Le pétrole a poursuivi sa chute vendredi, une nouvelle tentative de rebond tournant court après l'annonce d'une augmentation du nombre de puits en activité aux Etats-Unis. Le cours du baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en septembre a perdu 31 cents à 48,14 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), concluant une troisième séance de baisse de suite. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre a reculé de 65 cents à 54,62 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE). La chute des cours s'est accélérée après que la société de services pétroliers Baker Hughes a annoncé dans l'après-midi une augmentation de 21 du nombre de puits de pétrole en activité. Les investisseurs espèrent que les exploitants de puits de pétrole vont finir par réduire leur production pour commencer à rééquilibrer un peu un marché qui croule sous une offre surabondante par rapport à la demande. Andy Lipow, chez Lipow Oil Associatess, a toutefois indiqué qu'il attendait encore de voir les statistiques mensuelles pour mai du ministère de l'Energie (DoE) en fin de semaine prochaine pour se faire une idée plus précise. On pourrait voir des signes d'un déclin de production au Texas et dans les autres régions de production de pétrole de schiste, a-t-il dit, relativisant l'importance du nombre de puits. Il y a clairement moins de puits (59% de moins qu'en octobre) mais quel est l'effet de cette réduction si les producteurs deviennent plus efficaces et forent plus à moindre coût' a-t-il souligné. En outre, les investisseurs se sont inquiétés d'un mauvais indicateur économique en Chine, qui fait craindre pour la demande. La production manufacturière chinoise s'est contractée en juillet, atteignant son niveau le plus bas depuis 15 mois, selon une étude indépendante qui confirme les difficultés de la deuxième économie mondiale à relancer son activité. Toujours du côté de la demande, mais en Europe cette fois, les investisseurs continuent à suivre de près le dossier de la dette grecque. De leur côté, les analystes de JPMorgan Markets ont rappelé que le fort repli des cours du WTI, qui a perdu quelque 21% en six semaines, et 2,75 dollars en une semaine, s'était appuyé sur la forte augmentation inattendue des stocks de brut aux Etats-Unis - alors même que les raffineries travaillent à une très forte cadence (95,5% d'utilisation) pour répondre à la robuste demande en essence d'Américains friands de voyages en voiture estivaux. Pour Bart Melek, chez TD Securities, les cours du pétrole sont sans doute partis pour se diriger vers les niveaux les plus bas de l'année, c'est à dire en ce qui concerne le WTI 43,46 dollars le baril, niveau de clôture du 17 mars. Je ne sais pas combien de temps ça prendra, a-t-il indiqué. Tant que la saison des déplacements automobiles estivaux bat son plein, les raffineries vont puiser dans les stocks (de brut), mais, une fois que cela ralentira, je crois que les gens vont commencer à réagir, ce qui pourrait arriver vers la fin de l'été, a-t-il dit. Hors des Etats-Unis, la problématique de la surabondance est renforcée par la perspective d'une levée des sanctions économiques visant l'Iran, à la suite de l'accord du 14 juillet sur son programme nucléaire. Dans les mois qui viennent le secteur s'attend à voir affluer bien plus de brut iranien sur le marché. Malgré tout M. Lipow n'a pas exclu que des phases de rebond des cours se produisent encore. Il peut y avoir de la chasse aux bonnes affaires, a-t-il dit, et puis il n'y a aucun doute que des événements au Moyen-Orient pourraient provoquer un rebond si on voit un regain de violence, a-t-il dit. En Asie, les cours du pétrole repartaient à la hausse en matinée sous l'effet d'achats à bon compte après plusieurs séances de repli mais le marché reste déprimé par la surabondance de brut, selon les courtiers. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en septembre, qui a décliné de 4% depuis le début de la semaine, s'appréciait de 32 cents à 48,77 dollars. Le Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre, en recul de près de 3% depuis lundi, prenait 17 cents, à 55,44 dollars. Le baril de WTI a déjà reflué de plus de 21% depuis le 10 juin, où il avait fini au plus haut à 61,43 dollars, et les opérateurs n'excluent pas qu'il puisse descendre à son plus bas niveau de l'année (43,46 dollars) enregistré en mars. Excédentaire et en hausse constante, l'offre mondiale de pétrole risque de gonfler davantage après l'accord entre Téhéran et les grandes puissances sur le contrôle du programme nucléaire iranien moyennant une levée progressive des sanctions internationales. L'Iran, qui dispose des quatrièmes réserves mondiales de pétrole et des premières réserves de gaz, "pourrait doubler ses exportations dans les deux mois", selon les autorités de la République islamique, a rappelé Tom Pugh chez Capital Economics. "L'Iran possède des quantités considérables de réserves de brut, à terre et en mer, susceptibles d'être vendues dès la levée des sanctions", a-t-il ajouté dans une note de marché, précisant que ces réserves s'élèvent à entre 10 et 40 millions de barils, en fonction des estimations. De son côté l'Arabie saoudite, chef de file de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), "ne devrait pas réduire sa production pour compenser" l'afflux de pétrole iranien, a-t-il prévenu. Ryad est le principal acteur de l'Opep, qui a maintenu en l'état son plafond de production début juin à 30 millions de bpj, après avoir déjà largement contribué à faire chuter les cours au second semestre 2014 en s'abstenant de réduire son offre. Jeudi, le baril de "light sweet crude" avait perdu 74 cents à 48,45 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le Brent avait reculé de 86 cents à 55,27 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE).