Les kamikazes, à pied, se sont approchés des véhicules de l'armée dans un quartier militaire de cette cité de quelque 8 millions d'habitants et ont fait exploser leurs bombes. Au moins 45 personnes ont été tuées hier dans un double attentat-suicide visant un convoi militaire à Lahore, la grande ville de l'est du Pakistan, quatre jours après une attaque similaire des taliban alliés à Al Qaîda qui avait fait 15 morts. Les kamikazes, à pied, se sont approchés des véhicules de l'armée dans un quartier militaire de cette cité de quelque 8 millions d'habitants, la deuxième ville du pays, et ont fait exploser leurs bombes, à proximité d'un marché très fréquenté, où les passants se pressaient vers les mosquées pour la grande prière du vendredi. «Nous avons récupéré les têtes des deux kamikazes, il y a eu un intervalle de 15 secondes entre les deux explosions, leur cible était un convoi de véhicules militaires», a déclaré un officier de police sur les chaînes de télévision pakistanaises. «45 personnes ont été tuées et 134 blessées», a annoncé à la presse Tariq Saleem Dogar, le chef de la police de la province du Penjab. Un haut responsable militaire a indiqué, sous couvert de l'anonymat, qu'au moins cinq militaires figurent parmi les tués. «La première explosion était très faible et a été suivie de tirs à l'arme automatique et, immédiatement après, il y a eu une seconde déflagration, puissante, contre les véhicules militaires», selon un a témoin qui venait de s'attabler dans un restaurant du marché. Lundi, un kamikaze au volant d'une voiture piégée avait pulvérisé un immeuble de la police à Lahore, tuant 15 personnes, des policiers et des passants. Ce bâtiment, en plein coeur d'un quartier résidentiel de Lahore, abritait une unité spéciale de la police antiterroriste qui y interrogeait des suspects. L'attaque avait été immédiatement revendiquée par le Mouvement des taliban du Pakistan (TTP), le principal mouvement d'insurgés islamistes, qui a fait allégeance à Al Qaîda dès sa création en décembre 2007. Le TTP est le principal responsable d'une vague de plus de 360 attentats et attaques suicide qui ont fait plus de 3100 morts en plus de deux ans et demi dans tout le pays. L'attaque de lundi avait été menée «en représailles aux tirs de drones (américains) et aux opérations militaires (pakistanaises) dans les zones tribales» du nord-ouest, avait annoncé le porte-parole du TTP, Azam Tariq. Les militaires ont récemment lancé plusieurs offensives dans les zones tribales du nord-ouest du Pakistan, frontalières avec l'Afghanistan, territoires montagneux assez largement sous le contrôle des taliban, et considérées comme le nouveau sanctuaire d'Al Qaîda et une base arrière des taliban afghans. Les drones de la CIA et de l'armée américaine y tirent très fréquemment des missiles visant des cadres du mouvement de Ben Laden et des taliban, mais qui tuent aussi des civils. Les taliban pakistanais ont décrété, à l'été 2007, à l'unisson d'Oussama Ben Laden, le jihad contre Islamabad, dont ils dénoncent le soutien aux Etats-Unis dans leur «guerre contre le terrorisme». Les objectifs les plus fréquents sont l'armée et la police, ainsi que les bâtiments officiels, mais les kamikazes visent de plus en plus souvent des civils. A Lahore, plus de 160 personnes ont péri dans huit attaques-suicides en un an. Le 7 décembre, un double attentat au coeur d'un marché bondé avait tué 49 personnes.