Le procès de l'affaire Khalifa Bank a été marqué jeudi, au tribunal criminel de Blida, par l'audition de l'ex-directeur de l'Ecole de police d'Aïn Benian, Adda Foudad. L'accusé a affirmé qu'il n'avait «aucune relation personnelle» avec l'accusé principal, Abdelmoumène Khelifa, et qu'il détenait des documents prouvant son innocence. Foudad, qui était membre du conseil d'administration de la Mutuelle des travailleurs de la sûreté nationale, accusé de «corruption, de trafic d'influence, de falsification, d'abus de confiance», a affirmé, pour se défendre, qu'il n'avait pas conclu de deal avec l'ex-PDG de Khalifa Bank, à l'issue duquel il a procédé au dépôt d'un montant de 609 000 euros à l'agence Khalifa Bank de Paris pour le récupérer, par la suite, au niveau de l'agence des Abattoirs d'Alger. Le juge, Menouar Antar, a demandé à l'accusé s'il avait déjà eu «la certitude que le montant avait été bel et bien transféré avant d'en bénéficier de l'équivalent en dinars, soit 52 millions DA, à travers une reconnaissance de dette signée par les propriétaires d'une société algéro-espagnole d'alimentation située à Oran». L'accusé a tenté de dévier la question en soulignant que les responsables de l'agence des Abattoirs lui ont exhibé un document dans ce sens. Le juge qui n'est pas tombé dans le piège est revenu en demandant des explications quant à «l'attestation bancaire relative à ses dépôts au niveau de l'agence de Paris, après l'opération». Il s'agit d'un relevé bancaire de l'agence Khalifa Bank de Paris trouvé au domicile de l'accusé lors de la perquisition. «Cet accusé prouve que les 609 000 euros n'ont jamais été transférés vers l'agence des Abattoirs à Alger», note le juge Menouar. La question demeure sans réponse puisque l'accusé ne donne point d'explications et s'étale sur sa relation avec le directeur de l'agence des Abattoirs, Hocine Soualmi, et qui était également le représentant de la banque dans la capitale française, qui lui promettait de «régulariser» sa situation comptable. L'autre chef d'inculpation a trait au dépôt de l'argent de la Mutuelle des travailleurs de la sûreté nationale à l'agence de Chéraga ensuite à celle des Abattoirs (Hussein Dey) en contrepartie d'avantages et de privilèges du groupe Khalifa dont des cartes de voyages gratuits sur les lignes de Khalifa Airways et une carte de crédit en devises. Selon l'arrêt de renvoi, l'accusé a usé de son poste pour bénéficier de lots de terrain à Aïn Benian ainsi que pour son fils, en utilisant le cachet de l'école de police. L'accusé a nié totalement les faits retenus contre lui, précisant qu'il ne voulait pas tirer profit de sa situation mais ce sont «des propositions qu'il recevait». Pour l'argent de la mutuelle, l'accusé a indiqué qu'il n'était pas présent lors des négociations et qu'il n'avait pas le pouvoir de décision.