Le 2e sommet Afrique-Union européenne a clos ses travaux, hier, à Lisbonne, par l'adoption d'une déclaration de partenariat stratégique et d'un plan d'action pour les trois années à venir. Les chefs d'Etat et de gouvernement africains et européens ont convenu, également, de la mise en place d'un mécanisme d'examen, de suivi et d'évaluation qui sera composé de deux troïkas, africaine et européenne. La stratégie commune euro-africaine donnera aux deux partenaires la possibilité de travailler de plus en plus étroitement à la résolution des problèmes liés au développement et à l'intégration. L'Afrique et l'UE ont convenu, à l'issue de ce sommet, d'établir un partenariat stratégique leur permettant d'affronter ensemble les défis auxquels elles sont exposées, plus particulièrement ceux liés au développement, à l'énergie, aux changements climatiques, au commerce, à la paix et la sécurité, à l'immigration, à la gouvernance et aux droits de l'Homme. Cette nouvelle ambition d'établir un partenariat d'égal à égal entre des pays de l'Union européenne et leurs anciennes colonies n'a pas éclipsé les nombreux sujets de divergence entre les deux continents, notamment les négociations d'accords commerciaux ou encore le passif colonial. Cependant, Louis Michel, commissaire européen chargé du développement et de l'aide humanitaire, reste persuadé que cette nouvelle relation entre l'Europe et l'Afrique est toujours bénéfique pour les Africains. Le continent africain devient totalement décomplexé car, selon lui "il a les moyens, le cadre et l'adhésion planétaire pour être complètement libéré du poids de l'histoire". Louis Michel, qui s'exprimait en marge su sommet Afrique-Union européenne (UE), a déclaré que "l'Europe ne cherche nullement à dominer l'Afrique, ni à être son partenaire unique. Nous voulons seulement aider l'Afrique et être aidés par elle aussi, et c'est de cette façon qu'on pourra améliorer la qualité de nos relations". "Je suis intimement convaincu que ce sommet constitue un moment historique d'abord pour l'Afrique, et pour l'Europe aussi qui se trouve, aujourd'hui, devant sa propre responsabilité de devenir un partenaire à part entière de l'Afrique", a-t-il ajouté. Pour toutes ces raisons et bien d'autres, il a plaidé pour que l'Europe aide l'Afrique à être représentée, "de manière plus décente" au sein des institutions internationales, pour pallier "l'inégalité" qui existe dans les grandes enceintes mondiales, plus particulièrement les Nations unies et les institutions de Breton Woods. Par ailleurs, l'ancien président Ahmed Benbella fera partie du Comité des sages de l'Union africaine (UA) qui sera installé officiellement le 18 décembre à Addis Abeba (Ethiopie), a-t-on appris en marge du sommet UE-Afrique à Lisbonne. Ce comité sera composé de cinq membres, dont l'ancien secrétaire général de l'OUA, Salim Ahmed Salim, qui sera chargé de la prévention et de la médiation des conflits en Afrique, sous l'autorité du Conseil de paix et de sécurité de l'UA. L'institution de ce comité s'inscrit dans le cadre de l'engagement de l'Union africaine à prendre en charge elle-même la résolution de ses conflits, avec l'aide logistique et financière de l'UE. Lors du sommet euro-africain, rappelle-t-on, il a échu au président Bouteflika d'intervenir sur l'un des principaux thèmes de ce sommet, la paix et la sécurité en Afrique, eu égard au rôle de leader joué par l'Algérie dans ce domaine durant les deux années de préparation de ce sommet. Le chef de l'Etat s'est félicité de l'instauration de ce comité qui s'inscrit dans "le parachèvement de l'édifice institutionnel africain en matière de paix et de sécurité". L'Afrique, a-t-il déclaré, a montré "sa détermination à prendre en charge directement, et par ses propres moyens, le règlement des conflits dans le continent, tout en s'appuyant sur l'aide que peuvent lui fournir dans ce domaine ses partenaires, en particulier européens". L'action de l'Union africaine et son rôle stabilisateur dans la prise en charge des crises et des conflits dans le continent "sont maintenant reconnus et encouragés par la communauté internationale", a-t-il relevé. "Nous sommes ainsi parvenus à dégager une approche partagée visant à appréhender de façon globale les questions de la paix et de la sécurité et à les inscrire dans un cadre fondé sur le dialogue, la concertation et la solidarité", a-t-il soutenu. Toutefois, Africains et Européens ont convenu d'organiser leur prochain sommet, en 2010, en Afrique. R. Tiar