La banque centrale des Etats-Unis (Fed) qui devrait continuer aujourd'hui de réduire son aide exceptionnelle à l'économie, pourrait modifier son message d'orientation monétaire pour s'offrir plus de flexibilité vers une future hausse des taux, estiment les analystes. Aujourd'hui, le Comité de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (FOMC) conclut une réunion de deux jours à l'issue de laquelle il devrait laisser ses taux d'intérêt proches de zéro, comme ils le sont depuis six ans. La présidente de la Fed, Janet Yellen, donnera une conférence de presse à 18H30 GMT/20h30 HEC et la banque centrale annoncera ses nouvelles prévisions de croissance, de taux de chômage et d'inflation. La Fed devrait encore réduire de 10 milliards de dollars ses achats d'actifs mensuels pour les faire descendre à 15 milliards de dollars et s'approcher de la fin annoncée de ce troisième cycle d'injection monétaire depuis la crise financière de 2008. Janet Yellen a récemment confirmé que la fin des achats d'obligations était prévue en octobre. Mais la Fed pourrait aussi, selon plusieurs analystes, abandonner dans son communiqué la référence à cette "période de temps considérable" pendant laquelle, après la fin des achats d'actifs, elle entend garder les taux proches de zéro. La majorité des analystes traduisent cette "période considérable" par un laps de temps de six mois, synonyme d'une première hausse des taux d'intérêt au milieu de 2015. Abandonner la période de temps considérable "Nous ne serions pas surpris si la Fed abandonnait cette promesse de +temps considérable+ entre la fin des achats d'actifs et la première hausse des taux", affirmait Paul Ashworth, de Capital Economics. La Fed a adopté cette formulation depuis mars. Auparavant, elle excluait toute hausse des taux tant que le taux de chômage serait supérieur à 6,5%, mais cet indicateur plancher a été enfoncé plus vite que prévu sans toutefois refléter un marché du travail en pleine santé. Le taux de chômage est tombé à 6,1% en août. L'objectif de la Fed de 2% d'inflation est lui aussi loin d'être atteint, l'indice des prix (PCE) n'atteignant que 1,6%. Pour des raisons parfois diamétralement opposées, plusieurs membres de la Fed ont récemment estimés que le FOMC devrait abandonner cette référence temporelle. Loretta Mester, la présidente de l'antenne de la Fed de Cleveland, a indiqué qu'elle préfèrerait un message d'orientation monétaire indiquant "que la politique monétaire sera calibrée par rapport aux progrès de l'économie". Eric Rosengren, de la Fed de Boston, qui plaide pour que le FOMC montre de la "patience" avant de relever les taux, voudrait aussi qu'on évite "de fournir une orientation inscrite dans le temps qui peut se révéler erronée". Dans le camp des "faucons", inquiets d'un retour de l'inflation, Charles Plosser de la Fed de Philadelphie, a déjà en juillet voté contre ce langage "inapproprié", selon lui. Il estime que cette formulation d'attente "pourrait limiter la marge de manœuvre du Comité" alors que les taux d'intérêt sont pour lui "déjà en retard" sur la vigueur de l'économie. Dans cet esprit, les bons chiffres des ventes de détail en août (+0,6%) et du moral des consommateurs publiés vendredi ne vont pas manquer de "raviver la motivation de ceux qui craignent l'inflation et trouvent que la Fed attend trop longtemps pour resserrer les taux", soulignait l'économiste indépendant Joel Naroff. Mais le FOMC pourrait aussi choisir de patienter avant de modifier son message sur l'évolution des taux afin d'éviter une fébrilité des marchés, comme celle qu'avait provoquée l'ancien président de la Fed, Ben Bernanke, en annonçant en juin 2013 le début de la fin des achats d'actifs. Cette amorce n'était intervenue qu'en décembre. La Fed pourrait aussi attendre des statistiques plus fermes du côté de l'emploi alors que les créations d'emplois ont été décevantes en août, à 142 000 contre plus de 200 000 chaque mois depuis six mois. Kamel A.