L'adoption par le Conseil de la nation de la nouvelle loi relative à la pêche, avec la mise en place attendue de nouveaux instruments pour la protection des espèces marines dont le corail, a été chaleureusement accueillie par les plongeurs-corailleurs d'El Kala (El Tarf). Rencontrés hier au port de pêche d'El Kala, plusieurs d'entre eux ont estimé qu'il "était temps" que le corail, un "fragile" cadeau de la mer qui a de tout temps constitué une source de convoitises, soit "exploité dans le cadre d'une législation claire afin de préserver cette ressource mise à mal par les pêcheurs illicites qui n'hésitent pas à racler sans management le fond marin". Ahmed B. (35 ans), corailleur de père en fils, salue "le durcissement des sanctions prévues dans le cadre de la lutte contre la pêche illicite du corail", citant dans ce cadre les peines d'emprisonnement de 6 mois à 5 ans et demi, ainsi que les amendes pouvant aller jusqu'à 20 millions de dinars. Des mesures "propres à dissuader, selon lui, tous ceux qui se sont crus, jusque-là, au-dessus de la loi". Conscients de l'importance d'une formation adaptée aux technologies modernes qui permettent de valoriser, de pérenniser et de protéger ce produit "noble", les corailleurs d'El Kala se disent "prêts à améliorer leurs performances au moyen de stages encadrés par des experts afin de s'adapter aux nouvelles méthodes de plongée assurant une exploitation responsable et rationnelle de la ressource".
Ce que prévoit la nouvelle loi sur la pêche La nouvelle loi sur la pêche, adoptée mercredi par le Conseil de la nation, vise la réorganisation de la profession et durcit les sanctions liées à la pêche illicite dont essentiellement celle du corail, dans le but de mettre de l'ordre dans ce secteur et préserver les ressources halieutiques. Ce texte, qui modifie et complète la loi n°01-11 du 3 juillet 2001 relative à la pêche et à l'aquaculture, introduit de nouveaux instruments pour le développement des activités de pêche et d'aquaculture dans le cadre du principe d'une "pêche responsable" et de la protection de la ressource halieutique et de l'environnement marin. Ces instruments concernent la mise en place des plans d'aménagement et de gestion des pêcheries, l'action participative des professionnels dans l'élaboration et la mise en œuvre des politiques du secteur, les systèmes de surveillance à distance des navires de pêche par la géolocalisation ainsi que l'aménagement des zones d'activités aquacoles. Les concepteurs de cette loi insistent particulièrement sur le corail dont la haute valeur marchande sur le marché international et les moyens de pêche rudimentaires utilisés par les braconniers ont démultiplié sa pêche illicite. Les nouvelles dispositions de ce texte interviennent dans la perspective de la reprise des activités de pêche au corail et contribuent à réglementer les activités de son exploitation, explique-t-on. En outre, il devra faciliter la mise en oeuvre du programme aquapêche 2020 qui prévoit de doubler la production actuelle à 200.000 tonnes et de créer plus de 30.000 emplois productifs dans le domaine de la pêche et de l'aquaculture. Quant aux sanctions prévues par cette loi, elles vont d'un emprisonnement de trois à cinq ans et des amendes variant entre 200.000 DA et 20 millions de DA selon le degré de gravité de l'infraction. Les plus lourdes peines concernent les infractions liées à la pêche au corail s'appliquant aux personnes qui le pêchent sans concession ou celles qui ne tiennent pas de registre de plongée, ou qui dépassent le quota annuel autorisé ou quiconque exporte le corail à l'état brut ou semi-fini. Ces peines vont d'un emprisonnement de 6 mois à 5 ans et d'une amende oscillant entre 10 millions et 20 millions de DA. Pour ce qui est des sanctions applicables à la pêche du poisson et à l'aquaculture, le texte prévoit un emprisonnement de 3 à 5 ans et/ou une amende de 500.000 DA à 2 millions de DA quiconque détient, à bord du navire, des substances chimiques, des matières explosives, notamment la dynamite, l'appât toxique et des procédés d'électrocution, pouvant affaiblir ou détruire les ressources biologiques et les milieux aquatiques. Une amende de 500.000 DA à 1 million de DA est prévue pour quiconque pêche à l'aide d'une arme à feu. La loi interdit aussi la capture, la détention, le transport, la mise en vente, l'entreposage ou le traitement de produits de pêche n'ayant pas atteint la taille marchande. Est également puni d'une amende de 500.000 DA à 1 million de DA quiconque n'équipe pas son navire de pêche d'une balise de positionnement, et porte atteinte à cette balise.