2007. Le TTP a dit avoir voulu ainsi venger la récente pendaison par les autorités de plusieurs de ses combattants condamnés à mort pour terrorisme. Nous voulons dire clairement aux autorités que nous vengerons le sang versé par des musulmans innocents, a déclaré son porte-parole, Ehsanullah Ehsan, dans un communiqué. Le TTP, un groupe extrémiste sunnite comme Al-Qaïda, avait revendiqué pour les mêmes motifs l'attaque de vendredi dernier qui a tué 22 membres de la minorité chiite rassemblés pour la grande prière hebdomadaire dans une mosquée de Peshawar, principale ville du nord-ouest. Les attaques du TTP et de ses alliés contre les autorités ou minorités n'ont pas cessé malgré le lancement en juin dernier d'une offensive militaire toujours en cours contre eux dans le Waziristan du Nord (nord-ouest), leur principal bastion des zones tribales frontalières de l'Afghanistan. Parmi elles figure le massacre en décembre dernier par un commando du TTP de 153 personnes, dont 134 écoliers, dans une école gérée par l'armée à Peshawar (nord-ouest), l'acte terroriste le plus meurtrier de l'histoire du pays. A la suite de cette attaque, le gouvernement a décidé de recommencer à exécuter des détenus condamnés à mort pour terrorisme, ce qu'il avait cessé de faire en 2008. Il en a depuis pendu 24, la plupart des rebelles islamistes. Lahore, capitale culturelle du pays, et réputée plus libérale que la moyenne, a été relativement épargnée par la vague d'attentats rebelles qui a tué plus de 7 000 personnes à travers le pays depuis 2007.En octobre dernier toutefois, un kamikaze s'était fait exploser et avait tué 55 personnes dans la foule à Wagah, un important poste frontière avec l'Inde, tout proche de Lahore.