Après une fin de semaine éclairée par des chiffres encourageants sur l'emploi américain, Wall Street, remise sur de bons rails, va chercher des éléments susceptibles de confirmer ce regain de confiance. Lors des cinq dernières séances, l'indice vedette Dow Jones Industrial Average a gagné 0,93% à 18 191,11 points. Le Nasdaq, à dominante technologique, n'a presque pas bougé, perdant 0,04%, à 5 003,54 points, et l'indice élargi Standard and Poor's 500, très surveillé par les investisseurs, a pris 0,37% à 2 116,10 points. Les indices ont zigzagué pendant la plus grande partie de la semaine, faute d'éléments à digérer, mais se sont franchement relancés vendredi après la publication par le gouvernement américain des chiffres sur l'emploi en avril aux Etats-Unis. "C'est une semaine qui a commencé sous le signe de la confusion et se termine d'une façon étonnamment positive", a résumé Gregori Volokhine, de Meeschaert Financial Services. "La confusion a été semée par quelque chose que l'on n'attendait pas du tout, c'est-à-dire les commentaires de Janet Yellen sur les marchés." La présidente de la Banque centrale américaine (Fed) a estimé mercredi que la valorisation des marchés boursiers était "assez haute" et que cela présentait "des dangers potentiels". Cependant, les investisseurs ont vite oublié ces déclarations et "sont retombés sur leur pieds vendredi avec les chiffres sur l'emploi", a jugé M. Volokhine. Avec 223 000 embauches en avril, soit un très net rebond après un mois de mars franchement médiocre, et une légère baisse du taux de chômage, ces chiffres n'ont pas surpris les marchés mais les ont rassurés, même si les salaires n'ont enregistré qu'une hausse très minime. "Les investisseurs voient que sur le marché de l'emploi les choses vont dans le bon sens après un premier trimestre difficile", avec une croissance presque nulle, a expliqué M. Volokhine. "Mais ils voient aussi que les salaires augmentent peu, ce qui ne donne pas de munitions à la Fed pour être agressive, que ce soit en juin, en septembre ou en décembre. C'est une situation idéale pour un investisseur."
"Penser à l'envers" Les marchés se demandent quand la Fed, qui accorde une importance particulière au niveau des salaires, relèvera ses taux d'intérêt, actuellement presque nuls, et retirera ainsi un précieux soutien à l'économie. "Mais la Fed s'en fiche de savoir si les chiffres de l'emploi sont meilleurs ou moins bons que ce Wall Street attendait !", a tempéré Chris Low, de FTN Financial. "Ce qu'elle va voir, c'est le rebond des embauches, la baisse du chômage (...) et je pense qu'elle va dire qu'une hausse des taux est toujours concevable en juin", date de sa prochaine décision de politique monétaire. "Ceci dit, s'ils veulent prendre ce chemin, ils auront besoin d'une plus forte croissance, et sur ce plan, le prochain test, ce sera le chiffre sur les ventes de détail en avril", mercredi, a-t-il jugé. "Si le premier trimestre a été décevant, c'est en premier lieu parce que les gens ont dépensé moins que prévu pour des articles de détail." Parmi les autres indicateurs notables, les chiffres sur la production industrielle seront annoncés vendredi, également pour avril. "Vu comme la crainte d'un relèvement des taux pousse les gens à penser à l'envers, je pense que le marché réagirait bien à un petit déclin", a prévenu M. Low. Sur le plan des entreprises, la Bourse devrait en revanche faire face à une actualité plus réduite, au moment où s'achèvent les résultats d'entreprises du premier trimestre, même si le marché continue à être animé par une série de rumeurs d'acquisitions, souvent démenties, comme celle de l'éditeur de logiciels Salesforce par le groupe informatique Microsoft. "Au sein du S&P 500, 65% des groupes ont annoncé des meilleurs résultats que prévu, ce qui est plutôt positif", a jugé Tom Cahill, de Ventura Capital Management. "A Wall Street, l'instabilité récente était largement due à la perspective des résultats, donc je pense que les choses vont se calmer." "Ce qui m'inquiète le plus, c'est la Grèce, qui doit rembourser 750 millions d'euros au Fonds monétaire international (FMI) le 12", a-t-il conclu. "On en arrive au point le plus épineux des négociations, et cela pourrait vraiment plomber le marché."