L'économie américaine a continué à créer des emplois en mai, à un rythme modeste, mais plus soutenu qu'attendu, tandis que le taux de chômage officiel a légèrement augmenté, les coupes budgétaires pesant sur l'emploi dans le secteur public. Le pays a créé 175 000 emplois de plus qu'il n'en a détruit en mai, selon les chiffres du ministère du Travail publiés avant-hier, alors que les analystes attendaient 159 000 embauches nettes. Malgré cette résistance des créations d'emplois portée par le secteur des services, de l'alimentation et de la distribution, le taux de chômage a augmenté de 0,1 point à 7,6%. Les analystes tablaient sur un taux de chômage inchangé de 7,5%. Les pertes d'emplois sont intervenues dans l'administration où les coupes budgétaires ont eu un impact (-14 000 postes) ainsi que dans les hôpitaux et l'éducation. Pas de nature à clarifier les intentions de la fed "Au cours des trois derniers mois, l'emploi dans l'administration a diminué de 45 000 postes", soulignait Erica Groshen commissaire au Bureau des statistiques du travail dans un communiqué. Ces chiffres contrastés ne vont guère clarifier les intentions de la Réserve fédérale pour sa prochaine réunion du Comité de politique monétaire (FOMC) les 18 et 19 juin. La Fed a indiqué qu'elle maintiendrait son taux directeur dans une fourchette de 0 à 0,25% tant que le chômage ne sera pas descendu à 6,5%. Mais elle songe dans le même temps à ralentir ses injections de liquidités, autre outil qu'elle utilise depuis le début de l'année pour soutenir l'économie. Fin mai, le président de la Fed Ben Bernanke avait indiqué qu'une telle manoeuvre pourrait intervenir "au cours des prochaines réunions", selon l'évolution du marché de l'emploi et de l'inflation. "Le rapport sur l'emploi de mai contient à la fois des choses positives et des choses négatives et les membres de la Fed peuvent le regarder de différentes façons", a estimé Michael Gapen, économiste chez Barclays Research. Loin du critère des 200 000 nouveaux emploi Ces chiffres "ne donnent pas d'indication sur l'amélioration du marché de l'emploi ni sur le potentiel pour une réduction des achats d'actifs", ajoute-t-il, évoquant les 85 milliards de dollars que la Fed injecte chaque mois dans le circuit financier. Certaines voix au sein de la Réserve fédérale ont plaidé pour un ralentissement de ce soutien monétaire dès juin ou en septembre. Mais l'économie est encore loin du critère des 200 000 nouveaux emplois par mois pendant six mois, avancé par des membres du Comité monétaire de la Fed pour justifier une diminution des injections de liquidités, soulignent d'autres analystes. Sur les douze derniers mois, 172 000 emplois ont été créés par mois en moyenne. "Rien de nouveau avec ce rapport", assure l'économiste indépendant Joel Naroff. "On sait qu'il y a une croissance de l'économie mais qu'elle n'est pas assez solide pour pousser les entreprises à embaucher de façon dynamique". Pour la Maison-Blanche, ces chiffres confirment que "la reprise prend de la vigueur". "Ce n'est pas le moment pour Washington d'infliger des coups à sa propre économie", a noté Alan Krueger, conseiller économique du président Barack Obama. Les coupes budgétaires automatiques voulues par le Congrès dans son bras de fer avec l'administration sur la réduction des déficits et les augmentations d'impôts décidées par M. Obama pourraient coûter 1,5 point de croissance au total en 2013, a récemment averti M. Bernanke. Pour le président de la Chambre des représentants, le républicain John Boehner, "la modeste croissance des emplois est un signe positif mais, le taux de chômage est encore bien plus haut que ce qu'a promis l'administration Obama". Le nombre de chômeurs s'établit pour mai à 11,8 millions et la population active est restée stable à 63,4%, son plus bas niveau depuis 1979.
