Le groupe minier anglo-australien Rio Tinto a fait état d'un bénéfice net annuel en hausse de 78% en 2014, malgré un fléchissement continu des cours des matières premières, compensé par des économies opérationnelles, et annoncé un programme de rachat d'actions de 2 milliards de dollars. Le bénéfice net est ressorti à 6,53 milliards de dollars US (5,77 milliards d'euros), pour partie arithmétiquement gonflé par les piètres résultats de 2013 dus à une série de dépréciations d'actifs. Le résultat opérationnel s'est amélioré de 52% à 11,34 milliards de dollars US en dépit d'un recul du chiffre d'affaires de 6,8% à 47,66 milliards de dollars US, grâce à une forte réduction des coûts d'exploitation et à la baisse des provisions pour charges exceptionnelles. Le fléchissement des cours du pétrole et un dollar australien moins fort ont également aidé. "Dans un contexte de baisse des cours des matières premières et de tendances macroéconomiques incertaines, la conjoncture opérationnelle reste difficile. Cependant, malgré ces conditions, l'avantage de Rio Tinto en termes de qualité et d'offre concurrentielle permet toujours de générer de la valeur ajoutée" pour ses actionnaires, s'est félicité le P-DG du groupe, Sam Walsh. L'action Rio Tinto, deuxième groupe minier mondial derrière BHP Billiton, a clôturé en hausse de 0,17% à 59,90 dollars australiens. Les revenus annuels ont été grevés par la chute de 47% des cours du minerai de fer l'an dernier alors que ce produit représente 87% des gains hors éléments exceptionnels réalisés par le groupe. La tonne de minerai de fer a encore perdu 13% depuis le début de l'exercice courant, dans un contexte d'offre excédentaire. "La conjoncture mondiale morose ainsi qu'une offre abondante sont à l'origine des baisses significatives de la plupart des cours des matières premières en 2014 et début 2015", a souligné Sam Walsh. Les grands groupes miniers internationaux, qui bénéficient de coûts opérationnels avantageux par rapport à leurs plus modestes concurrents, augmentent leur production en dépit de la baisse des cours afin de tenter d'accroître leurs parts de marchés.
Discipline financière L'essoufflement de l'économie chinoise, un marché clé pour les miniers australiens, pèse aussi sur les cours du minerai de fer dont l'anglo-australien est le deuxième producteur mondial derrière le brésilien Vale. Selon l'Australian Financial Review, Rio a décrété un gel des embauches dans ce secteur. Et le groupe entrevoit de fait de nouvelles réductions de ses dépenses opérationnelles et une limitation de ses dépenses d'investissement à 7 milliards par an jusqu'en 2017, ce qui doit lui permettre de faire mieux que le marché. "Notre discipline financière et opérationnelle nous a permis de contrebalancer l'essentiel de l'effet de la baisse des cours des matières premières en 2014. En augmentant les volumes et en réduisant les coûts, nous avons dégagé un bénéfice sous-jacent de 9,3 milliards de dollars US (-9%, NDLR) et avons pu maintenir notre marge brute d'exploitation à 39%", a-t-il ajouté. Les analystes interrogés par Bloomberg prévoyaient un bénéfice sous-jacent de 8,97 milliards dollars. L'endettement net a été simultanément réduit de 5,6 milliards, soit 31% à 12,5 milliards de dollars. Conjugué à une augmentation de 12% du dividende annuel à 2,15 dollars par action, le rachat proposé de 2 milliards de dollars US de titres représente un retour aux actionnaires sur les bénéfices de près de 6 milliards de dollars US, a souligné l'industriel. L'annonce de ce programme de rachat de titres, qui sera concentré sur la cote londonienne, survient six mois après que Sam Walsh a décrit Rio Tinto comme "une machine à cash" et fait par ailleurs suite aux manœuvres d'approche de son rival Glencore. Le géant suisse avait tâté le terrain l'an dernier en vue d'une fusion qui aurait donné naissance à un mastodonte pesant quelque 160 milliards de dollars, mais Rio Tinto lui avait opposé une fin de non-recevoir. Rio Tinto exploite des minerais divers, de l'aluminium au cuivre en passant par le minerai de fer et le diamant. Il est présent dans plus de 40 pays du monde où il emploie plus de 60 000 personnes.