Le pétrole, cette matière première qui est au cœur de l'activité économique en Algérie est, en effet, mis à mal depuis plusieurs mois par la baisse vertigineuse des prix. Afin de tenter de relever l'économie du pays, la Banque d'Algérie a lancé, jeudi, un appel pressant aux banques de la place pour qu'elles s'impliquent davantage dans le financement de l'économie, supporté jusque-là par le Trésor public, dont les capacités s'amenuisent avec la chute continue des prix de pétrole.
Mohamed Laksaci, gouverneur de la BA, a dévoilé les grands axes d'un nouveau schéma de financement de la croissance économique, adossé essentiellement à la promotion des crédits de qualité à l'économie. Il a expliqué que cette nouvelle orientation avait été rendue impérative par le besoin de parer à la contraction de la capacité de financement du Trésor public, due à la baisse des prix de pétrole. Désormais, les banques seront sollicitées pour augmenter l'octroi des crédits destinés au secteur productif, notamment des PME qui nécessitent des fonds prêtables plus conséquents. Le constat établi par le gouverneur fait ressortir la prédominance de l'autofinancement dans l'investissement en Algérie, en dépit de l'épargne dormante dans les banques qui devait servir à cet effet. Les chiffres fournis par M. Laksaci révèlent un niveau très élevé de l'autofinancement des investissements dans les secteurs hydrocarbures et hors hydrocarbures. Durant les neuf dernières années, 87% des investissements en Algérie ont été autofinancés, représentant essentiellement des investissements de l'Etat et du groupe Sonatrach. Les investissements hors hydrocarbures ont aussi été fortement autofinancés à hauteur de 59,7% durant la même période, alors que l'épargne des entreprises privées et des ménages, qui devait financer ces projets, s'est accrue sans que le secteur économique n'en profite, a observé le premier responsable de la BA. En particulier, les années 2010 et 2011 ont enregistré une forte croissance de l'autofinancement à des rythmes de 71,4% et de 24,1% respectivement, contribuant à la reprise significative des investissements dans les secteurs hors hydrocarbures, a-t-il relevé. Les besoins de financement de l'économie sont tellement importants qu'il est impératif, selon le gouverneur, de mobiliser l'épargne publique et même l'argent hors circuits bancaires afin de les satisfaire. Les banques sont invitées à ce titre à améliorer la collecte des ressources en rendant plus attractif les rendements sur les dépôts bancaires. Dans le même temps, et dans ce nouveau contexte marqué par un choc externe de nature durable, les banques sont également appelées à développer des produits financiers attractifs et à améliorer les services bancaires de base destinés à la clientèle ménages. Cette politique d'expansion des crédits doit s'accompagner cependant d'un respect strict des mesures prudentielles afin d'anticiper les risques sur ces financements bancaires, ce que le nouveau dispositif prudentiel mis en place en 2014 doit permettre. Dans le même sillage, la BA a annoncé qu'elle allait soumettre dès juillet prochain les banques de la place à des "stress test" en vue d'évaluer leur capacité de résilience en cas de crise. Malgré la contraction des ressources financières, la BA a écarté jeudi la levée de l'interdiction de l'endettement des entreprises algériennes à l'international, une mesure en vigueur depuis 2009. La mesure d'interdiction de l'endettement extérieur des entreprises, prise dans un contexte d'aisance financière, a été aussi motivée par le souci d'éviter un retour de l'endettement extérieur de l'Algérie. La banque centrale a relevé que le niveau historiquement bas de la dette extérieure (3,7 milliards de dollars à fin 2014) devrait contribuer à atténuer l'effet du choc externe en 2015.