Les créations d'emplois aux Etats-Unis devraient encore modérer le pas en mars et le taux de chômage rester stable, estiment les analystes avant la publication des chiffres officiels de l'emploi. La prévision médiane des économistes table sur 250 000 créations nettes d'emplois en mars, soit un important recul de 45 000 par rapport à février. Les analystes prévoient aussi que le taux de chômage demeure stable à 5,5%, son plus bas niveau depuis l'été 2008. Différentes raisons sont évoquées pour expliquer ce refroidissement pressenti sur le front de l'emploi, après le rythme effréné des embauches entre novembre et janvier (336 000 créations d'emplois par mois en moyenne). L'appréciation du dollar et les conséquences de la chute des prix du pétrole sur l'emploi dans certains secteurs semblent avoir un impact négatif, notamment auprès des grandes entreprises. C'est ce qu'a montré mercredi l'enquête mensuelle de la firme de services informatiques ADP sur l'emploi dans le secteur privé seul. Cette enquête est souvent vue comme un signe avant-coureur du rapport officiel sur l'emploi du ministère du travail. Le nombre des embauches dans le secteur privé s'est établi pour mars à 189 000 seulement contre 214 000 le mois d'avant, à la surprise des analystes qui tablaient sur une hausse à 225 000 créations d'emplois. Mark Zandi, chef-économiste chez Moody's Analytics qui collabore à l'enquête d'ADP, a estimé, en prenant acte de "ce pas en arrière" du marché de l'emploi, que "les conséquences de l'appréciation du dollar et des prix bas de l'énergie avaient affecté le marché du travail". C'est la première fois depuis 13 mois que les créations d'emplois dans le secteur privé tombent sous la barre des 200 000. Ce sont surtout les grandes firmes, de plus de 1 000 salariés, qui ont diminué les embauches.
L'impact du dollar plus fort En renchérissant les exportations américaines, l'appréciation du dollar affecte l'activité des entreprises multinationales. Mi-mars, la présidente de la banque centrale américaine (Fed), Janet Yellen, a affirmé que l'appréciation du billet vert, notamment par rapport à l'euro, serait un "poids" pour la croissance américaine cette année. La Fed a d'ailleurs révisé à la baisse sa prévision de croissance pour 2015 qui devrait se situer entre 2,3% et 2,7% et non plus entre 2,6% et 3%. Quant aux prix bas du pétrole, s'ils sont une aubaine pour le consommateur, ils ont commencé à ralentir l'activité du secteur de l'industrie extractive. L'indicateur très suivi sur l'activité manufacturière en mars publié mercredi par l'institut des directeurs d'achats ISM a ainsi montré l'impact de ces différents facteurs. L'industrie manufacturière s'est approchée de la contraction en mars avec un indice de 51,5% seulement (en-dessous de 50% l'activité décroît). Les commentaires recueillis auprès des directeurs d'achat ont mentionné la poursuite de problèmes sur les ports de la Côte Ouest après la grève de février, mais aussi l'impact des bas prix du pétrole "qui peut avoir des effets à la fois positifs et négatifs selon l'industrie". "Il semble aussi qu'une partie du ralentissement de l'activité soit lié aux conditions climatiques, et nous nous attendons a un rebond modéré dans les mois qui viennent, quand la demande intérieure repartira" avec le printemps, assuraient les économistes de Barclays Research. Car si elles restent au-dessus de 200 000 par mois, les créations d'emplois affichent encore un niveau dynamique. Mark Zandi, de Moody's Analytics, assure qu'"une croissance sous-jacente des emplois demeure suffisamment solide pour continuer à améliorer le marché du travail". Parmi les chiffres du ministère du travail publiés, les observateurs surveillent aussi la progression du salaire horaire moyen, très observé par la Fed qui voudrait voir les prix et les salaires augmenter davantage.