Plusieurs eurodéputés sont revenus en cours de semaine à la charge pour demander au Parlement européen de Strasbourg de faire pression sur les «27» afin que les eaux territoriales sahraouies soient explicitement exclues du controversé Accord de pêche signé en 2008 entre l´Union européenne et le Maroc. Ces parlementaires ont insisté sur la nécessité pour la Commission européenne de «lier» dans leurs prochaines conversations avec Rabat sur le renouvellement de cet accord, qui parviendra à expiration en mars 2011 au «respect par les autorités marocaines du droit à l´autodétermination et des droits de l´homme» au Sahara occidental. La contrepartie européenne Les eurodéputés font observer que le «territoire sahraoui est occupé par le Maroc depuis 1975 qui se livre au pillage systématique des ressources de l´ancienne colonie espagnole comme les gisements de phosphate de Boucrâa, «sans jamais que celles-ci aient profité au peuple sahraoui». La complicité des gouvernements européens, espagnol entre autres, de même que celles des industries occidentales qui fabriquent des matières grasses avec les produits de pêche du Sahara occidental a souvent été mise en évidence dans les interventions des parlementaires à Strasbourg. En contrepartie de l´octroi par Rabat de licences de pêche le long de la côte sahraouie aux 119 chalutiers européens, dont 100 sont espagnols, le Maroc reçoit 36,1 millions d´euros, annuellement, de l´Union européenne, ont fait observer ces parlementaires dans le document qu´ils ont présenté au Parlement de Strasbourg dont les services juridiques avaient averti, en février dernier, que l´Accord de pêche UE-Maroc «violait la légalité internationale et les droits du peuple sahraoui à jouir de leurs richesses naturelles». Selon l´agence de presse Efe, le gouvernement marocain a qualifié, vendredi dernier, d´«extravagante» la démarche des eurodéputés parmi lesquels figure un grand nombre d´espagnols dont le député Raúl Romeva (Initiative pour la Catalogne-Verts) qui a averti Bruxelles que l´Accord de pêche en question est «illégal parce que le Maroc n´a aucun titre juridique pour exercer sa souveraineté sur un territoire classé non autonome dans le fichier des Nations unies». Intervention de Ahmed Boukhari à l´ONU De nombreuses interventions sont attendues au niveau de la réunion en cours de la IVe Commission de l´ONU sur ce dossier comme sur le principe de l´occupation militaire du territoire sahraoui où les violations des droits de l´homme sont quotidiennes et s´appliquent même aux observateurs internationaux. Vendredi, M. Ahmed Boukhari, représentant du Front Polisario à New York, avait dénonc» le refus de Rabat de discuter d´une solution au conflit du Sahara occidental autrement qu´à travers son plan d´autonomie qui est ignoré aujourd´hui y compris par ses propres inspirateurs dont le gouvernement Zapatero. «L´attitude de Rabat a mis les Nations unies et les pays amis dans une situation embarrassante», a-t-il fait observer. M. Boukhari a invité à cette occasion le Conseil de sécurité de l´ONU à «prendre ses responsabilités en vue de conduire le Sahara occidental à la décolonisation et établir un mécanisme de protection et de surveillance des droits de l´homme dans le territoire sahraoui occupation militaire marocaine». Les correspondants de presse sur place s´attendent à un véritable feu croisé contre le Maroc par les nombreux intervenants, spécialement des organisations humanitaires et civiles qui se sont inscrites dans le débat en cours au sein du Comité de décolonisation des Nations unies.