Le Premier ministre sortant Robert Fico a remporté samedi les élections législatives en Slovaquie avec 27,30% des voix, selon un sondage effectué à la sortie des urnes et publié par une télévision privée. Il a toutefois perdu la majorité absolue au Parlement. Son parti social-démocrate Smer-SD arrive en tête et ne devrait gagner que 45 sièges. Neuf partis au total risquent de franchir le seuil de 5% des suffrages et de se partager les 150 sièges du Parlement, selon ce sondage réalisé pour la télévision Markiza. La formation d'une coalition pourrait être compliquée. Selon le sondage, le Smer-SD est suivi par les libéraux de SaS avec 13,30% (22 sièges) et les conservateurs d'OLANO-NOVA avec 11,20%. Les nationalistes du SNS arrivent en quatrième position avec 8% (13 sièges. Ce parti devrait faire partie de la future coaltion de M. Fico, comme entre 2006 et 2010. Une alliance de Smer-SD avec SNS n'aurait donc que 58 sièges, loin de la majorité absolue et un troisième partenaire sera nécessaire, selon un analyste slovaque, Abel Ravasz. Toujours selon le sondage sorti des urnes, le parti proche de la minorité hongroise, Most-Hid a obtenu 7,30% des voix. L'extrême droite nationaliste LS-Nase Slovensko (Notre Slovaquie) de Marian Kotleba entre au parlement avec 6,8%, ainsi que les centristes de Siet (Réseau) de Radoslav Prochazka, avec 6,7%. Rejet des quotas de migrants Agé de 51 ans, M. Fico a axé sa campagne sur son refus d'accueillir des migrants en Slovaquie. Il n'est pas isolé en Europe de l'Est: le chef du parti au pouvoir en Pologne Jaroslaw Kaczynski, le Premier ministre hongrois Viktor Orban et le président tchèque Milos Zeman partagent ses vues. Bratislava a fait un recours en justice contre le système de quotas de migrants. M. Fico a taxé de "fiasco complet" cette proposition européenne. "Nous ne laisserons jamais entrer un seul musulman en Slovaquie, ni ne créerons aucune communauté musulmane ici, car ils représentent un sérieux risque pour la sécurité", a-t-il lancé lors d'un meeting de son parti social-démocrate, le Smer-SD, à Bratislava quelques jours avant le scrutin.
Pas ému par un risque de "Grexit" Jan Baranek, analyste pour le think-tank Polis Slovakia, relève que M. Fico "est allé jusqu'à modifier le mot d'ordre de son parti en 'Protégeons la Slovaquie', sous-entendu contre les migrants". Avec ses partenaires des pays voisins, le Premier ministre sortant s'est engagé à aider la Bulgarie et la Macédoine à sceller leurs frontières au cas où la Grèce ne parviendrait pas à stopper les migrants venant de Turquie. "Nous en sommes arrivés au point où (...) la Grèce pourrait être sacrifiée pour sauver Schengen", a-t-il averti. Son pays doit assurer la présidence tournante de l'UE à partir de juillet. Membre de la zone euro depuis 2009, la Slovaquie s'opposera à de nouvelles aides pour renflouer la Grèce: "C'est une ligne rouge pour nous", a-t-il dit, montrant par ailleurs qu'il n'était pas ému par le risque d'un "Grexit" (une sortie de la Grèce de l'UE).
Coalition avec l'extrême droite? Son parti occupait actuellement 83 sièges sur 150 au parlement, mais il aurait perdu la majorité selon ce premier sondage. Des problèmes sociaux liés à l'éducation et aux services de santé ont relégué au second plan sa rhétorique anti-migrants dans les derniers jours avant le vote. Selon les analystes, il pourrait donc être conduit à former une coalition avec le parti d'extrême droite SNS, comme il l'a fait déjà entre 2006 et 2010, ou chercher d'autres partenaires à droite ou au centre.
Solide croissance Dans le passé, le Premier ministre sortant avait pris de généreuses mesures sociales pour rétablir son image après sa défaite à la présidentielle contre le millionnaire-philanthrope Andrej Kiska en 2014. Cela sans faire gonfler la dette publique, qui tourne autour de 53% du produit intérieur brut, un des plus bas ratios dans l'UE. La solide croissance économique dans ce pays de 5,4 millions d'habitants, qui revendique la plus haute valeur de production automobile par tête d'habitant au monde, a atteint 3,5% en 2015. Elle devrait être de 3,2% et 3,3% dans les deux années à venir. Le chômage est à 10,4% en janvier, au plus bas depuis 10 ans.