Trois groupes produisent 75% du minerai de fer. Pour 2008,ils imposent une hausse de prixde 65 à 71%.Les sidérurgistes protestent, mais finissentpar payer. Nippon Steel et JFE Holdings, numéros deux et trois de la sidérurgie mondiale, ont annoncé, vendredi, une hausse de prix de leurs produits en acier de 31%. Avant eux, ArcelorMittal, le numéro un, a averti d'une augmentation des prix de l'acier plat en Europe. Le 5 février, le groupe indien avait déjà relevé ses prix de 12 à 15%. En Chine, Baotou Iron & Steel Group et d'autres compagnies avaient pris les devants le mois dernier. D'une seule voix, toutes ces entreprises invoquent la hausse du prix des matières premières, notamment du minerai de fer, pour justifier leur décision. Force est de constater qu'un oligopole minier composé du brésilien Vale (ex- Compania Vale do Rio Doce), de l'anglo-australien Rio Tinto et de l'australien BHP Biliton - 75% de la production mondiale - parvient, année après année, à imposer ses prix à la hausse; de 71% en 2005, de19,5% en 2006 et de 9,5% en 2007. En début de semaine, Vale a demandé une augmentation de prix de 65% pour les futures livraisons. Rio Tinto et BHP Biliton ont réclamé 71% aux sidérurgistes asiatiques, en disant qu'ils économiseraient considérablement sur les frais de transport à partir d'Australie. Les fournisseurs du minerai de fer surfent sur ce marché glouton de l'acier. La demande en Chine, premier consommateur mondial, en Inde et dans les autres pays émergents, a crû de 176% durant les cinq dernières années. Selon Le Monde, la demande chinoise augmentera encore de 20% en 2008. Dans ces conditions, les sidérurgistes chinois plient d'autant plus volontiers qu'ils ont réalisé 25 milliards de bénéfices en 2007, en hausse de 45% sur l'année précédente. Selon FitchRatings, les sidérurgistes en Asie comme en Europe ne pourront probablement pas transférer l'ensemble du surcoût à leurs clients. Par conséquent, ils devront compresser leur marge. L'agence de notation estime que les prix de l'ensemble des matières premières (minerai de fer, charbon, ferraille) augmenteront de 60 à 70 dollars par rapport à 2007. Le volume de transaction sur le marché mondial augmentera de 6 à 7% sur la même période. Dans ce contexte de surenchère, les sidérurgistes tentent d'assurer un accès direct à la matière première. Telle est clairement la stratégie d'ArcelorMittal. Les observateurs font remarquer que le groupe indien était parmi les rares qui n'ont pas protesté contre les exigences de l'oligopole minier alors même qu'il a procédé à deux augmentations de prix depuis le début de l'année. Arcelor Mittal est moins vulnérable à la hausse des prix du minerai de fer que ses concurrents. En effet, le groupe indien exploite ses propres mines et est actuellement autosuffisant à hauteur de 47%. Il espère l'être à 75% en 2012 et à 90% en 2018. Et pour cause. Jeudi, le groupe avait finalisé un accord avec l'Etat de Jharkhand, dans le nord-est de l'Inde, dont le sous-sol regorge de minerai de fer. "Les matières premières ont atteint un niveau de coûts sans précédent pour notre industrie. Il est important de garantir des approvisionnements suffisants", a déclaré jeudi Christophe Cornier, P-DG d'Arcelor (LOR.PA) Mittal Plats Carbone Europe, dans un communiqué.