Les commissaires aux comptes non détenus de l'ex-Khalifa Bank, Lakhdar Mimi et Hamid Sekhara, ont affirmé mercredi au tribunal criminel de Blida, dans le cadre de leur audition dans le procès de l'affaire Khalifa Bank l'existence d'"irrégularités" dans la gestion comptable de ladite banque. Lors de leur audition par le président du tribunal Antar Menouar, les deux accusés qui étaient en charge du contrôle de la régularité comptable de l'ex-groupe Khalifa, ont affirmé l'existence d'"irrégularités" dans ce sens durant la période 1998-2000, précisant que l'élaboration du bilan de 2000 avait enregistré un retard de 18 mois. Imputant cette situation à une "faiblesse d'encadrement", le prévenu Mimi a précisé que les irrégularités consistaient en le non respect du taux de risque pratiqué par les banques, à savoir un maximum de 20% du capital de celles-ci. Cette infraction ayant été commise pas moins de 16 reprises, a-t-il poursuivi. Le prévenu a soutenu, à ce propos, que la création même du groupe est "illégale" car ne disposant pas de la "personne morale" pour ce faire considérant que la loi n'a pas spécifié le statut des groupes. Le prévenu Sekhara a précisé, quant à lui, que le rôle du commissaire aux comptes consistait à établir des rapports préliminaires pour la Banque d'Algérie, l'examen des budgets et leur redressement. "Ce qui n'a pas été réalisé lors de la première année de la création de la banque", a-t-il fait remarquer. Répondant au procureur général, M. Zerg Erras, M. Sekhara a assuré, en outre, avoir saisi le patron du groupe sur les irrégularités "constatées", lesquelles ont été "assainies relativement", estimant qu' "un souci de qualification de certains employés aurait empêché une régularisation totale". "Si nous avions constaté une volonté préméditée de dissimulation, nous l'aurions signalée", a-t-il poursuivi. Les prévenus ont, par ailleurs, soutenu tous deux n'être pas "au courant" de la nécessité d'informer le procureur de la République sur les irrégularités évoquées. Ayant demandé la parole, Abdelmouméne Khalifa a tenu à clarifier que "tout risque encouru par l'une des filiales du groupe Khalifa signifie un risque sur le bilan de celui-ci dés lors qu'il en représente la société-mère". 71 accusés dont 21 en détention dans le procès de l'affaire de Khalifa Bank durant lequel le principal accusé, Abdelmouméne Rafik Khalifa répondent de plusieurs chefs d'inculpation, dont notamment "association de malfaiteurs, escroquerie, abus de confiance, faux et usage de faux en bancaire et en officiel, banqueroute organisée". Outre la partie civile et les victimes, plus de 300 témoins seront entendus dans cette affaire, examinée la première fois en contumace en 2007. Affaire Khalifa: un ancien directeur de l'Ecole de police de Aïn Benian nie les accusations retenues contre lui - L'accusé Foudad Adda, ancien directeur de l'Ecole de police de Aïn Benian (Alger) a nié mercredi devant le tribunal criminel de Blida les accusations retenues contre lui dans l'affaire Khalifa Bank (escroquerie, corruption, falsification d'écritures officielles et administratives et abus de confiance et abus de pouvoir). L'accusé qui était un ancien membre de la commission de contrôle de la Mutualité générale de la sûreté nationale, a dit n'avoir aucun lien personnel avec Abdelmoumène Khelifa ajoutant avoir en sa possession des documents infirmant les faits retenus contre lui. Il est également poursuivi pour "transfert de fonds de la Mutualité générale de la sûreté nationale vers l'agence de Cheraga avant de les transférer vers l'agence des abattoirs d'Hussein-Dey en bénéficiant, en contrepartie, d"avantages de la part du groupe dont des billets de voyage gratuits à bord de Khalifa-Airways". Selon l'arrêt de renvoi, l'enquête a révélé que l'accusé a utilisé son poste pour bénéficier de lots de terrains à Aïn Benian. Il utilisait le sceau de l'Ecole de police dans ses demandes adressées aux autorités locales pour l'obtention de ces terrains pour lui et son fils". Le juge l'a confronté à l'accord passé avec Abdelmoumène Khelifa en vertu duquel il avait "déposé des sommes d'argent en devises à la succursale de la banque à Paris dont le montant est estimé à plus de 600.000 euros avant de les récupérer de manière frauduleuse". L'accusé a pu obtenir une "attestation d'ouverture d'un compte spécial pour y déposer ses fonds à terme à l'agence d'Hussein-Dey rédigée par son directeur sans opérer aucun transfert se contentant uniquement des écritures bancaires sur la base de l'accord passé entre lui et Abdelmoumène Khelifa avant que l'enquête ne révèle que son compte au niveau de la filiale de Khalifa-Bank à Paris existait toujours et n'a jamais fait l'objet d'un transfert vers l'Algérie". L'enquête a également fait ressortir que Foudad Adda a "conclu un acte fictif en vertu duquel il a hypothéqué ses fonds déposés à l'agence d'Hussein-Dey au profit d'une firme algéro-espagnole. Il a pu récupérer plus tard 52 millions DA par tranches après la dissolution de Khalifa-Bank. Foudad a aussi récupéré ses fonds déposés en France sans attendre pour autant son tour sur la liste des débiteurs de la banque qui était en liquidation". L'audition de l'accusé par le tribunal se poursuivra jeudi avant l'intervention du représentant de la partie civile, le parquet général et la défense. L'ancien directeur général de SAIDAL, Ali Aoun sera également auditionné. Au total, 71 accusés (après le décès de 5 autres) sont actuellement jugés dans ce même procès. 21 d'entre eux sont en détention. Outre la partie civile et les victimes, plus de 300 témoins seront entendus dans cette affaire.