Principal ingrédient dans l'ordinaire familial, l'huile de table ne cesse de flamber, atteignant des coûts pour le moins inabordables pour de nombreux Algériens. Avec un bidon d'huile qui frôle les 700 DA, l'odeur de la spéculation se fait plus persistante, d'autant que les raffineurs jurent qu'ils ne sont nullement responsables de la situation. C'est en partie ce qui a été réitéré, hier, par M. Issaâd Rebrab, P-DG de Cevital, lors d'une conférence de presse organisée au siège de son groupe. "Ces augmentations ne sont pas le fait des producteurs, encore moins de Cevital" a affirmé M. Rebrab, ajoutant que les prix sont, en grande partie, tributaires des marchés internationaux. En effet, les prix des huiles brutes (matière première) sur le marché international ont flambé entre janvier et décembre 2007. Selon les chiffres données par le P-DG de Cevital, les prix FOB de l'huile de soja sont passés de 605,26 dollars à 1035 dollars la tonne, soit une augmentation de plus de 98%. Pour les huile de tournesol, ils sont passés de 625 dollars ) à 1300 dollars la tonne, soit une augmentation de plus de 100%. Cependant, Cevital qui a su faire de bons achats par anticipations n'a pas, selon son patron, répercuté toutes les augmentations du marché mondial. "Si on applique, aujourd'hui, les prix du marché mondial, l'huile coûtera plus chère", a souligné M. Rebrab. La différence serait de l'ordre de 15 DA le litre, soit 75 DA le bidon de 5 litres. Par ailleurs, le P-DG du groupe Cevital a indiqué que les stocks achetés par anticipation et qui ont permis au groupe de ne pas répercuter les augmentations du marché mondial sur le marché national, s'épuiseront d'ici janvier 2008, ce qui entraînera une augmentation des prix sur le marché national, si des mesures ne sont pas prises. Comme il a été expliqué par le conférencier, Cevital n'a aucun pouvoir sur les prix de détail et il appartient de ce fait aux différents intervenants, distributeurs et gouvernement d'intervenir, chacun en ce qui le concerne, pour alléger la pression sur le consommateur. M. Rebrab a suggéré, pour faire face à cette situation de crise, la suppression immédiate de la TVA sur les huiles alimentaires. Ce qui aurait, selon lui, comme effet immédiat de neutraliser en partie les augmentations. "Est-ce qu'on considère aujourd'hui que l'huile est un produit de luxe", s'est interrogé M. Rebrab. "Si l'Etat ne baisse pas la TVA, il va y avoir des augmentations", a-t-il conclu. Par ailleurs, la production de graines oléagineuses reste le meilleur moyen de rendre le pays indépendant des fluctuations du marché mondial. Pour ce faire Cevital espère concrétiser le projet d'une unité de trituration d'une capacité de 15 000 tonnes/jour pour laquelle le groupe a introduit en 2006 un dossier auprès des services du chef du gouvernement. Le projet attend toujours les autorisations nécessaires à sa mise en œuvre. Cette unité de trituration qui peut dégager 700 millions de dollars à l'exportation tout en assurant la couverture du marché national, permettra aux agriculteurs de se remettre à la culture des graines oléagineuses. "On a les moyens de notre politique, mais il faut libérer les initiatives", a affirmé M. Rebrab. Avec 5 producteurs sur le marché national, le marché, du point de vue capacité, est couvert à hauteur de 250%. Par ailleurs, les prix de Cevital sont, a ajouté M. Rebrab, inférieurs aux pris du marché mondial. De plus, les huiles produites par Cevital sont de très haute qualité, supérieur aux normes européennes. Ces produits sont déjà exportés avec des prix bien supérieurs à ceux pratiqués sur le marché intérieur. L'année prochaine, Cevital compte exporter plus. A cet effet, le groupe est en train d'installer des filiales en Libye et en Arabie Saoudite. Cependant, ces exportations ne se feront pas aux dépends du marché national, a tenu à signaler M. Rebrab.