Trois membres présumés d'Al-Qaïda ont été tués par le tir d'un drone dans une ville du sud-est du Yémen qu'ils contrôlent, a annoncé hier un responsable local. Le drone a tiré quatre missiles sur trois activistes d'Al-Qaïda qui se tenaient près du port de Moukalla, les tuant sur le coup mardi soir, a déclaré cette source. Une figure de premier plan du groupe fait partie des victimes, a poursuivi le responsable sans donner cependant l'identité de cette personne. Profitant du chaos provoqué par l'offensive lancée l'année dernière par les rebelles chiites Houthis et de l'affaiblissement du pouvoir avec la fuite du président Abd Rabbo Mansour Hadi, réfugié en Arabie saoudite, Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa) s'est notamment emparé début avril de la ville portuaire de Moukalla, dans la province du Hadramout. En dépit de la situation très instable au Yémen, les Etats-Unis ont affirmé leur détermination à continuer à combattre Aqpa, considéré par Washington comme la branche la plus dangereuse du réseau extrémiste sunnite. Les Etats-Unis sont le seul pays à disposer de drones dans la région. Pour tenter de stopper l'avancée des Houthis au Yémen, l'Arabie saoudite a pris la tête d'une coalition arabe qui mène depuis fin mars des raids aériens sur les rebelles et leurs alliés, s'ajoutant aux combats meurtriers sur le terrain. Dans la grande ville du Sud, Aden, des combats ont fait rage entre les rebelles et les Comités de la résistance populaire, formés de combattants pro-gouvernementaux, des membres de tribus sunnites et de séparatistes sudistes. Au moins 22 personnes ont péri des deux côtés durant les combats des dernières 24 heures et les raids de la coalition arabe, a indiqué Ali al-Ahmedi, porte-parole des Comités de la résistance populaire. Les combats ont notamment eu lieu près de Buraiqa, un quartier stratégique de la ville avec une raffinerie de pétrole et un port. Les habitants d'un autre quartier résidentiel d'Aden ont accusé les rebelles Houthis et leurs alliés d'avoir tiré plusieurs roquettes provoquant la destruction de plusieurs habitations. Aucun bilan de ces tirs n'a pu être obtenu dans l'immédiat. Un nouveau cycle de pourparlers sous l'égide de l'ONU doit s'ouvrir dimanche à Genève entre le gouvernement du président Hadi, les rebelles Houthis et d'autres groupes politiques pour trouver une issue au conflit, qui a fait à ce jour plus de 2 000 morts. De nouveaux raids ont frappé dans la nuit d des positions des Houthis dans le centre de Sanaa, notamment le ministère de la Défense, ont rapporté des témoins. D'autres frappes ont touché des dépôts d'armes dans la capitale, ainsi que des positions des Houthis notamment à Saada, le bastion des rebelles chiites dans le nord, et dans la province de Hajja (nord-ouest), toujours selon des témoins. Dans le sud du Yémen, les combats se sont poursuivis à la périphérie d'Aden, la deuxième ville du pays, cible d'attaques rebelles depuis mars. Sept personnes ont été tuées et au moins 67 blessées, la plupart des civils, depuis lundi, a déclaré le responsable des services de santé Al-Khader Laswar, alors que plusieurs quartiers d'Aden étaient la cible de tirs de roquettes et d'obus de la part des rebelles. Les avions de la coalition ont pour leur part visé des positions des rebelles qui tentent de s'emparer du quartier de Bir Ahmed, selon une source militaire. A Daleh (sud), huit combattants sudistes ont été tués quand les avions de la coalition ont touché par erreur une position militaire que les combattants pro-gouvernementaux avaient pris, selon une source du groupe de la Résistance populaire. D'autre part, l'Iran, rival régional de l'Arabie saoudite accusé de soutenir les Houthis, a interpellé mardi le Conseil de sécurité de l'ONU sur des raids de la coalition qui ont touché son ambassade à Sanaa, prévenant qu'une autre attaque similaire aurait de graves conséquences. Partis de Saada, leur fief dans le nord du Yémen, les Houthis ont pris le contrôle de la capitale Sanaa en septembre, puis de vastes régions du nord, de l'ouest et du centre, avant d'avancer vers le sud, poussant M. Hadi à fuir Aden, où il s'était réfugié, pour s'exiler en Arabie saoudite. Ryad a alors pris la tête d'une coalition arabe qui a lancé le 26 mars une campagne de frappes aériennes contre les Houthis et leurs alliés, des unités militaires restées fidèles à l'ex-président Saleh.