Les cours du pétrole ont baissé vendredi, pâtissant d'un relatif apaisement entre Moscou et Ankara, dans une ambiance de plus en plus fébrile à une semaine d'une réunion de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Le cours du baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en janvier a perdu 1,27 dollar à 41,71 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), à l'issue d'une séance raccourcie au lendemain d'un jour férié pour Thanksgiving. A Londres, vers 18H50 GMT, le prix du contrat pour janvier du baril de Brent, référence européenne du brut, perdait 58 cents à 44,88 dollars. On dirait que l'offre de pétrole ne va pas souffrir du fait que les forces turques ont abattu un avion russe, donc le marché se retrouve sous pression, a résumé Andy Lipow, de Lipow Oil Associates. La Turquie, accusée par la Russie d'avoir dépassé les limites en abattant mardi l'un de ses bombardiers près de la frontière syrienne, cherche à renouer les contacts pour apaiser les tensions, ce qui relativise les craintes d'un embrasement du conflit même si Moscou a durci le ton en rétablissant l'obligation de visas pour les Turcs. L'incident a un temps fait craindre une dégradation de l'approvisionnement d'or noir car le pétrole en provenance de Russie transite notamment par le détroit turc du Bosphore avant d'atteindre la Méditerranée. Pendant un jour ou deux, les prix avaient réagi en hausse, mais ils sont en train d'inverser leur course, d'autant qu'il n'y a pas de pétrole directement en jeu sur le terrain, a expliqué James Williams, de WTRG Economics. Il soulignait que le marché pétrolier américain, fermé la veille pour Thanksgiving, a plus nettement baissé pour rattraper un déclin déjà observé jeudi par le cours du Brent, référence européenne du brut.
Trop bonne météo Désormais, le marché est manifestement en train de se préparer à la réunion de l'Opep la semaine prochaine, a estimé M. Lipow. Le cartel, qui tiendra sa réunion ministérielle semestrielle le 4 décembre, contribue à la déprime du marché en s'abstenant d'abaisser ses quotas, fixés à un maximum théorique de 30 millions de barils par jour (mbj), et en les dépassant nettement dans les faits. On sent non seulement que l'Opep ne va rien changer à sa production mais aussi que l'Iran va rejoindre le marché en janvier avec des quantités conséquentes de pétrole, à la suite de l'accord trouvé en juillet avec les grandes puissances sur son programme nucléaire, a expliqué M. Lipow. Le marché va réagir de façon assez instable chaque fois que des propos vont venir de l'Opep, a renchéri M. Williams. Pour le moment, l'Arabie saoudite, chef de file du cartel, dit de façon moins affirmative qu'elle va garder sa politique actuelle (de production élevée)... Mais je ne pense pas qu'elle va en changer, a-t-il conclu. Beaucoup d'observateurs estiment que le bas niveau des prix, qui ont plongé en 2014 et ont échoué à rebondir cette année, est surtout dû à l'offre élevée à travers le monde, que ce soit des Etats-Unis, de la Russie ou de l'Opep. Sur un autre plan, la météo n'aide pas actuellement: les températures prévues pour les prochains jours sont plus douces que de saison, ce qui devrait se traduire par de nouvelles hausses des réserves du fait d'une demande de fioul de chauffage basse, que ce soit en Europe ou aux Etats-Unis, ont prévenu les experts de Commerzbank. En Asie, le pétrole restait sous le seuil de 43 dollars dans un marché tournant au ralenti à cause de la fête de Thanksgiving aux Etats-Unis, toujours plombé par l'excès d'offre. Le cours du baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en janvier reculait de 52 cents à 42,52 dollars dans les échanges électroniques en Asie. Vers 03H15 GMT, le baril de Brent, la référence européenne du brut, également pour livraison en janvier, gagnait un cent à 45,24 dollars, dans un marché volatil qui l'a vu zigzaguer entre territoires positif et négatif.