Malgré les tentatives de l'Occident de l'isoler, la Russie continue de défendre ses intérêts en toute confiance, selon un diplomate indien. L'implication de la Russie dans le dossier syrien montre que Vladimir Poutine ne considère pas que sa marge de manœuvre politique ait été réduite suite à la confrontation avec l'Occident autour de la Crimée, écrit l'ancien ambassadeur d'Inde en Russie, Kanwal Sibal, dans un article dans le Daily Mail. "Les Etats-Unis ont tenté d'isoler politiquement la Russie et de la forcer à essuyer des pertes économiques en lui imposant des sanctions. Mais au lieu de prendre une position défensive, la Russie défend ses intérêts en toute confiance", a-t-il souligné "Washington espérait que la chute des cours du pétrole, les sanctions antirusses de la part de l'Occident et l'essoufflement de la croissance entraîneraient la marginalisation ultérieure de la Russie dans les affaires internationales, mais Poutine a prouvé que ces calculs étaient erronés", affirme Kanwal Sibal. Selon lui, en intervenant en Syrie, la Russie montre qu'elle plus qu'une puissance régionale. Poutine a également montré la puissance militaire de son pays, comme une sorte de signal d'avertissement indiquant à l'Occident qu'il ne devrait pas franchir la ligne rouge dans les relations avec la Russie. En donnant à voir ses technologies de pointe et la précision de ses bombardements, le Kremlin a affiché devant l'Occident les capacités de Moscou, estime le diplomate. L'intervention russe en Syrie a modifié la donne géopolitique en sa faveur. Cependant, bien qu'une détérioration de la situation ait été conjurée, il reste de nombreux obstacles sur la voie de la normalisation, selon lui. L'Europe n'a pas de raisons de considérer la Russie comme une ennemie. Invité d'Europe 1 à l'occasion de la sortie de son livre "L'aveuglement - une autre histoire de notre monde", l'historien français Marc Ferro, a déclaré que l'Occident n'avait pas le droit de reprocher à Vladimir Poutine "l'annexion de la Crimée", qui n'avait jamais appartenu initialement à l'Ukraine. La Crimée lui a été offerte pour occulter qu'une bonne partie des Ukrainiens, surtout ceux de l'Ouest, étaient favorables aux nazis. D'autant plus qu'ayant élargi l'Otan à l'Est jusqu'à la frontière de la Russie, l'Occident a manqué à sa parole. Dans son entretien à Europe 1, Marc Ferro a défendu la position de Moscou eu égard à la Crimée. Selon lui, c'était au fond un acte justifié, même si on peut reprocher à Poutine la façon dont la péninsule a été rattachée à la Russie. Crimée: "Cette terre est russe, et ce n'est pas une approche historique "Avons-nous le droit de le juger, étant donné que les trois quarts de la population en Crimée sont des Russes et que la Crimée est devenue ukrainienne parce que Khrouchtchev avait diligenté l'affaire après la guerre? A ces interrogations faites à lui-même, l'historien répond que pendant la Seconde Guerre mondiale, de nombreux Ukrainiens avaient collaboré avec les nazis, ont tué nombre de juifs, et pour dissimuler ce fait les autorités soviétiques ont décidé de récompenser les autres Ukrainiens, ceux qui n'avaient pas collaboré avec les Allemands, pour leur héroïsme, en leur offrant la Crimée et des terres à l'est de l'Ukraine qui ne lui avaient jamais appartenu. Cependant, la Russie ne représente aucune menace pour l'Occident. Selon l'historien, l'Europe est aveugle parce qu'elle ne voit pas qui est son véritable ennemi. "Notre ennemi, en ce moment, ce sont ceux qui tuent nos soldats au Mali, en Syrie. Ce sont ceux qui font des attentats en France. Ce ne sont pas les Russes", estime Marc Ferro.