Le procès de l'affaire Khalifa Bank a repris, hier matin, au tribunal criminel de Blida, pour la dixième journée, par l'audition d'Abdallah Boulefrad, ancien DG d'une usine de boissons alcoolisées à Oran. D'autres accusés seront auditionnés tout au long de la journée. Depuis l'ouverture du procès, le 4 mai dernier, consacré lors des deux premiers jours à la lecture de l'arrêt de renvoi, environ une vingtaine de prévenus avait comparu devant le président du tribunal, M. Antar Menouar. Le principal accusé, Abdelmoumène Rafik Khelifa a été le premier à répondre des chefs d'inculpation que sont "l'association de malfaiteurs, l'escroquerie, l'abus de confiance, le faux et usage de faux en écriture bancaire et en officiel, la banqueroute frauduleuse, la corruption et le détournement de fonds". Durant deux jours, l'ex-milliardaire déchu a nié avoir enfreint la réglementation. S'agissant de la création d'El Khalifa Bank et soutenu, notamment, avoir laissé, en quittant l'Algérie en 2003, le groupe qui portait son nom dans une situation d'excédent financier. L'audience de jeudi dernier a été marquée, quant à elle, par le passage à la barre de l'ex-P-DG) du groupe Saidal, Ali Aoun, lequel a affirmé avoir été l'un des trois gestionnaires sur les 25 du groupe ayant refusé de déposer de l'argent au niveau de Khalifa Bank, malgré, a-t-il dit, l'instruction émanant du directoire du Fonds de participation de l'Etat. Mercredi, c'est l'accusé Foudad Adda, ancien directeur de l'Ecole de police d'Aïn Benian (Alger) qui a comparu pour nier les accusations retenues contre lui dans cette affaire à savoir, l'escroquerie, la corruption, la falsification d'écritures officielles et administratives, l'abus de confiance et l'abus de pouvoir. Foudad Adda, qui était un ancien membre de la commission de contrôle de la Mutualité générale de la Sûreté nationale, est ainsi accusé d'en avoir transféré les fonds vers l'agence de Khalifa Bank de Chéraga puis vers celle des Abattoirs d'Hussein-Dey, en contrepartie d'avantages de la part du groupe Khalifa. Tout en infirmant les faits retenus contre lui et arguant détenir les documents prouvant ses dires, M. Foudad a soutenu n'avoir eu "aucun lien personnel" avec Abdelmoumène Khelifa. Durant la même journée, les commissaires aux comptes de l'ex-Khalifa Bank, Lakhdar Mimi et Hamid Sekhara, ont affirmé, lors de leur audition, l'existence d'"irrégularités" dans la gestion comptable de ladite banque durant la période 1998-2000 et n'être tous deux "pas au courant" de la nécessité d'en faire état au procureur de la République. Depuis le début du procès, tous les accusés ont nié quasiment en bloc les faits qui leur ont été reprochés ou en ont imputé la responsabilité initiale à d'autres, notamment à l'infortuné Abdelmoumène Khelifa. Parmi lesquels Abdelouahab Réda, son ex-garde du corps lequel a soutenu avoir reçu des ordres verbaux de son ex-patron pour transférer des fonds de la caisse principale de la banque au profit de ce dernier. La programmation du procès après cassation de l'affaire de la caisse principale de Khalifa Bank intervient après le report du premier procès qui devait avoir lieu en 2013 et huit ans après le premier procès en contumace ayant eu lieu en 2007, durant lequel Abdelmoumène Khelifa avait été condamné à la réclusion à perpétuité. En référence aux procédures pénales, le juge Antar Menouar avait décidé la jonction des deux affaires (celle de Khalifa Bank avec celle d'Abdelmoumène Khelifa), dans la mesure où il s'agit du même dossier comportant le même thème, les mêmes accusés, les mêmes parties civiles et victimes. 71 accusés, après le décès de 4, dont 21 en détention doivent comparaître dans le cadre du procès en cours et durant lequel plus de 300 témoins seront entendus, en sus de la partie civile et des victimes.
Les cadres des OPGI nient les chefs d'accusation Pour rappel, les responsables et cadres des Offices de promotion et gestion immobilières (OPGI) de certaines wilayas de l'Ouest du pays, ont nié, jeudi dernier, les faits qui leur sont reprochés dans l'affaire Khalifa, indiquant que les placements effectués au niveau de l'agence de khalifa-bank d'Oran ont été faits conformément à des conventions signées entre les deux parties. Les directeurs des OPGI qui répondent aux accusations de corruption, de trafic d'influence et bénéfice de privilèges et d'avantages en contrepartie de placements au sein de Khalifa Bank ont nié en bloc les faits et ont affirmé qu' "ils ont procédé à ces dépôts en vertu de conventions signées entre leurs entreprises et ladite banque, et avec l'aval, pour certains d'entre eux de leurs conseils d'administration respectifs". L'ex-chef de service des finances et du budget à l'OPGI de Relizane, Bencetta Ali Tayeb, a déclaré devant le juge qu'il avait déposé un montant de 3 milliards de centimes, conformément à la convention signée par le directeur général, Bacha Said, et ramenée à l'unité par son directeur, Ouail Abdelhamid. Ce dernier confirme les propos du chef de service précisant que la direction générale de l'OPGI a déposé 80 millions de dinars et UPI (unité de promotion immobilière) 30 millions de dinars. Le chef de service de l'administration et de la comptabilité de l'OPGI de Relizane Berkat Benachir, a pour sa part indiqué qu'il avait procédé au placement de 80 millions de dinars, comme le stipulait la convention signée entre son entreprise et la banque Khalifa, en réponse au procureur. L'ex-directeur de l'Agence foncière d'Ain Temouchent a expliqué qu'il avait effectué des placements sur plusieurs tranches, en retirant près de 100 millions de dinars de la BDL et du CPA, selon la convention signée suite à une résolution du conseil d'administration. L'ex-P-DG de l'entreprise publique de réalisation des grands œuvres d'Oran, Belhachemi Khedouja, a expliqué que le placement de 229 millions de dinars au sein de la Banque Khalifa a été motivé par les taux d'intérêt alléchants, mais aussi par les "dysfonctionnements" constatés au sein des banques publiques. Elle déclare détenir des copies des résolutions du conseil d'administration qui lui demandait de procéder à des "placements à des taux attractifs", ajoutant en réponse à une question du procureur sur les garanties que "la garantie pour nous était que cette institution financière était agréée par la Banque centrale". Les accusés qui ont comparu devant le juge ont tous infirmé avoir pris des "commissions, bénéficier de carte de transport gratuit sur Khalifa Airways", allant jusqu'à dire, pour certains, que les noms qui figurent sur les listes trouvés au sein des agences Khalifa ne sont autres que des homonymes et non pas des membres de leurs familles.