La Première ministre polonaise Beate Szydlo a appelé avec force l'UE à respecter la souveraineté de la Pologne dans le débat sur la situation de l'Etat de droit dans son pays, passée en revue au Parlement européen mardi à Strasbourg. Pour nous tous, ce qui est important, c'est que nous puissions sentir le soutien de la part de l'Union européenne que dans les décisions qui concernent les affaires intérieures de notre pays, nous ayons la garantie que notre souveraineté sera respectée, a plaidé Mme Szydlo qui s'exprimait pour la première fois devant les eurodéputés. Les parlementaires avaient réclamé ce débat dès décembre après l'annonce de modifications dans les lois sur le tribunal constitutionnel et les médias publics par le nouveau gouvernement dirigé par les conservateurs du parti Droit et Justice (PiS). L'ouverture par la Commission européenne début janvier de la procédure de sauvegarde de l'Etat de droit, une première depuis qu'elle a créée en mars 2014, a amplifié l'intérêt autour des échanges - animés mais courtois - à Strasbourg. Nous sommes au début de la procédure, a souligné le vice-président de la Commission européenne Frans Timmermans, chargé du dossier au sein de l'exécutif européen. Nous engagerons le dialogue fondé sur des preuves impartiales et de façon coopérative, a promis M. Timmermans, dans un discours d'introduction qui se voulait le plus objectif possible. De son côté, Beate Szydlo a affirmé que les mesures étaient prises par son gouvernement dans le respect de la Constitution, de la loi et des traités européens. Le tribunal constitutionnel fonctionne très bien en Pologne, il est en parfait état (...) Il y a quelques heures, il a rendu un arrêt, a répliqué Mme Szydlo à ceux qui arguent que les réformes avaient paralysé cette haute instance juridique.
Affaire intérieure La polémique induite par les changements intervenus, autour de la nomination des juges notamment, doit être réglée par un compromis politique en Pologne, c'est une affaire intérieure à la Pologne, a insisté le chef du gouvernement polonais. A l'issue du débat, Beate Szydlo, applaudie par le camp eurosceptique, a même ironisé sur les questions posées par les députés. Je m'attendais à ce que vous me posiez des questions très détaillées mais en fait je n'en ai pas reçu tant que ça (...) J'ai l'impression que finalement il n'y a pas de problèmes, a-t-elle conclu. Pour tenter de rassurer, elle a tout de même remercié le Parlement, se disant ouverte au débat, dans l'attente de l'avis des experts juridiques du Conseil de l'Europe, l'organe paneuropéen chargé de défendre l'Etat de droit et la démocratie, prévu pour mars. Une fois que nous l'aurons reçu, nous l'analyserons dans le détail, a promis Mme Szydlo. Une résolution des eurodéputés doit de son côté être votée à la session plénière de février. A l'entrée du bâtiment strasbourgeois du Parlement, une centaine de manifestants partisans du gouvernement, arrivés spécialement en autocar de Varsovie et de Cracovie, ont brandi des banderoles sur lesquelles on pouvait lire Regarde, UE : la démocratie polonaise se porte bien, La Pologne n'est pas votre affaire ou encore Soyez respectueux de notre démocratie. Des opposants s'étaient également déplacés à Strasbourg pour, à l'inverse, dénoncer les actes antidémocratiques d'un pouvoir aux tendances autoritaires.