Sur ordre du parquet de Tanger (Maroc), dix-neuf personnes d'origine subsaharienne, dont onze rescapés du naufrage du samedi 19 septembre au large de l'îlot Leila (Perjil), ont été reconduites le 20 septembre vers la bande frontalière avec l'Algérie. Les onze survivants, dont sept hommes et quatre femmes, originaires du Sénégal et du Niger, avaient été remis par la garde civile espagnole aux autorités marocaines qui les ont tous transférés à Tanger. La reconduite vers la frontière algérienne est intervenue la veille de la fête de l'Aïd El Fitr. C'est ce qu'a indiqué le Groupe antiraciste d'accompagnement et de défense des étrangers et migrants (Gadem) dans un communiqué parvenu hier à notre rédaction. « Aujourd'hui, les autorités marocaines ont abandonné les recherches d'autres survivants du naufrage, laissant cette responsabilité à la garde civile espagnole », ajoute le communiqué, où le Gadem « déplore le retrait des autorités marocaines dans les recherches de nouveaux survivants ». Aussi, il avise les autorités espagnoles du « non-respect des droits de ces naufragés dont les ambassades auraient dû être interpellées avant toute démarche auprès du Maroc ». Enfin, le Gadem dénonce autant l'illégalité de la procédure de reconduite à la frontière, que la célérité avec laquelle elle a été appliquée. « En refoulant illégalement les rescapés, les autorités se privent de témoins précieux pour connaître les faits et éventuellement de témoins pour identifier les passeurs à l'origine de l'affrètement du zodiac qui a chaviré. » Quant aux droits à la défense, ils ne semblent pas avoir été respectés. L'avocat dépêché sur place par le Gadem n'a pas pu avoir accès aux rescapés dimanche 20 septembre, car aucune permanence n'est mise en place et seul un policier était présent. L'avocat n'a d'ailleurs pas non plus pu avoir accès aux procès-verbaux des rescapés arrêtés et a été sommé de revenir mercredi 23 septembre à la fin des festivités marquant la fête de l'Aïd El Fitr. Entre temps, les survivants ont été acheminés vers la ville frontalière d'Oujda et refoulés. « Normalement, considère l'association, pour que la reconduite soit légale, il est nécessaire que les ambassades concernées soient informées, que le pays de retour accepte d'accueillir les personnes reconduites, que la décision de reconduite soit notifiée par l'administration aux personnes concernées qui disposent d'un délai de 48 heures pour interjeter un recours. » Aucune de ces procédures ne semble avoir été appliquée.