Un deuxième Marocain recherché pour son implication présumée dans le sanglant attentat du 18 mars contre le musée du Bardo à Tunis a été arrêté à la frontière tuniso-libyenne, a annoncé jeudi le porte-parole du ministère de l'Intérieur. Identifié comme Noureddine al-Naïbi, il a été arrêté (au poste-frontière de) Ras Jedir dimanche alors qu'il revenait en Tunisie depuis la Libye, a déclaré Mohamed Ali Aroui. L'homme, qui avait un faux passeport, était impliqué de manière indirecte dans l'attentat, tout comme un autre Marocain récemment arrêté en Italie, a ajouté M. Aroui sans autres précisions sur son rôle présumé. 22 personnes -21 touristes étrangers et un policier tunisien- ont été tuées dans l'attaque contre le musée, revendiquée par l'organisation Etat islamique (EI) mais qui, selon Tunis, a été dirigée par Lokmane Abou Sakhr, un chef djihadiste algérien lié à Al-Qaïda abattu fin mars par les forces de l'ordre tunisiennes. Le ministère de l'Intérieur a indiqué avoir interpellé une cinquantaine de personnes dans le cadre de l'enquête sur cet attentat commis par deux jeunes Tunisiens et en rechercher d'autres. Les autorités ont également émis des mandats d'arrêt internationaux contre deux Marocains et un Algérien. La semaine dernière, la police italienne a annoncé l'arrestation d'un jeune Marocain soupçonné de soutien logistique aux assaillants et arrivé en février sur une embarcation clandestine, sur la base de ces mandats d'arrêt pour homicides volontaires avec préméditation et conspiration en vue de commettre un attentat. Abdelmajid Touil, 22 ans, connu sous le pseudonyme d'Abdallah, a été arrêté à Gaggiano, près de Milan (nord), dans l'appartement où résident sa mère et ses deux frères. Le 22 mai, le jeune homme, qui clame son innocence, a refusé d'être extradé vers la Tunisie. Selon son avocate, Abdelmajid Touil assure que son arrestation est une erreur. Sa version est cohérente, il n'a jamais bougé d'Italie. Il n'a rien à voir (avec l'attentat, ndlr) et il ne comprend pas comment cette erreur a pu se produire, a dit Me Silvia Fiorentini. Depuis la révolution de janvier 2011, la Tunisie fait face à l'essor d'une mouvance djihadiste, en particulier à la frontière avec l'Algérie où des heurts réguliers ont lieu entre hommes armés et militaires. Mais le pays est aussi confronté au chaos grandissant en Libye voisine où des groupes armés s'affrontent depuis des mois, y permettant notamment l'émergence de l'EI. Selon les autorités tunisiennes, les deux assaillants du musée du Bardo ont ainsi été formés aux armes en Libye. La frontière tuniso-libyenne, en plein désert, est par ailleurs très poreuse. Les trafics en tout genre s'y sont développés ces dernières années et des saisies d'armes y ont sporadiquement lieu.