Le taux de chômage de la zone euro s'est établi à 11,7% de la population active en décembre, comme le mois précédent où le chiffre a été révisé légèrement à la baisse, selon les données publiées par l'office européen de statistiques Eurostat. Dans la zone euro, 18,71 millions de personnes étaient au chômage en décembre, un chiffre "quasiment stable" par rapport à novembre, souligne Eurostat dans un communiqué. Mais en un an, la situation s'est considérablement aggravée avec 1,796 million de personnes qui sont venues grossir les rangs des sans-emploi au sein de l'Union monétaire. La situation est particulièrement critique en Espagne et en Grèce, deux pays lourdement frappés par la crise, où le chômage touche plus d'un actif sur quatre. Le taux de chômage s'est établi à 26,1% en décembre en Espagne. En Grèce, où les dernières données disponibles datent du mois d'octobre, il s'est élevé à 26,8%. Conséquence de la crise, la situation s'est fortement dégradée en un an dans les pays les plus fragiles, ceux de la périphérie: le taux de chômage a bondi de 19,7% à 26,8% en Grèce en douze mois, de 9,7% à 14,7% à Chypre et de 23,2% à 26,1% en Espagne. En revanche, les taux de chômage les plus bas ont été enregistrés en décembre en Autriche (4,3%), en Allemagne et au Luxembourg (5,3% chacun) et aux Pays-Bas (5,8%). Dans l'ensemble de l'Union européenne, le taux de chômage s'est établi à 10,7% en décembre, stable par rapport au mois précédent. Au total, 25,92 millions de personnes étaient au chômage dans l'UE à la fin de l'année 2012. En comparaison, le taux de chômage était de 7,8% en décembre aux Etats-Unis et s'est établi à 4,1% au Japon, où les dernières données disponibles datent de novembre. L'inflation reflue à 2% mais le chômage stagne à des niveaux élevés L'inflation a considérablement ralenti en zone euro, atteignant en janvier le seuil de 2% visé par la Banque centrale européenne (BCE) mais cette bonne nouvelle pour les consommateurs a été assombrie par les chiffres du chômage qui restent à des niveaux élevés. Le taux d'inflation annuel de la zone euro a été estimé à 2% en janvier, en baisse par rapport au mois de décembre, où il était de 2,2%, selon une première estimation de l'office européen des statistiques, Eurostat. Ce chiffre est le plus bas enregistré depuis novembre 2010 alors que la BCE a pour objectif de maintenir un taux d'inflation à un niveau proche mais inférieur à 2% à moyen terme. "Cela conforte l'idée que l'inflation n'est pas une menace dans un futur proche", estime Martin Van Vliet, de la banque ING. Eurostat détaille les principales composantes de l'inflation. Une fois encore, c'est l'énergie qui devrait connaître le taux annuel le plus élevé en janvier, à 3,9%, mais en net ralentissement par rapport à décembre (5,2%). Vient ensuite le poste "alimentation, boissons alcoolisées et tabac", à 3,2%, le même niveau qu'en décembre. Le taux devrait légèrement ralentir dans les services (1,7%, comparé à 1,8% en décembre) et dans les biens industriels hors énergie (0,8% contre 1% en décembre). Ce niveau d'inflation ne devrait pas inciter la BCE à relever sur ses taux d'intérêt. Prévisions pessimistes La BCE s'attend toujours à ce que l'économie de la zone euro "continue de faiblir" début 2013, avant "une reprise graduelle" plus tard dans l'année, a rappelé le 10 janvier le président de l'institut monétaire Mario Draghi En décembre, l'institution avait livré des prévisions pessimistes: elle s'attendait à un recul du produit intérieur brut (PIB) de la région de 0,3% cette année, contre une hausse de 0,5% pronostiquée trois mois auparavant. Outre les inquiétudes concernant la croissance, l'horizon reste sombre côté emploi, malgré des signes de stabilisation. Le secteur manufacturier se redresse plus que prévu en janvier L'activité du secteur manufacturier s'est redressée plus que prévu en janvier dans la zone euro, même si elle reste en zone de contraction, signe que la récession a ralenti en début d'année, selon le cabinet Markit. Le PMI manufacturier s'est inscrit à 47,9 points en janvier, à son plus haut niveau sur les onze derniers mois, selon une seconde estimation rendue public. L'indice était à 47,5 selon la première estimation faite par le cabinet et à 46,1 le mois précédent. L'activité se contracte quand l'indice est inférieur à 50 points et accélère quand il dépasse ce seuil. Ce chiffre permet "d'espérer une stabilisation de la conjoncture du secteur au cours des prochains mois après la période de récession observée sur la quasi-totalité de l'année 2012", affirme Chris Williamson, chef économiste chez Markit. "A moins qu'une dégradation de la crise de la dette dans la région ne vienne menacer cette évolution, l'enquête de janvier permet ainsi d'espérer une reprise de la croissance au cours de l'été 2013", poursuit-il. Selon l'économiste, "cette amélioration repose essentiellement sur les performances de l'industrie manufacturière allemande qui enregistre la plus forte expansion de la production de l'ensemble des pays couverts par l'enquête". Le PMI manufacturier allemand s'est établi à 49,8 points en janvier, à son plus haut niveau en onze mois. Dans une moindre mesure, l'activité du secteur manufacturier s'est également bien redressée en Italie (47,8, à un plus haut de 10 mois) et en Espagne (46,1, à un plus haut de 19 mois). En revanche, la France décroche: elle est le seul pays à enregistrer à la fois un PMI manufacturier en zone de contraction et en baisse par rapport à décembre. Le PMI manufacturier s'est établi à 42,9, à un plus bas en quatre mois. Mustapha S.