Le rythme de créations d'emplois aux Etats-Unis devrait ralentir un peu en février à cause de l'hiver mais rester solide, estiment les analystes avant la publication des chiffres officiels. La prévision médiane des analystes est de 240 000 créations d'emplois en février contre 257 000 en janvier après le rythme élevé des mois précédents (336 000 en moyenne mensuelle sur les trois derniers mois). Malgré ce léger ralentissement des nouvelles embauches, les économistes tablent sur un recul d'un dixième de point du taux de chômage qui devrait ainsi retomber à 5,6%, un plus bas depuis juin 2008. Il avait déjà atteint ce niveau en décembre. Il est fréquent que les chiffres des créations d'emplois et le taux de chômage divergent légèrement car ils se basent sur deux enquêtes séparées. Les chiffres de l'emploi de vendredi sont très attendus par les marchés financiers car ils sont publiés à moins de deux semaines d'une réunion clé du Comité de politique monétaire (FOMC) de la Réserve fédérale, les 17 et 18 mars. La Fed se trouve à la croisée des chemins et envisage de relever cette année ses taux d'intérêt pour la première fois en une décennie. Au cours de la réunion de mars, il est possible que le FOMC cesse d'indiquer qu'il sera "patient" sur les taux, un signal qu'une hausse peut intervenir à partir de juin. "Le rapport sur l'emploi de février est l'ultime test indiquant si la Fed va rester patiente", a résumé Brett Ryan, économiste de Deutsche Bank dans une note.
Progrès considérables La présidente de la Fed Janet Yellen a salué les "progrès considérables de l'emploi" devant le Congrès la semaine dernière mais elle a souligné que la faible augmentation des salaires prouvait que "la reprise du marché du travail n'était pas tout à fait complète". Actuellement à 5,7% (janvier), le taux de chômage a perdu un point de pourcentage en un an et deux points depuis février 2013. Un responsable de la Fed, Charles Evans, de l'antenne régionale de Chicago, nouveau membre votant du Comité monétaire, a quant à lui affirmé mercredi que la Fed devrait "rester patiente avant de relever les taux". Ce responsable, connu pour pencher du côté des "colombes", partisan d'une politique monétaire accommodante, estime que vu "l'inflation inconfortablement basse et l'environnement économique global incertain, il y a peu d'avantages à relever les taux prématurément". Il plaide pour attendre jusqu'à 2016 pour resserrer le crédit alors que les taux d'intérêt sont maintenus proches de zéro depuis fin 2008. Les marchés et la Fed observeront aussi avec intérêt la hausse du salaire horaire pour discerner si celle-ci accélère enfin. Mais les prévisions des économistes ne misent que sur une progression de 0,2% après +0,5% le mois d'avant. Les tempêtes hivernales de février et peut-être un ralentissement des embauches dans le secteur pétrolier dû à l'effondrement des prix du brut risquent d'affecter légèrement les chiffres du mois dernier, notent des analystes. Mais l'impact de la météo jusqu'ici est sans comparaison cette année avec l'hiver 2014 où les tempêtes à répétition avaient carrément fait reculer le PIB au premier trimestre. L'enquête mensuelle de la société de services informatiques ADP sur le secteur privé seul a fait état mercredi de 212 000 nouvelles embauches, soit 38 000 de moins qu'en janvier. Pour Mark Zandi, l'économiste de Moody's Analytics, qui compile les statistiques des fiches de paie d'ADP, "la croissance des emplois demeure forte". "Les nouvelles embauches sont largement réparties à travers plusieurs secteurs bien que la chute des prix du pétrole ait commencé à peser sur l'emploi dans le secteur de l'énergie", a noté cet économiste. Il estime que le marché du travail américain atteindra son taux maximum naturel d'emplois d'ici le milieu de 2016 si ce rythme d'embauches se poursuit.
Ralentissement des créations d'emplois dans le privé Les créations d'emplois aux Etats-Unis ont ralenti dans le secteur privé en février, selon l'enquête mensuelle publiée par la société de services informatiques aux entreprises ADP. Le nombre des embauches s'est établi à 212 000 alors que les analystes tablaient sur 220 000 créations d'emplois. Mais le chiffre du mois de janvier a considérablement été relevé à la hausse à 250 000 contre 213 000 pour la première estimation. "Même si les gains d'emplois en février sont moins forts que pendant les mois précédents, la tendance à une croissance solide des embauches au-dessus de 200 000 se poursuit", a affirmé Carlos Rodriguez, P-DG d'ADP. "Ce qui est aussi encourageant, c'est que les créations d'emplois se sont réparties dans un large éventail d'industries clé", a-t-il ajouté. Pour Mark Zandi, l'économiste de Moody's Analytics, qui compile les statistiques des fiches de paie d'ADP, "la croissance des emplois est forte mais elle ralentit par rapport au rythme torride des derniers mois". "Les nouvelles embauches sont vastement réparties à travers plusieurs secteurs bien que la chute des prix du pétrole ait commencé à peser sur l'emploi dans le secteur de l'énergie", a noté cet économiste. Il estime que le marché du travail américain atteindra son taux maximum naturel d'emplois d'ici le milieu de 2016 si ce rythme d'embauches se poursuit. Selon ADP, le secteur des services a encore une fois été de loin le premier pourvoyeur d'emplois avec 181 000 créations de postes, en recul par rapport à janvier (206 000). Le secteur de la production de biens n'a gagné que 31 000 nouveaux postes. Les services aux entreprises sont les plus dynamiques (34 000), suivis par le commerce et les transports (31 000) qui a toutefois fort décliné par rapport à janvier (50 000) marquant sans doute les conséquences de la grève des ports sur la côte ouest. Fait notable, les services financiers ont ajouté davantage d'emplois (20 000) que le mois précédent (15 000) connaissant la plus forte hausse pour ce secteur depuis le pic des achats et prêts immobiliers en mars 2006. Par taille d'entreprises, ce sont une fois de plus les petites entreprises qui ont créé le plus d'emplois (94 000), suivies par les entreprises de taille moyenne (63 000) et les grandes firmes de plus de 500 salariés (56 000).