Areva, acculé avec une perte record en 2014 proche de 5 milliards d'euros, a annoncé hier un vaste plan d'économies et de cessions pour redresser ses comptes mais a remis à la mi-2015 les annonces sur le volet social et son renflouement. "L'ampleur de la perte nette de l'exercice 2014 illustre le double défi auquel Areva est confronté: stagnation durable des activités nucléaires, manque de compétitivité et difficile gestion des risques inhérents aux grands projets. Le groupe a pris la mesure de la gravité de la situation", a affirmé Philippe Knoche, directeur général du groupe, cité dans un communiqué. La stratégie de redressement du spécialiste français du nucléaire passera donc par un plan de compétitivité visant à trouver 1 milliard d'euros d'économies d'ici 2017 via "de nouveaux leviers d'achats", "une forte amélioration de la productivité" et "en allégeant les structures et en optimisant les implantations géographiques". Sur le volet social, le groupe avait prévenu qu'il ne ferait pas d'annonces immédiatement et prévoit d'engager "à partir de la fin du mois de mars" une phase de concertation avec les organisations syndicales sur "un projet d'accord-cadre" relatif à "l'emploi, aux rémunérations et au temps de travail". Areva a aussi un besoin urgent de se renflouer mais n'annoncera un plan de financement 2015-2017 que d'ici à la publication de ses résultats semestriels le 30 juillet. Ce plan passera notamment par une nette réduction des investissements qui seront ramenés à moins de 3 milliards d'euros d'ici 2017 contre 4,6 milliards entre 2012 et 2014 et un programme de cessions d'actifs supérieur aux 450 millions d'euros annoncés en octobre dernier. Le groupe annonce aussi "la levée de financements bancaires au niveau des actifs industriels" et "des partenariats comportant un volet financier". Prenant note que "les fondamentaux" du marché nucléaire "ont changé au cours des dernières années", Areva prévoit de se "recentrer sur le cœur des procédés nucléaires" tout en conservant son modèle intégré sur toute la chaîne de valeur du secteur avec une priorité donnée à sa présence en Chine. Le groupe souhaite aussi une "refonte" de son partenariat avec EDF, son principal client, axée sur l'achèvement des projets en cours (EPR de Flamanville, EPR d'Hinkley Point au Royaume-Uni), l'optimisation de la gamme de réacteurs développée par les deux groupes français et le "défi de la compétitivité". Cette refonte du partenariat entre les deux groupes pourrait passer par "un rapprochement, y compris capitalistique", dans l'activité réacteurs, l'ingénierie et la maintenance, a indiqué mercredi le ministre de l'Economie Emmanuel Macron dans un entretien au Figaro. Une recapitalisation publique est à l'inverse "prématurée" a-t-il ajouté. En 2014, les provisions passées sur les pertes à terminaison de contrats des projets principaux du groupe ont atteint 1,097 milliard d'euros, dont 720 millions pour le seul projet d'EPR finlandais Olkiuloto 3, qui accumule les retards et les dérapages de budget. Areva, qui avait suspendu à l'automne l'ensemble de ses perspectives financières pour 2015 et 2016, prévoit désormais un cash-flow (flux de trésorerie) net, "hors plan de compétitivité et coûts de mise en œuvre associés", entre -1,7 et -1,3 milliard d'euros. Et il vise un retour au cash-flow net positif en 2018.
Il n'y aura pas de licenciements, assure Rebsamen Le ministre du Travail François Rebsamen a déclaré mercredi ne pas avoir connaissance à ce stade d'un plan de suppression de postes chez Areva, qui a fait état d'une perte record de près de 5 milliards d'euros, soulignant que le cas échéant, il n'y aurait pas de licenciements. On va suivre ça de près, a dit le ministre sur France Inter, précisant qu'à ce stade aucune suppression de postes n'avait été évoquée notamment lors d'une rencontre lundi avec le dirigeant du groupe nucléaire Philippe Varin en présence du ministre de l'Economie Emmanuel Macron. S'il y avait des suppressions de postes, cela se ferait bien sûr sans licenciements, a-t-il ajouté. Effectivement, il faut redresser la barre, et retrouver un milliard d'euros d'ici trois ans, a déclaré M. Rebsamen. On va voir comment M. Varin envisage de proposer de redresser Areva, a ajouté le ministre. Il a précisé que lors de la rencontre de lundi, le responsable d'Areva et les ministres avaient fait le bilan pour voir comment on en était arrivé là, quels étaient les chantiers qui avaient dérapé, quelle était la conjoncture, mais a assuré qu'aucun plan social n'avait été évoqué.