Les prix de l'huile de table flambent. Les consommateurs algériens découvrent une augmentation des produits gras,dont la margarine, qui risque de se poursuivre durant toute l'année. Les opérateurs économiques, entre producteurs et importateurs d'huile, ont réajusté leurs prix. L'huile de table a connu une augmentation vertigineuse début janvier 2002 qui a surpris des consommateurs, ahuris par les marges pratiquées par les détaillants. Selon les opérateurs contactés, deux raisons essentielles expliquent cette augmentation. D'abord, le prix de la matière première, l'huile brute extraite du tournesol, a connu une variation en hausse de plusieurs dollars sur les marchés mondiaux. Le tournesol s'est raréfié à cause de la baisse de la production dans les deux pôles principaux que sont l'Argentine et les anciens pays de l'Est. La mauvaise météo et une récolte médiocre ont condamné les cours à flamber. Si on ajoute les perturbations économiques et politiques en Argentine, les cours de la matière première vont s'envoler. La seconde raison consiste en l'augmentation des taxes douanières de l'ordre de 5 à 15% dans la loi de finances 2002 et qui a contraint les producteurs à augmenter leurs prix. Cevital, qui a trusté l'essentiel du marché algérien des huiles, a ainsi augmenté ses prix, une première fois en novembre, faisant passer le bidon d'huile de table de 5 litres à 317 DA (augmentation de 10 DA), avant d'opérer une seconde augmentation qui a atteint près de 390 DA pour l'huile Fleurial. L'huile produite par l'Encg a connu une hausse de 20 à 30 dinars et avoisine les 350 DA le bidon de 5 litres. Mais la réévaluation des taxes fiscales sur l'huile de table ne peut expliquer à elle seule une augmentation aussi faramineuse pour le pouvoir d'achat des familles algériennes dont l'huile de table est un des ingrédients de base. Le manque de prévoyance dans l'approvisionnement des stocks en matières premières durant l'année 2001 a pénalisé les producteurs algériens. Acheté à un coût raisonnable en juin dernier, des entreprises telles que Cevital ou l'Encg sont obligées d'acquérir au prix coûtant de nouveaux stocks modulés selon des prix devenus prohibitifs, à l'inverse de nos voisins marocains et tunisiens qui ont acquis des stocks importants en suivant de près l'évolution des cours sur le marché mondial de la matière première. Si l'on ajoute le fait que l'huile est devenue un produit semi-indutriel, quittant la famille de l'agroalimentaire, le risque d'une augmentation est réel. La margarine va connaître une augmentation de 5 à 20% et l'huile de table va prendre 5% sur les quelques prochains mois ce qui va faire basculer le bidon de 5 litres au-delà des 400DA. Pour arrêter cette flambée, certains opérateurs ont pensé à substituer l'huile de tournesol par l'huile de soja dont le cours est moins coûteux. Mais c'est compter sans les habitudes alimentaires des Algériens qui négligent des huiles à l'arrière-goût prononcé. En tout cas, ces augmentations, qui ne pénalisent pas des producteurs qui maintiennent leurs marges de profits intacts, vont perturber le pouvoir d'achat des familles algériennes qui doivent compter jusqu'à 50 DA en moyenne de perte sur chaque bidon acheté.