Daimler a promis cette semaine d'augmenter légèrement cette année ventes et bénéfices, un pronostic jugé décevant après une année 2015 record qui a vu le fabricant allemand des voitures et camions Mercedes-Benz faire des étincelles en Chine, son premier marché désormais. Il a suffi d'un mot dans l'énoncé des objectifs pour cette année - hausse "légère" du chiffre d'affaires et du résultat d'exploitation - pour mécontenter les investisseurs. Pourtant 2016 sera une autre année record pour le géant de l'automobile, a assuré son patron Dieter Zetsche. "Nous allons continuer à renforcer notre coeur de métier, croître à l'échelon mondial, dominer en matière de technologie et aller plus loin dans le numérique", a promis le patron en présentant à Stuttgart (sud-ouest) le bilan déjà très flatteur de l'année écoulée. Le groupe a dégagé en 2015 un bénéfice net de 8,9 milliards d'euros, légèrement supérieur aux attentes des analystes et en progression de 23% sur un an. Le chiffre d'affaires a enregistr é une hausse de 15%, à 149,5 milliards d'euros, tandis que le bénéfice d'exploitation (Ebit) a affiché un bond de 36%, à 13,8 milliards. Derrière ces succès, une hausse de 12% du nombre de véhicules vendus sur l'année, à 2,9 millions. Pour la première fois de son histoire Daimler, qui lutte avec acharnement avec ses compatriotes BMW et Audi (groupe Volkswagen) pour la place de numéro un du segment haut de gamme, a aussi surpassé son objectif de marge de 9% dans l'automobile, s'est félicité le directeur financier Bodo Uebber. Fort de ces résultats, le constructeur versera à ses 125.000 salariés allemands des primes allant jusqu'à 5.650 euros. Et les actionnaires se voient proposer un dividende record de 3,25 euros par titre, relevé de 80 centimes par rapport à 2014, et constituant là aussi un record. PARTS DE MARCHE EN CHINE Mais c'est tout de même sur la progression "légère" anticip ée cette année que s'est focalis ée l'attention jeudi. "En 2016 nous allons investir massivement, dans la numérisation, dans l'électrique", a justifié M. Uebber. Ces coûts, couplés à la transition du modèle classe E et aux risques sur certains marchés, expliquent la prévision, selon lui. Mais pour autant "je ne vois pas de tonalité prudente" dans les pronostics, s'est défendu M. Zetsche. "Après un record absolu nous pré- voyons une nouvelle progression", a-t-il rappelé. Le mois de janvier a été faste, avec une progression des ventes mondiales à deux chiffres, selon lui. Et en Chine, dorénavant le premier marché du groupe et un facteur essentiel de son succès en 2015, "nous attendons une année très positive, nous pensons que nous pouvons gagner de nouvelles parts de marché". Alors que les Bourses mondiales s'affolaient du ralentissement de la croissance dans l'Empire du Milieu, et que les concurrents BMW et Volkswagen l'ont senti passer dans leurs chiffres de ventes, Daimler y a vendu l'an dernier 41% de voitures de plus qu'en 2014. Les ventes seront à nouveau dynamiques cette année, notamment grâce aux modèles produits sur place, mais "le taux de croissance en Chine va être plus modéré" cette année, prévient le groupe. De manière générale, l'environnement économique mondial recèle "plus de risques que de chances", a reconnu M. Zetsche. Daimler table sur une hausse en volume du marché automobile de l'ordre de 3% à 4% cette année. Le groupe ne voit en tout cas pas d'effets du scandale des moteurs truqués qui a secoué son compatriote Volkswagen, ni au niveau de la demande mondiale, ni spécifiquement sur le diesel, a assuré M. Zetsche.