La croissance de l'activité privée a ralenti brutalement dans la zone euro en janvier, selon une première estimation de l'indice PMI publiée par le cabinet Markit. Le PMI composite dans l'ensemble de la région s'est établi à 53,5 en janvier --soit le plus bas niveau depuis 11 mois--, contre 54,3 en décembre. Lorsque le PMI est supérieur à 50 points, cela signifie que l'activité progresse, tandis qu'elle se replie s'il est inférieur à ce seuil. Ces chiffres "sont plus faibles que ce que l'on attendait et accroissent les inquiétudes que les incertitudes sur l'économie mondiale et les turbulences sur les marchés financiers puissent plomber la fragile reprise dans la zone euro", a commenté Howard Archer, analyste de IHS Global Insight. Même constat pour Capital Economics, qui tablait également sur un meilleur chiffre. "Nous suspectons que se profile une poursuite du ralentissement", note Jack Allen, analyste de Capital Economics. "Si le ralentissement de la croissance observé en janvier dans le secteur privé de la zone euro s'avère décevant, il n'a toutefois rien de surprenant compte tenu du climat d'incertitude généré par la volatilité des marchés financiers depuis le début de cette année", a estimé Chris Williamson, chef économiste du cabinet Markit. Il a cependant relativisé ces résultats. "D'après les données de l'enquête de janvier, le taux de croissance trimestriel du Produit Intérieur Brut (PIB) se maintient à 0,3-0,4 % en ce début d'année, et les perspectives d'activité s'améliorent en janvier, ce regain d'optimisme faisant écho à la plus forte expansion depuis le printemps 2011 du volume du travail en attente", a-t-il remarqué. Et d'ajouter: "Cet accroissement de la charge de travail ayant incité les entreprises à créer de nouveaux postes, la croissance de l'emploi s'est maintenue en début d'année". "En outre, la diminution des prix facturés - elle-même liée à la baisse de 15 % du prix du pétrole par rapport au mois dernier - permettra de stimuler les ventes, d'autant que la réduction des frais de carburant devrait permettre aux ménages de consacrer une partie de leurs revenus à l'acquisition d'autres biens ou services", a-t-il poursuivi. Par pays, le cabinet Markit a relevé que les dernières données de l'enquête mettent en évidence la plus faible expansion de l'économie allemande depuis 3 mois en janvier. La première économie de la zone euro continue toutefois de mener la croissance dans l'ensemble de la région. En outre, le marché du travail allemand reste particulièrement dynamique. Le taux de création d'emplois, bien qu'inférieur à décembre, affiche en effet son deuxième plus haut niveau depuis 7 ans. En France en revanche, la croissance de l'activité reste modeste, le taux d'expansion ne se redressant que légèrement par rapport à la quasi-stagnation observée le mois dernier.
Risque d'inflation négative L'inflation en zone euro ne redécollera pas cette année, sur fond de cours du pétrole en berne, mais la reprise économique et l'action de la BCE vont la faire repartir l'an prochain, selon un sondage auprès d'experts publié vendredi. Tous les trimestres la BCE interroge ces spécialistes - analystes et économistes - et compile leurs prévisions d'inflation. De la dernière édition de cette enquête il ressort une prévision d'inflation moyenne pour cette année de 0,7%, puis 1,4% en 2017 et 1,6% en 2018, se rapprochant de l'objectif de la BCE (un peu moins de 2%). Le précédent sondage prévoyait une hausse des prix de 1% cette année et 1,5% l'année prochaine mais la chute du cours du pétrole empêche l'inflation de repartir en zone euro, et cela risque d'être le cas pendant encore de longs mois, a concédé jeudi le président de la BCE Mario Draghi. "Néanmoins la plupart des sondés continuent à anticiper un fort rebond de l'inflation (...) porté par l'expansion de l'activité économique et soutenu par la politique monétaire", selon le rapport. La faiblesse de l'euro, qui se traduit par un renforcement par rapport à la monnaie européenne des autres devises et un renchérissement des produits et services importés d'autres régions, y contribuera aussi en exerçant "une pression à la hausse" sur les prix. Les résultats du sondage trimestriel sont en général une bonne indication des prévisions à venir des propres services de la BCE. La prochaine actualisation de celles-ci est attendue en mars. Officiellement, la BCE attend cette année encore 1% d'inflation. Jeudi M. Draghi a redit la détermination de la BCE à faire repartir l'inflation et assuré que l'institution "ne capitulait pas" dans son combat. Il a fait miroiter de nouvelles mesures de politique monétaire, qui pourraient être annoncées dès mars.