Les rebelles islamistes ont lancé samedi une contre-attaque pour reprendre le terrain perdu la veille au cours d'une offensive éclair du groupe Etat islamique (EI) vers Alep, la grande ville du nord de la Syrie. Au onzième jour de l'intervention russe, Washington et Moscou se sont déclarés prêts à reprendre des discussions sur la sûreté de l'espace aérien, afin d'éviter tout incident entre leurs avions dans le ciel syrien. Des groupes islamistes anti-EI, dont le puissant Ahrar al-Cham, ont repris dans la nuit le village de Tall Soussine et des combats se déroulaient pour le contrôle de Tall Qrah. Ces deux localités au nord d'Alep sont situées sur une route stratégique pour les rebelles car elle conduit vers la Turquie, l'un de leur principal allié. L'EI avait réussi vendredi à avancer en quelques heures jusqu'à une dizaine de kilomètres de la périphérie nord de la grande ville et à 3km de la zone industrielle de Cheikh Najjar, aux mains du régime. Les jihadistes du groupe ultra-radical ont profité des frappes russes qui ciblent en priorité la coalition regroupant le Front Al-Nosra, branche syrienne d'Al-Qaïda, et ses alliés islamistes. Des dizaines de jihadistes et de rebelles ont trouvé la mort au cours des combats, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Dans la même province, l'ONG a fait état de violents combats entre les forces du régime et l'EI autour de l'aéroport militaire de Kweires, assiégé par les jihadistes depuis mai. Les soldats et miliciens pro-régime attaquaient le groupe jihadiste dans plusieurs villages autour de cette base pour desserrer l'étau. Par ailleurs, un puissante explosion a détruit samedi dans la localité d'al-Bab, place forte de l'EI au nord d'Alep, un dépôt de munitions et une fabrique d'armes appartenant aux jihadistes. L'origine n'a pas encore été déterminée mais des avions survolaient la ville au moment de la déflagration, a précisé l'OSDH. L'aviation russe a mené, selon l'ONG, plusieurs frappes dans la nuit dans les provinces de Lattaquié, Hama et Idleb, où se trouvent des places fortes des rebelles islamistes alliés au Front Al-Nosra, alors que la présence de l'EI y est limitée. En outre, les frappes russes à Idleb ont détruit une base appartenant à la division 13 des rebelles qui avait reçu des armes américaines. D'autres raids ont visé le nord de la province de Lattaquié et le nord-ouest de la province centrale de Hama, également frappée par l'aviation syrienne, selon la télévision d'Etat. La télévision officielle a diffusé samedi un reportage sur la localité d'al-Bahsa, dans le nord-ouest de Hama, "dont l'armée a pris le contrôle et où les habitants ont commencé à rentrer après que l'armée l'a nettoyée des terroristes".
Eviter des incidents dans le ciel Des négociations pourraient se tenir ce week-end entre la Russie et les Etats-Unis pour garantir la sûreté des opérations militaires distinctes que mènent les deux pays dans l'espace aérien en Syrie, a affirmé vendredi le porte-parole du Pentagone Peter Cook. Washington et Moscou veulent éviter tout incident entre leurs avions qui sont susceptibles de se croiser au cours de leurs raids depuis que la Russie est entrée dans le conflit le 30 septembre. Les Etats-Unis sont eux à la tête d'une coalition antijihadistes qui comprend plusieurs pays occidentaux comme le Royaume-Uni et la France, et qui mène des bombardements en Syrie depuis septembre 2014. Au lendemain des premières frappes russes, de hauts responsables civils et militaires américains s'étaient entretenus par vidéo-conférence avec leurs homologues russes. Ils avaient évoqué des questions comme les fréquences radio qu'utiliseraient les avions pour communiquer "en cas de détresse", ou encore de la langue à utiliser pendant des échanges d'appareil à appareil. Le Pentagone avait ensuite critiqué Moscou, affirmant que la Russie ne répondait pas assez rapidement aux propositions formulées par Washington à la suite de ces premiers échanges.
La France continue ses frappes en Syrie Les frappes françaises en Syrie se poursuivent. Ce vendredi, des rafales ont de nouveau frappé la Syrie. L'ancien ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner est venu évoquer le sujet. "Le problème est politique. Est-ce que nous soutenons Mr Bachar Al Assad ou est-ce que nous ne le soutenons pas ? Je crois que Bachar Al Assad est dans le jeu. Singulièrement parce que les Russes viennent d'intervenir en sa faveur de façon massive", explique Bernard Kouchner.
Problème d'échelle Si la France et la Russie ont effectué des frappes aériennes, la différence est palpable. La nuit dernière, l'armée russe a fait 22 raids sur 27 sites, les frappes françaises, elles sont au nombre de deux en quinze jours. "Bien sûr qu'il y a un problème d'échelle, mais nous prétendons surtout faire que la négociation s'engage et que nous y participions. Notre poids, c'est à dire, dire que le plus grand bourreau du peuple syrien c'est le président Bachar Al Assad ne veut pas dire qu'il n'y aura pas de négociations, mais nous devons peser pour que ce soit plus équilibré et qu'un jour il y ait des élections ou une démocratie", commente Bernard Kouchner.