La croissance de l'activité privée a ralenti en mai dans la zone euro pour le deuxième mois consécutif, un léger essoufflement compensé par une hausse encourageante de l'emploi. L'indice PMI composite s'est inscrit à 53,4 contre 53,9 en avril, a indiqué le cabinet Markit, qui publie cet indicateur. En mars, il avait atteint un plus haut à 54,0. Lorsque le PMI est supérieur à 50 points, cela signifie que l'activité progresse, tandis qu'elle se replie s'il est inférieur à ce seuil. "Si, pour l'heure, ce ralentissement ne constitue pas une préoccupation majeure, il va sans nul doute provoquer quelques inquiétudes chez les dirigeants de la BCE qui attendent de savoir si le programme d'assouplissement quantitatif est la solution pour une reprise rapide et durable", note Chris Williamson, chef économiste de Markit, dans un communiqué. L'accélération de la croissance dans l'industrie manufacturière est freinée par un ralentissement dans le secteur des services, qui a atteint son plus bas niveau depuis janvier. Une situation qui "laisse entendre que la demande intérieure s'essouffle une nouvelle fois, peut-être due aux incertitudes liées au dossier grec", avance Jonathan Loynes de Capital Economics. L'enquête semble également indiquer que la croissance pourrait de nouveau ralentir en juin. Signe préoccupant, l'économie allemande a connu un coup de mou en mai avec un indice PMI à 52,8 (contre 54,1 le mois précédent), son plus bas niveau depuis décembre, et un indice ZEW --qui mesure la confiance des professionnels de la finance dans l'économie allemande-- en berne. "Dans l'ensemble, c'est un autre avertissement que l'économie de la zone euro devrait rester trop faible pour permettre aux pays périphériques (les plus faibles de la région, ndlr) de sortir de leur problème d'endettement", souligne l'économiste de Capital Economics. Dans le même temps, l'activité du secteur privé français a accéléré sa croissance avec un indice à 51 points, après 50,6 en avril, grâce au secteur des services. "D'après les derniers résultats de l'enquête, l'économie allemande devrait enregistrer une expansion de 0,4% au deuxième trimestre, tandis que la France devrait difficilement dépasser 0,3% de croissance. C'est en dehors du noyau franco-allemand que l'on observera probablement l'évolution la plus remarquable", ajoute Chris Williamson. Il prévoit pour l'ensemble de la zone euro une croissance de 0,4% au deuxième trimestre, ce qui "laisse présager une croissance d'environ 2% cette année, la meilleure performance de la région depuis 2010". "La performance économique du reste de la zone euro reste solide, avec un PMI moyen à 55,1 en mai", ont calculé les analystes de la banque ING, qui restent optimistes sur la reprise. "Malgré les hausses récentes, le pétrole et l'euro restent sensiblement moins cher qu'il y a un an. Alors que les vents contraires se sont éloignés, nous nous attendons toujours à ce que la zone euro soit en mesure d'atteindre 1,5% de croissance cette année", estime Teunis Brosens d'ING. Markit souligne aussi que le taux d'expansion reste suffisamment solide pour encourager les entreprises à renforcer leurs effectifs, le taux de création de postes atteignant son plus haut niveau en quatre ans. Autre point positif: "l'enquête devrait également apaiser les inquiétudes relatives à un risque de déflation", note Markit. Les prix moyens des achats affichent en effet leur plus forte inflation depuis avril 2012.