La banque centrale américaine (Fed) devrait faire preuve de "patience" sur l'évolution des taux d'intérêt mercredi, à l'issue d'une réunion de politique monétaire où elle tentera de mesurer l'impact du ralentissement mondial sur l'économie des Etats-Unis. Le Comité monétaire de la Réserve fédérale (FOMC) devait publier à 19h00 GMT hier un communiqué après sa première réunion de l'année. Il ne devrait guère différer de celui de la mi-décembre, quand la Fed avait affirmé qu'elle resterait "patiente" avant d'enclencher une première hausse des taux d'intérêt aux Etats-Unis depuis 2006, estiment les analystes. Les taux interbancaires au jour le jour sont maintenus entre zéro et 0,25% depuis fin 2008 lorsque la crise financière a plongé le pays dans la récession. "On ne prévoit pas de changement significatif dans le communiqué", ont affirmé les économistes de Deutsche Bank dans une note. Il n'y a pas de conférence de presse prévue pour la présidente de la Fed Janet Yellen, ni de nouvelles prévisions économiques. "C'est une réunion où l'on +attendra de voir+", a résumé Stephen Oliner, ancien économiste de la Fed et expert à l'American Enterprise Institute (AEI). Quelque 45% des 53 économistes, interrogés dans une enquête de Bloomberg News, estiment que la Fed relèvera le taux interbancaire au jour le jour lors de sa réunion de juin. 6% misent sur juillet et 30% sur septembre. Janet Yellen avait en tout cas assuré à la fin de l'année qu'une hausse des taux serait "peu probable" avant avril. Les membres du Comité monétaire (FOMC) devaient se focaliser mercredi sur l'influence que peut avoir le ralentissement de l'économie mondiale sur l'expansion américaine, alors que les prix du pétrole ont encore reculé depuis la dernière réunion et que le dollar s'est raffermi. Ces éléments pèsent sur l'inflation déjà très basse (1,2%, selon l'indice PCE). La Fed aimerait la voir remonter à autour de 2%. De l'autre côté de l'Atlantique, la Banque centrale européenne (BCE) s'est engagée dans un assouplissement monétaire sans précédent pour déjouer les risques de déflation, alors que la banque centrale américaine vient au contraire de clore son propre programme de rachats d'actifs cet automne. Au rang des préoccupations dans la zone euro figure aussi l'attitude du nouveau gouvernement grec, qui réclame une restructuration de son immense dette.
Indicateurs mitigés L'économie américaine a pour sa part affiché de solides progrès depuis quelques mois, le taux de chômage glissant à 5,6% tandis que la croissance du troisième trimestre s'est envolée à 5% en rythme annualisé. Mais des indicateurs mitigés cette semaine --notamment une chute des commandes de biens durables en décembre-- suggèrent un ralentissement des investissements du côté des entreprises. Plusieurs entreprises ont en outre publié des résultats décevants et surtout des prévisions peu encourageantes, du fait de l'appréciation du dollar, de la conjoncture morose à l'exportation et de la chute des prix du pétrole. "On dirait que le dollar fort et le ralentissement du secteur pétrolier commencent à faire mouche", notait Jennifer Lee, analyste pour BMO Capital Markets. Cela devrait déjà se refléter dans un ralentissement de la croissance au quatrième trimestre, dont le chiffre sera publié vendredi. A la vue du recul des commandes de biens durables, plusieurs analystes ont abaissé leurs attentes. Mais ils pourraient aussi être surpris par la bonne tenue des dépenses de consommation, qui devraient être dopées par la baisse des prix des carburants libérant du pouvoir d'achat. Le moral des ménages publié mardi par le Conference Board a en effet bondi à son plus niveau depuis sept an et demi. La prévision médiane des analystes pour la croissance du Produit intérieur brut (PIB) au dernier trimestre mise sur une expansion de 3,2%.