Le nombre de nouveaux chômeurs baisse davantage qu'anticipé Les nouvelles inscriptions au chômage ont baissé aux Etats-Unis pendant la dernière semaine de mai, et légèrement plus que ne le prévoyaient les analystes, selon des chiffres publiés la veille par le département du Travail à la veille des chiffres mensuels de mai. Le ministère a recensé le dépôt de 346 000 demandes hebdomadaires d'allocations chômage pour la semaine achevée le 1er juin, soit 3% de moins que la semaine précédente, en données corrigées des variations saisonnières. Ce chiffre est un peu meilleur que la prévision médiane des analystes qui était de 348 000. Toutefois, le chiffre de la semaine précédente a été révisé en hausse à 357 000 contre 354.000 précédemment estimé. En moyenne sur un mois, le nombre de nouveaux chômeurs a continué d'augmenter pour la quatrième semaine consécutive, pour s'établir à 352 500 (+1,3%), selon les données du gouvernement. Cette moyenne se situe "à peine au-dessus de celle de la semaine précédente (348 000) mais c'est une amélioration par rapport à l'année dernière", où la moyenne hebdomadaire sur un mois de nouveaux chômeurs se situait à 376 000, a noté Cooper Howes, analyste chez Barclays Research. Globalement, la remontée en moyenne en mai des nouvelles inscriptions au chômage, qui avaient atteint un plus bas hebdomadaire en cinq ans au début du mois, n'inquiète pas les analystes. Les chiffres des demandes d'allocations chômage "ont démontré par le passé des spécificités saisonnières, grimpant à l'approche de l'été. Mais elles restent dans la fourchette des 340 000 à 360 000, ce qui ne cause pas d'inquiétude pour les gains graduels que devrait connaître l'emploi", estime Mei Li, analyste à FTN Financial. Selon une étude publiée par le cabinet de replacement de cadres Challenger, Gray & Christmas, les licenciements annoncés par les employeurs en mai ont baissé pour le troisième mois d'affilée avec un retrait de 4,5% par rapport au mois précédent, et de 41% par rapport au même mois de 2012. Ces annonces de licenciements par les entreprises américaines aux Etats-Unis et dans le monde ont touché 36'398 personnes en mai. A ce jour en 2013, il y a eu 219 560 licenciements annoncés, 11% de moins que sur les cinq premiers mois de 2012.
Croissance "modeste à modérée" de l'économie en avril-mai Le rythme de croissance de l'économie américaine est resté "modeste à modéré" en avril et mai, a affirmé la banque centrale des Etats-Unis (Fed) qui ne discerne pas de tensions notables sur les prix comme sur les salaires. "L'activité économique a crû à un rythme modeste à modéré" au cours des six semaines précédant le 24 mai, indique le Livre Beige, rapport de conjoncture réalisé sur la base des renseignements glanés par les antennes locales de la Réserve Fédérale. Ce rapport est publié deux semaines avant la prochaine réunion du Comité de politique monétaire (FOMC) en plein débat sur l'opportunité de ralentir bientôt ou non les injections de liquidités de la Fed dans le circuit financier. Ce stimulus monétaire a permis de garder les taux bas et d'encourager la reprise, mais de plus en plus de voix plaident pour un ralentissement de ces rachats de titres. Mardi soir à Toronto, Richard Fisher, président de l'antenne de Dallas (Texas) de la Fed, qui n'a jamais été un grand partisan des injections de liquidités, a encore critiqué la politique "über-accommodante" de la Fed. "Elle a conduit à des taux historiquement bas et des prix historiquement hauts des actions, et elle a peut-être aussi favorisé une spéculation et une prise de risques excessives", a estimé le patron de la Fed de Dallas. Cette région du Texas est la seule à afficher "une forte croissance" ces deux derniers mois, selon le Livre Beige. Hausse de la demande dans plusieurs régions D'une façon générale, en avril et mai, "le secteur manufacturier a progressé dans toutes les régions", profitant d'un plus grand dynamisme de la construction résidentielle. "La force de la construction résidentielle a été une bénédiction pour les fournisseurs de ce secteur", note le rapport. La Fed souligne à cet égard que plusieurs régions ont enregistré une hausse de la demande qui, combinée à de faibles stocks de maisons à vendre, ont conduit certains biens à être sujets à des offres multiples. Ces remarques font notamment écho à la hausse des prix des logements, mise en avant par l'indice S&P Case-Shiller qui a progressé de 10,9% en mars sur un an, un rythme de hausse jamais atteint depuis avril 2006, lors du pic du marché immobilier. L'activité de prêt des banques a aussi augmenté modestement depuis le dernier Livre Beige et la qualité du crédit s'est améliorée, certaines régions enregistrant "une chute importante du taux de défaut de paiements du côté des entreprises comme des particuliers". Sur le front de l'emploi, les embauches sont en progrès, mais à un "rythme mesuré" dans plusieurs régions tandis que certains bassins d'emploi, comme New York, Philadelphie et Dallas, rencontrent des difficultés à trouver des employés qualifiés. La pression sur les salaires reste "contenue d'une manière générale", même si certaines régions font part d'une modeste hausse des rémunérations correspondant à des postes spécifiques. Du côté de l'inflation, les régions observent des prix "stables, voire de modestes hausses". Les dépenses des consommateurs ont enregistré "des gains légers à modérés ainsi qu'une petite hausse des ventes automobiles". Au premier trimestre, la croissance du PIB américain s'est établie à 2,4% en rythme annualisé, selon les chiffres officiels.