Jean-Bernard Lévy, P-DG d'EDF, veut proposer de racheter l'activité réacteur du groupe nucléaire Areva à un prix juste qui soit aussi un prix de marché, a-t-il déclaré hier. Dans un entretien au Figaro, M. Levy défend la logique industrielle d'une prise de contrôle majoritaire de cette activité par EDF. Aujourd'hui, Areva est dans une situation fragile, et il faut accepter de tout remettre à plat, explique M. Lévy. Nous y avons intérêt parce qu'EDF a besoin d'un Areva fort, sur l'ensemble des prestations, et parce que le gouvernement nous en a, logiquement, fait la demande. Au micro d'Europe 1, le patron de EDF a précisé n'avoir pas terminé les calculs. Mais le moment venu, a priori dans quelques jours, EDF proposera un prix juste, mais aussi un prix de marché, a-t-il souligné. Nous devons aux actionnaires d'EDF, nous devons à l'ensemble des Français, de payer le prix juste pour ces activités si le gouvernement décide qu'en effet en France les réacteurs, c'est EDF. Dans le quotidien, il défend l'intérêt d'une reprise par EDF des réacteurs. Il y a un domaine d'Areva que nous connaissons très bien, c'est celui des réacteurs: nous sommes le premier exploitant au monde par la capacité installée, relève-t-il, estimant qu'il y a donc une logique industrielle à ce qu'EDF prenne le contrôle de cette activité réacteurs, qui correspond au périmètre de l'ancien Framatome. Areva NP regroupe la conception, la fabrication et la maintenance des réacteurs nucléaires. L'alliance EDF-Framatome, il y a 20 ans, a apporté à la France ses plus grands succès à l'exportation, rappelle-t-il. En revanche, s'agissant des autres métiers d'Areva, n'étant ni exploitants miniers, ni géologues, ni chimistes, nous n'avons pas de rôle industriel à jouer. La transaction ne peut se faire qu'à un prix de marché. Et elle doit prévoir des garanties pour qu'EDF ne soit pas exposé aux risques liés au passé d'Areva, notamment en Finlande, juge-t-il. La proposition ambitieuse d'EDF respecte et préserve les compétences techniques de l'activité réacteurs d'Areva, et ouvre la voie à des alliances avec des tiers, des partenaires industriels, français ou étrangers, précise-t-il encore. Si le projet de rachat de l'activité réacteur par EDF n'aboutissait pas, M. Lévy formule une proposition alternative, à savoir le rapatriement chez EDF des 1 200 ingénieurs qui sont au quotidien les partenaires des ingénieurs d'EDF concernant la conception et les calculs de sûreté des réacteurs français. C'est à l'Etat, actionnaire majoritaire d'EDF, et à Areva de décider, conclut-il. Le groupe Areva, détenu à près de 87% par des capitaux publics, a annoncé le 7 mai la suppression de 5 000 à 6 000 emplois dans le monde, dont 3 000 à 4 000 en France, dans le cadre d'un plan de redressement. Le ministre de l'Economie Emmanuel Macron, qui doit recevoir les syndicats du groupe nucléaire le 22 mai, a estimé dans une interview à l'Usine nouvelle mise en ligne lundi que l'organisation la plus efficace de la filière nucléaire française passe par de nouveaux liens commerciaux entre EDF et Areva. Il a également assuré qu'aucun licenciement n'était envisagé en France au sein du groupe nucléaire.
EDF est dans une situation financière délicate, a besoin de hausses tarifaires Jean-Bernard Lévy, a une nouvelle fois plaidé hier pour des hausses des tarifs de l'électricité, qui permettent à l'entreprise publique de couvrir ses coûts, affirmant que la situation financière du groupe était délicate. EDF devra faire face à des investissements essentiels dans les prochaines années (maintenance en vue de la prolongation du parc nucléaire, développement des énergies renouvelables, etc.), et dans ce contexte, nous sommes vigilants par rapport au niveau d'endettement du groupe, dont la situation financière est délicate, a affirmé le dirigeant en ouverture de l'assemblée générale des actionnaires de la société. Le dirigeant a de nouveau réclamé à l'Etat, qui détient 84,5% du capital et fixe les tarifs réglementés de l'électricité, un rattrapage tarifaire, qui permette au groupe de couvrir ses coûts. Dans le même temps, à travers son plan stratégique Cap 2030, EDF cherchera à retrouver la croissance et s'appliquera à surveiller ses coûts opérationnels, notamment à travers une meilleure maîtrise industrielle des grands chantiers, tels que celui de l'EPR de Flamanville, qui a pris beaucoup de retard. Le dernier déboire en date, la découverte d'une anomalie dans la composition de l'acier du couvercle et du fond de la cuve du réacteur nucléaire, ne devrait pas entraîner de retard supplémentaire, a souligné M. Levy au micro d'Europe 1. Nous avons fait des calculs, nous allons maintenant faire des tests sous l'autorité de l'Autorité de sûreté nucléaire, qui a tous les pouvoirs en la matière. Nous pensons que ces tests, qui seront faits cet été, permettront de démontrer qu'il n'y a pas de risque de sûreté sur ces matériels, qui ont été fabriqués à l'époque conformément aux normes, a-t-il déclaré. Le lancement de l'EPR devrait s'effectuer le plus tôt possible, et je l'espère dès 2017, conformément aux dernières prévisions, a-t-il ajouté. Le démarrage était initialement prévu en 2012 et a été repoussé à plusieurs reprises.