Plus de quatre ans après son déclenchement, l'échec de la guerre américaine en Irak est patent sur les plans politique et militaire, mais aussi dans le domaine de la reconstruction. Des dizaines de milliards de dollars investis ont été gaspillés, voire détournés par des compagnies pétrolières comme Halliburton. L'échec de cette reconstruction est l'une des causes sous-estimée du fiasco américain en Irak. Lorsque les Etats-Unis ont renversé le régime de Saddam Hussein au printemps 2003, certains Irakiens se sont montrés reconnaissants et optimistes, tout en espérant que l'occupation serait de courte durée, et que Washington allait leur permettre rapidement de gérer leurs propres affaires. Mais les pires scénarios ont prévalu. L'occupation s'est prolongée, et la reconstruction du pays a échoué. Les premiers efforts ont été effectués par le biais du Fonds de développement pour l'Irak (Development Fund for Iraq), financé par les exportations pétrolières et par le reliquat du programme "Pétrole contre nourriture". Ce fonds était, au départ, contrôlé par les autorités d'occupation, lesquelles ont utilisé l'argent irakien pour signer de lucratifs contrats avec des entreprises américaines (et quelques sociétés des pays alliés).Durant les quatorze mois de l'occupation officielle, avant le transfert du pouvoir à un gouvernement irakien, 21 milliards de dollars ont transité par ce fonds, dont 18 ont été effectivement dépensés. Le témoignage de Stuart W. Bowen Jr, directeur du bureau de l'Inspecteur général pour la reconstruction de l'Irak, devant le Congrès, montre que des échecs désastreux ont, à maintes reprises, empêché les efforts de reconstruction d'aller à leur terme. Selon un rapport présenté au Congrès, le mardi 30 octobre 2007, par des inspecteurs fédéraux (bureau de l'Inspecteur général pour la reconstruction de l'Irak), plus de cent milliards de dollars ont été consacrés à la reconstruction de l'Irak grâce, d'une part, à des fonds provenant des impôts payés par les Américains et, d'autre part, aux revenus du pétrole irakien. Mais, après cinq ans de guerre, les résultats restent en deçà des buts fixés. Cependant, le débat qui met en exergue les sommes dépensées, occulte celles engrangées par les Américains. Selon les données d'un député du Parlement irakien, en quatre années d'occupation, les Américains ont emporté pour 125 milliards de dollars de pétrole sans aucun compte ni contrôle du gouvernement irakien. Le pactole déjà empoché par les Américains, plus précisément les compagnies pétrolières américaines, ne semble pas rassasier ces dernières. En effet, sous leur impulsion et celle de l'administration Bush, une nouvelle loi sur les stocks pétroliers irakiens est sur la table du Parlement. Cette loi, si elle venait à être adoptée, permettra aux conglomérats pétroliers américains de passer des contrats irraisonnablement généreux au détriment de l'intérêt de l'Irak. Cette nouvelle, loi qui peine à être adoptée, a, toutefois, déjà commencé à faire parler d'elle. En effet, le ministre du Pétrole irakien, Hussein Al-Shabristani, a expliqué, en août dernier, que la future loi prévoirait, dès son vote par le Parlement, que la compagnie nationale, Iraq National Oil Co. (Inoc), prenne le contrôle des 27 principaux champs pétroliers en exploitation. Inoc déciderait ensuite, au cas par cas, s'il convient d'inviter des compagnies étrangères pour les opérer. Le ministre a estimé qu'Inoc pourrait vraisemblablement se passer de l'expertise et des investissements étrangers, non américains bien sûr. Mieux encore, cette loi, bien avant son entrée en vigueur, a servi de base pour l'annulation de contrats passés par les Irakiens. Si pour le cas de la région du kurdistan irakien, l'annulation a touché des contrats récemment conclus, d'autres plus anciens semblent être touchés par cette décision. Dans ce contexte, l'on citera celui conclu par la compagnie russe Lukoil portant sur la mise en valeur du gisement pétrolier géant de West Qurna 2. L'accord sur la mise en valeur de ce gisement aux conditions de partage de la production avait été signé en mars 1997 entre le ministère irakien du Pétrole et du Gaz, la compagnie Lukoil, la centrale russe Zaroubejneft et l'entreprise russe Machinoexport pour une durée de 23 ans et pouvait être reconduit pour cinq ans. Lukoil conteste cette décision prise conformément à une loi sur le pétrole, non encore adoptée. Longtemps bannies du pays de Saddam Hussein, les compagnies pétrolières américaines se frottent déjà les mains. Avec les 112 milliards de barils de pétrole de réserve que contiennent les sous-sols du pays, l'Irak se place au 2e rang mondial, juste derrière l'Arabie Saoudite. L'annulation programmée de tous les contrats ultérieurs à cette hypothétique loi ouvrira grand les portes aux conglomérats pétroliers américains pour concrétiser leur rapine sur le pétrole irakien.