La deuxième journée de discussions sur le programme nucléaire de Téhéran a débuté mardi peu après 08h00 à Lausanne. John Kerry et Mohammad Zavad Jarif sont toujours à la recherche d'un accord avant le 31 mars garantissant le caractère pacifique de ce programme. Les deux chefs de la diplomatie étaient accompagnés du ministre américain de l'Energie Ernest Moniz et du chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA), Ali Akbar Salehi, a indiqué le département d'Etat américain dans un communiqué. John Kerry et Mohammad Javad Zarif, assis autour de la table, n'ont échangé que quelques mots devant les caméras, l'Iranien interrogeant l'Américain sur son tour de vélo lundi après-midi autour du lac Léman. "C'était bien, je me sentais bien mieux", a répondu M. Kerry, grand sportif et qui emporte parfois en tournée son vélo de course et tout son équipement.
Scepticisme ambiant Lundi, le secrétaire d'Etat américain et son homologue iranien ont eu cinq heures d'entretiens sur le dossier, au Beau-Rivage Palace. La délégation iranienne s'est ensuite rendue à Bruxelles, où elle a rencontré en soirée les ministres européens des Affaires étrangères. Une rencontre "utile", selon la cheffe de la diplomatie de l'UE, Federica Mogherini, qui a illustré la "détermination" des Européens "à travailler" pour arracher un accord qui "répondra à toutes les inquiétudes de la communauté internationale", a estimé l'UE dans un communiqué publié à l'issue de cette réunion. "La discussion a été longue et approfondie, mais n'a pas permis de rapprocher les points de vue", a indiqué pour sa part une source diplomatique. Le dialogue a commencé dimanche sur les bords du Léman. Il se poursuivra jusqu'à vendredi.
Négociations tous azimuts L'Américain John Kerry, puis les Européens, ont négocié lundi d'arrache-pied avec l'Iranien Mohammad Javad Zarif en vue de sceller un accord politique sur le programme nucléaire de Téhéran, tout en se montrant dubitatifs sur les chances d'y parvenir fin mars. L'Iran doit encore faire des choix très difficiles et qui s'imposent afin de répondre aux importantes préoccupations qui subsistent sur son programme nucléaire, a mis en garde un diplomate américain après plus de cinq heures de discussions entre les ministres américain et iranien des Affaires étrangères à Lausanne. Nous continuons d'espérer pouvoir y arriver, mais, très franchement, nous ne savons toujours pas si nous le pourrons, a insisté ce diplomate, qui n'a pas une seule fois fait état de progrès dans les dernières discussions entre l'Iran et les Etats-Unis qui ont commencé dimanche en Suisse. M. Zarif a ensuite retrouvé à Bruxelles ses homologues français Laurent Fabius, allemand Frank-Walter Steinmeier, britannique Philip Hammond, invités par le chef de la diplomatie de l'UE, Federica Mogherini, qui espère ainsi réduire certains des fossés qui subsistent. Une rencontre utile, selon Mme Mogherini, qui a illustré la détermination des Européens à travailler pour arracher un accord qui répondra à toutes les inquiétudes de la communauté internationale, a estimé l'UE dans un communiqué publié à l'issue. L'UE préside depuis le début ces négociations visant à mettre fin à plus de 12 ans de tensions entre l'Iran et les Occidentaux. Mme Mogherini, qui a jugé les deux semaines à venir cruciales, avait d'abord rencontré M. Zarif en tête-à-tête. Après 18 mois de pourparlers intenses, la République islamique et les grandes puissances du groupe 5+1 (Etats-Unis, Chine, Russie, Royaume-Uni, France, et Allemagne) se sont donné jusqu'au 31 mars pour sceller un règlement qui garantirait que l'Iran n'aura jamais la bombe atomique, en échange d'une levée des sanctions. De nombreux sujets ont été évoqués, des sanctions à la lettre de sénateurs du Congrès (...), nous voulons connaître la position du gouvernement à ce sujet, a affirmé M. Zarif, cité par le site internet de la télévision publique iranienne, après la rencontre avec M. Kerry. Pour certains, nous sommes plus près d'une solution, pour certains une solution est entièrement à portée de main, mais pour d'autres nos points de vue diffèrent, a encore dit le chef de la diplomatie iranienne, précisant que les discussions allaient se poursuivre jusqu'à vendredi. Nous verrons ce qu'il en sortira.
Des points importants pas encore réglés Il y a eu des avancées, mais il reste des points importants qui ne sont pas réglés, a souligné Laurent Fabius, réclamant un accord vraiment solide. Philip Hammond a estimé que si les parties s'approchaient d'une solution, il restait un long chemin à parcourir. MM. Kerry et Zarif doivent se retrouver dès mardi matin à Lausanne pour poursuivre les discussions, et les directeurs politiques des grandes puissances et d'Iran ont prévu de s'y réunir aujourd'hui. A la suite d'un accord provisoire conclu en novembre 2013, le groupe des 5+1 et l'Iran ont repoussé par deux fois la date butoir pour un règlement définitif. Washington a prévenu qu'il n'y aurait pas d'autre prolongation. En cas d'accord politique d'ici au 31 mars, les grandes puissances et Téhéran sont convenus de finaliser d'ici au 30 juin/1er juillet tous les détails techniques de ce règlement général. Ce document de quelques feuillets fixerait les grands chapitres pour garantir le caractère pacifique des activités nucléaires iraniennes. Il établirait aussi le principe du contrôle des infrastructures de l'Iran, la durée de l'accord et le calendrier d'une levée progressive des sanctions. Sur ce point précis, Téhéran et les 5+1 sont en désaccord. L'Iran voudrait une levée en une seule fois de mesures punitives prises ces dernières années par l'ONU, les Etats-Unis et l'UE, qui l'étouffent économiquement et l'isolent diplomatiquement. Le président américain Barack Obama a maintes fois promis qu'il ferait tout, y compris militairement, pour empêcher l'Iran d'avoir un jour la bombe. Mais depuis septembre 2013, il mise sur la carte diplomatique et a fait d'un rapprochement avec la puissance chiite, une priorité de sa politique étrangère. Une possible percée historique sur le nucléaire iranien a déclenché une levée de boucliers au Congrès américain, contrôlé par les républicains. Apparemment, l'administration est sur le point de conclure un très mauvais accord avec l'un des pires régimes du monde, et qui leur permettrait de garder leurs infrastructures nucléaires, a dénoncé dimanche le chef des républicains du Sénat, Mitch McConnell.