Refroidie par une économie ralentie au 1er trimestre, la Réserve fédérale américaine (Fed) devait à nouveau s'armer de patience sur les taux d'intérêt mercredi même si elle avait officiellement renoncé à cette vertu lors de la précédente réunion de son Comité monétaire. Le Comité de politique monétaire (FOMC) de la Fed devait conclure hier à 18H00 GMT une réunion de deux jours à l'issue de laquelle il devait laisser les taux inchangés proches de zéro comme ils le sont depuis presque sept ans. Lors de sa dernière réunion en mars, le FOMC avait abandonné toute référence à la "patience" sur les taux dans son communiqué et la présidente Janet Yellen avait averti que si un resserrement du crédit était proscrit pour avril, celui-ci était possible "ensuite à n'importe quelle réunion du FOMC, suivant l'évolution de l'économie". De nombreux acteurs sur les marchés misaient alors sur une première hausse en juin. Mais, depuis, l'économie a montré des signes de ralentissement, du fait de l'hiver rigoureux, de l'appréciation du dollar et de l'impact de la chute des prix du pétrole, sans compter avec les incertitudes de l'économie mondiale. Plusieurs membres de la Fed ont assuré que ces freins n'étaient que temporaires et que la croissance devrait repartir d'un bon pas au printemps. Les marchés financiers seront attentifs au ton du communiqué sur ce point. Récemment, le vice-président de la Fed, Stanley Fischer, a affirmé prévoir "un rebond de la croissance après le premier trimestre". Un autre membre du Comité monétaire, William Dudley, président de la Fed de New York, a dit la semaine dernière "espérer" qu'une hausse des taux interviendrait "plus tard dans l'année". La montée du billet vert, qui pourrait coûter jusqu'à 0,6 point de pourcentage à la croissance annuelle, a handicapé les exportations, tandis que les bas prix du pétrole ont conduit à des suppressions d'emplois et des coupes dans les investissements des entreprises du secteur pétrolier. Une grève des ports en février sur la côte ouest a aussi engorgé les livraisons et ralenti les échanges.
Chute du moral des ménages Les créations d'emplois en mars ont été décevantes tombant à leur plus bas niveau depuis plus d'un an (126 000) tandis que le taux de chômage est resté stable à 5,5%. Les chiffres de l'emploi pour avril ne sont pas attendus avant vendredi 8 mai. Le moral des ménages est nettement retombé ce mois-ci, selon le baromètre du Conference Board publié mardi, le faisant reculer à son niveau de décembre. L'inflation, --l'autre critère, avec celui de l'emploi sur lequel se base la politique monétaire de la Fed-- est toujours très loin de l'objectif de la banque centrale qui est de 2%. Selon l'indice PCE, baromètre favori de la Fed, la hausse des prix n'a pas dépassé 0,3% sur un an en mars et 1,4% hors énergie et alimentation. Tout cela "laisse croire que le Comité va dire qu'il peut rester patient", ironisait l'économiste indépendant Joel Naroff, alors que le 18 mars dernier, la Fed avait justement choisi d'ôter enfin ce mot de son vocabulaire pour signaler une prochaine hausse des taux. "Ils vont probablement insister sur la nécessité de voir davantage de signes de croissance avant toute hausse des taux", ajoute-t-il alors que cette réunion d'avril donne seulement lieu à la publication d'un communiqué sans conférence de presse mercredi. "La mollesse de l'économie a de toute évidence réduit la probabilité d'une première hausse des taux pour juin", diagnostiquait Jim O'Sullivan de High Frequency Economics. L'accès de faiblesse de la croissance devrait être confirmé par la publication, mercredi également, de la première estimation officielle du Produit Intérieur Brut (PIB) pour le 1er trimestre. L'indicateur devrait montrer un net ralentissement de l'expansion à environ 1% de janvier à mars, selon la prévision médiane des analystes, contre 2,2% au dernier trimestre 2014.