Les cours du pétrole ont fléchi vendredi à New York mais progressé à Londres, tiraillés entre les inquiétudes sur la surabondance de l'offre et la confusion des informations venues du Yémen. Le prix du baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en juin a clôturé en baisse de 59 cents à 57,15 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). En revanche à Londres, le baril de Brent pour livraison en juin a progressé de 43 cents à 65,28 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE). Nous avons connu une semaine volatile sur les marchés, les tensions au Yémen apportant du soutien aux cours et remisant les inquiétudes sur les niveaux élevés des réserves de brut au second plan, constatait Myrto Sokou, analyste de Sucden. Les raids de la coalition arabe menée par l'Arabie saoudite contre les rebelles chiites au Yémen se sont poursuivis, mais de premiers signes de détente sont aussi apparus: une flottille iranienne soupçonnée par les Etats-Unis de transporter des armes à destination des insurgés avait fait demi-tour jeudi, pouvant signifier une réticence à élargir la confrontation. De plus, quelques minutes avant la fin des échanges, l'ex-président du Yémen, Ali Abdallah Saleh, a pressé ses alliés, les rebelles Houthis, d'appliquer la récente résolution du Conseil de sécurité de l'ONU afin d'obtenir l'arrêt des raids aériens arabes. Selon Tim Evans, chez Citi, le secteur mondial du pétrole se rééquilibre en fin de semaine, avec des investisseurs qui vendent du WTI. Mais contrairement à ce qui se voit souvent, quand les investisseurs estiment que le marché pétrolier est suffisamment mondialisé pour que les surplus d'offre se répartissent à travers le globe, le marché essaie de traiter la faiblesse du WTI comme un sujet localisé. Les investisseurs passent d'un marché à l'autre en essayer de maximiser leurs profits (...) mais semblent peu disposés à considérer que le marché reste fondamentalement faible, et vulnérable à une faiblesse plus généralisée des prix, ajoutait M. Evans. Le marché est généralement orienté à la baisse, estimait aussi M. Williams, face à des Saoudiens qui veulent vendre tout le pétrole qu'on leur demande et des stocks américains de brut qui ne cessent de battre de nouveaux records, de semaine en semaine. Une correction et des prises de bénéfices sont possibles, a aussi remarqué Robert Yawger, chez Mizuho Securities, après l'envolée des cours du WTI de plus de 31% enregistrée depuis le creux du 17 mars, où le baril s'échangeait à 43,46 dollars à New York. Le pétrole s'était surtout envolé la semaine dernière à la faveur d'indications confirmant que la production américaine a commencé à refluer. Vendredi, la société de services pétroliers Baker Hughes a indiqué que 31 puits de pétrole américains avaient encore cessé de fonctionner aux Etats-Unis, mais le marché américain n'y a guère prêté attention. Certains cependant croyaient encore à un potentiel de hausse, y compris aux Etats-Unis. La demande mondiale surprend beaucoup de gens, affirmait Phil Flynn chez Price Futures Group, et cela avant même qu'on voie l'impact des mesures de relance prise dans le monde. En Asie, Les cours du pétrole étaient en baisse dans les échanges matinaux sous l'effet de prises de bénéfices, après le rebond de la veille consécutif aux inquiétudes des marchés par rapport à la situation au Yémen. Le prix du baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en juin cédait 26 cents à 57,48 dollars dans les échanges électroniques. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison à même échéance perdait également 26 cents, à 64,59 dollars. "Il semblerait qu'il s'agisse de prises de bénéfices après la montée des cours provoquée par des facteurs géopolitiques", a commenté Nicholas Teo, analyste chez CMC Markets à Singapour. "Les rumeurs en provenance d'Arabie saoudite au sujet du Yémen ont joué sur les cours ces derniers jours", a-t-il ajouté.