Le ministre de l'Energie, Chakib Khelil, s'est rendu hier à Chypre, pour participer à la 5e conférence ministérielle euro-méditerranéenne sur l'énergie, a annoncé dimanche le ministère. M. Khelil doit prononcer, lors de cette conférence, une allocution sur le thème : "le futur marché maghrébin de l'électricité". Il est à noter dans ce contexte, que la précédente conférence, qui s'était tenue à Athènes en mai 2003, avait défini des actions prioritaires pour la période 2003-2006. Les participants avaient alors adopté la Déclaration d'Athènes sur la constitution d'un marché de l'électricité. La Commission européenne et les ministres algérien, tunisien et marocain de l'Energie avaient signé par la suite un protocole d'accord prévoyant de construire "au plus vite" un marché maghrébin de l'électricité et de l'intégrer progressivement au marché intérieur européen à partir de 2006. "Je crois que nous avançons très bien dans la réalisation de ce plan d'action. Une grande partie des infrastructures que nous avons développées (gazoducs, câbles électriques) et qui devaient relier l'Algérie aux autres pays euro-méditerranéens entre dans ce cadre", a déclaré récemment M. Khelil à la presse. "Aujourd'hui, nous avons déjà beaucoup avancé sur la voie de la création de ce marché", a-t-il assuré. L'objectif de ce plan est d'avoir à l'horizon 2010 une boucle électrique autour de la Méditerranée, selon des experts. Par ailleurs, la conférence, qui se tiendra dans la ville chypriote de Limassol, sera sanctionnée par une déclaration commune et un plan d'action de coopération euro-méditerranéenne dans le domaine de l'énergie. Il faut dire que l'intégration régionale en matière d'interconnexion électrique au niveau des pays maghrébins, est déjà une réalité. L'Algérie, qui alimente une partie des villages frontaliers à l'est comme à l'ouest en électricité, va passer du statut de détaillant à celui de grossiste dans le marché de l'électricité. Dès 2009, il ne s'agira plus d'échanges ponctuels, mais de l'émergence d'un véritable marché maghrébin de l'électricité. Pour témoignage, des dispositions techniques sont prises pour permettre à la ville marocaine de Tanger de bénéficier au plus tard début 2009, d'une "interconnexion" électrique avec la Tunisie, via l'Algérie. "Une interconnexion de 400 kV (kilovolts), reliant Tanger à la frontière algéro-tunisienne, verra le jour", a confirmé à ce propos Chouireb Lakhdar, représentant du Comité maghrébin de l'électricité (Comelec), en ajoutant que "l'objectif d'un Maghreb interconnecté est de dépasser le stade actuel des secours mutuels instantanés pour créer un véritable marché maghrébin et développer des accords commerciaux à plus long terme vers l'Europe". Pour Noureddine Bouterfa, P-DG du groupe Sonelgaz, bien au fait de la question pour avoir déjà signé plusieurs contrats avec l'Office national de l'électricité marocain (ONE), "il s'agit, en priorité, de renforcer les liaisons internes et intra-maghrébines au stade de la production et du transport de l'électricité". Pour l'instant cette interconnexion va se limiter au Maroc, à l'Algérie et à la Tunisie qui ont atteint un taux d'électrification de 98 % alors que la Libye, avec 99 % d'électrification, n'a pas encore confirmé son adhésion au marché maghrébin.